Le spécialiste du textile connecté Cityzen Sciences a été placée début juillet en redressement judiciaire. Ses déboires avec son ancien partenaire et actionnaire Eolane et le retard de la commercialisation de son produit phare ont plombé son développement.

Grosse désillusion pour Cityzen Sciences, l'ancienne pépite du textile connecté. La startup a été placée en redressement judiciaire au début du mois de juillet, après avoir connu plusieurs mois difficiles. "Les charges se sont accumulées avec le retard de commercialisation du produit [le D-Shirt, un t-shirt connecté, NDLR], précise Jean-Luc Errant, fondateur de Cityzen Sciences. C'est le résultat de plusieurs années d'un partenariat qui ne s'est pas révélé efficace et nous a fait perdre deux ans en matière de commercialisation."

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En décembre, la startup avait en effet annoncé sa rupture avec Eolane, partenaire industriel historique mais aussi actionnaire, qui détenait jusqu'alors 45% du capital. "Cette scission était volontaire mais est intervenue après des mois de discussions qui n'ont pas abouties", regrette Jean-Luc Errant. Dans un article publié en décembre sur l'Usine Digitale, le fondateur estimait que "l'approche technologique proposée par Eolane n'était pas adaptée aux attentes du marché" et soulignait ne pas vouloir être dépendant du groupe.

Cityzen Sciences 2

Des ressources financières insuffisantes

Les difficultés avec Eolane ont aussi signé la fin du consortium que les deux entreprises avaient formé, avec le soutien de bpifrance, pour créer un géant du textile connecté. Les ambitions de Cityzen Sciences avaient d'ailleurs été mal interprétées : alors que Jean-Luc Errant avait estimé, quelques semaines après le tour de table de 100 millions d'euros de Sigfox qu'une somme équivalente serait nécessaire au consortium pour créer ce fameux géant, la presse a attribué ces velléités à la seule startup Cityzen Sciences, qui n'a pourtant jamais été en capacité de lever un tel montant. Cet imbroglio autour de cette levée imaginaire qui n'aurait pas pu être bouclée, combiné au partenariat bancal avec Eolane a considérablement affaibli les ressources financières de la startup.

Conséquences directes de l'échec de ce partenariat : la perspective d'une commercialisation du D-shirt s'est un peu plus éloignée et Cityzen Sciences a dû se repositionner sur le marché B2B, plus facilement accessible avec une production restreinte. Et le coup de communication de la startup, qui a réussi à envoyer son D-shirt dans l'espace sur les épaules de Thomas Pesquet, n'y aura pas suffi.

" Nous avons demandé à être placés en redressement judiciaire "

Jean-Luc Errant, fondateur

Les pistes de sortie de crise sont peu nombreuses pour Cityzen Sciences. Il lui faut trouver un nouveau partenaire industriel, ou à défaut financier, pour espérer repartir sur de bonnes bases et préserver les 22 salariés de la société. Certaines offres sont déjà sur la table, notamment de potentiels partenaires étrangers, mais ne sont "pas satisfaisantes" pour Jean-Luc Errant, qui souhaite à tout prix maintenir la startup et sa production en France. "Il faudrait développer le savoir-faire français", martèle l'entrepreneur. Mais celui-ci ne passera pas forcément par Cityzen Sciences.