Lorsqu’on parle de Viadeo, on pense avant tout à ce groupe français qui tente aujourd’hui de sortir la tête de l’eau après d’être pris de plein fouet l’arrivée de concurrents sur son marché. Pourtant, le premier réseau social professionnel français a connu ses heures de gloire. Un succès qu'il espère aujourd'hui retrouver, avec une nouvelle stratégie bien ficelée. 

Viadeo, c’est avant tout un ADN entrepreneurial forte, grâce à ses deux fondateurs Dan Serfaty et Thierry Lunati. En 2003, les deux hommes ambitionnent de rapprocher les acteurs de l’entrepreneuriat en créant le club Agregator. Pourtant, ils se rendent rapidement compte qu’il leur manque un espace dans lequel ils pourraient interagir facilement, et à plusieurs. C’est ainsi que Viaduc voit le jour, un réseau social d’abord dédié à leur club, qui sera ensuite rapidement ouvert aux professionnels, de tous secteurs et statuts.

Et Viaduc fonctionne. Très bien même. La société boucle un premier tour de table de 5 millions d’euros en juin 2006, avant de passer le cap du million de membres quelques mois plus tard. Avec un service disponible en six langues, Viaduc se rend compte qu’il est temps de passer un véritable cap, vers l’international. La startup change alors de nom et devient Viadeo en août 2007.

viadeo profil

Les premières années de Viadeo sont fructueuses, et les choses vont très vite : une seconde levée de fonds de cinq millions d’euros en août 2007, l'acquisition du réseau social Chinois Tianjin, puis d’ICTnet, d’Unik et d’ApnaCircle. Le groupe devient puissant et entretient une stratégie multi-locale en adaptant ses services aux particularités des régions dans lesquelles il est implanté.

Pourtant le groupe va subir l'arrivée de ses concurrents étrangers sur le marché, et en particulier celle de LinkedIn, qui lance sa version française en 2008 et ouvre un bureau parisien, 3 ans plus tard. Le groupe français doit alors partager le marché. Une chose qui ne l'inquiète pourtant pas puisqu'il continue à s'étendre à l'international. Au mois de décembre 2013, Viadeo emploie plus de 400 personnes réparties dans 5 villes : Paris, Pékin, Casablanca, Moscou et San Francisco. Il atteint les 9 millions de membres en France et les 60 millions dans le monde en mai 2014.

Malgré cela, tout ne va pas bien pour Viadeo. En 2014, et après avoir réduit ses effectifs français de 447 à 299 salariés sur un an, le groupe voit son chiffre d’affaires reculer de 3,8% avec une perte de 13,4 millions d’euros. Introduit en Bourse sur la place de Paris en juillet 2014, le cours de ses actions chute lui aussi, de 17,1 euros à 4 euros en janvier 2015.

viadeo

Le groupe, qui paie une stratégie internationale coûteuse et non rentable, annonce alors son départ de Chine en décembre 2015. S’il représente son premier marché avec 25 millions d'abonnés, le pays est également responsable d'importantes pertes financières pour le groupe. Un mois plus tard, son fondateur et dirigeant Dan Serfaty quitte la direction pour être remplacé par Renier Lemmens, ancien président de Paypal Europe. 

Aujourd'hui, et après plusieurs mois de silence, Viadeo a décidé de se recentrer et de se concentrer sur l’essentiel. L’équipe dirigeante a été renouvelée, les pays et les produits non stratégiques fermés, 8 langues ont été supprimées, l’organisation et les coûts ont été redimensionnés. Renier Lemmens vient d'annoncer une stratégie de redressement sur trois ans, ViaNext, reposant sur 3 piliers : ViaJob, ViaYou et ViaBiz. 

" On veut être essentiels, mais pas exclusifs, on a pas besoin d’être exclusifs. Le but de viadeo est de trouver sa propre place "

Renier Lemmens

 Son objectif : Atteindre un EBITDA positif d’ici 2017, et générer de la trésorerie d'ici le second semestre 2017. Des objectifs censés, appuyés sur une nouvelle stratégie qui, on l'espère, devrait suffire à Viadeo pour reprendre le lead sur un marché des réseaux sociaux professionnels français, encore timide face aux autres pays européens.