Acteur emblématique de l'Économie Sociale et Solidaire (ESS), il a été tout naturel pour le groupe Up (ex Chèque Déjeuner) d'accompagner Maddyness et la Petite Etoile dans la construction de leur dernier ouvrage, le Backpack MUTATION, dédié entièrement à l'entrepreneuriat au sein de cette nouvelle forme d'économie. Et pour renforcer leur soutien aux startups, Catherine Coupet, Présidente Directrice Générale du groupe, a annoncé hier soir le lancement de leur propre structure de financement. Interview. 

Fondé en 1964 en coopérative, le groupe Up conçoit et commercialise des produits et services qui facilitent la vie quotidienne de plus de 20 millions d'individus dans 17 pays différents, dans des secteurs aussi variés que l’alimentation, la culture, l’éducation, ou encore l’aide sociale. Ils sont aussi présents au niveau des entreprises, auprès desquelles ils interviennent dans la gestion de leurs frais et/ou dans la mise en place de dispositifs de fidélité. Mais ce qui caractérise surtout ce groupe de presque 3000 collaborateurs, c'est sa volonté de faire de Up la marque universelle du progrès social, et ce notamment, en s'engageant quotidiennement auprès des startups.

Votre groupe est un acteur majeur de l'Economie sociale et solidaire, votre approche de l’innovation est-elle différente des autres entreprises ?

Lorsque le Groupe s’est engagé dans une démarche d’innovation en 2015, nous nous sommes beaucoup inspirés des meilleures pratiques en matière d’open innovation. Même si en taille nous sommes une ETI (entreprise de taille intermédiaire), les outils et les actions que nous avons mis en place sont ceux d’un groupe à dimension internationale : nous avons lancé un programme d’accélération pour collaborer avec des startups, nous avons investi 20 millions d’euros dans les fonds Digital II d’Idinvest et dans Raise ; nous avons lancé des appels à innovation à destination de l’écosystème et co-fondé l’accélérateur Smart Food avec Paris&Co et d’autres entreprises.

Mais effectivement, le groupe Up a été fondé sur des bases coopératives il y a plus de 50 ans, notre maison-mère est une Scop (Société Coopérative et Participative). Les principes coopératifs imprègnent donc notre gouvernance et notre manière d’appréhender nos activités. C’est pourquoi notre démarche innovation a été imaginée dès le départ de façon inclusive avec nos parties prenantes : collaborateurs, clients/partenaires et startups...

Pour embarquer les salariés, nous organisons des conférences bimestrielles sur nos grands enjeux de transformation. Les collaborateurs sont également impliqués pour faire émerger des idées innovantes au travers de « défis innovation » : des appels à idées ouverts et collaboratifs. En France, par exemple, nous avons eu un taux de participation bien au-delà de ce que l’on voit en général, puisque près de 70% des collaborateurs se sont impliqués dans le défi.

Pour coller au plus près aux attentes de nos clients, nous avons lancé des actions de co-développement les impliquant directement, pour concevoir et prototyper avec eux et d’autres partenaires des services de demain. Nous avons également souhaité poser les bases de relations durables, en cohérence avec nos valeurs coopératives. Nous avons ainsi été parmi les premiers à créer dès 2015 notre propre charte interne de bonnes pratiques ainsi qu’un guide pour faciliter au quotidien nos relations avec les startups sur des sujets très opérationnels.

Notre mode de gouvernance coopératif, basé sur l’implication forte des salariés-sociétaires dans les décisions stratégiques du Groupe, contribue également à être rapides et agiles dans notre manière de travailler avec nos partenaires. C’est sans doute pour tout cela que de nombreuses startups parmi celles avec lesquelles nous collaborons, nous disent percevoir une différence d’approche dans notre manière de collaborer par rapport à d’autres grands groupes.

Quel premier bilan tirez-vous de cette ouverture vers l’extérieur et quels sont vos axes de développement pour les années à venir ?

En 2015, nous venions de changer de nom (le groupe Up étant l'ancien groupe Chèque Déjeuner) et nous étions peu repérés dans l’écosystème de l’innovation. Depuis les choses ont changé. Nous avons plus d’une vingtaine de collaborations avec des startups allant du partenariat commercial au co-développement en passant par des prises de participation qui nous permettent d’ores et déjà d’enrichir nos offres. Alors qu’il nous fallait en 2015 sourcer des startups et démontrer notre légitimité en termes d’innovation notamment autour du digital, nous sommes maintenant régulièrement sollicités pour collaborer ou investir.

En mai dernier, nous avons reçu un Acsel’R Award pour notre démarche d’open innovation, preuve que notre approche était la bonne. C’est donc un premier bilan positif mais cela reste une étape. Pour continuer à avancer, nous démarrons deux initiatives très structurantes pour notre capacité d’innovation. Tout d’abord, nous lançons notre propre structure d’investissement direct dans les startups dotée d’une enveloppe de 30 millions d'euros sur 5 ans. Ensuite, nous renforçons notre capacité à accélérer les projets d’innovation avec des moyens et des compétences dédiés : je viens de décider la mise en place d’une nouvelle direction de l’innovation et de l’expérimentation qui sera membre de notre Comité Exécutif international. L’objectif est d’aller plus vite pour proposer des solutions créatrices de valeur en termes d’usages et d’opportunités de croissance.

Vous lancez donc votre propre Fonds d’Investissement à destination des startups, quel est son objectif  ?

Le renforcement de notre démarche innovation nous permet de travailler très étroitement avec des startups dans plusieurs des 17 pays où nous sommes présents comme la Roumanie, l’Italie, l’Espagne, la Turquie… et évidemment la France. En avançant dans ces collaborations, la question de l’investissement est apparue plusieurs fois. Nous l’avons fait une première fois en investissant dans Ifeelgoods, une startup franco-américaine avec laquelle le Groupe a de fortes synergies sur ses marchés, puis dans une autre, plus jeune, en Italie, LastMinuteSottoCasa, qui lutte contre le gaspillage alimentaire. D’autres dossiers sont actuellement à l’étude.

Nous avons donc souhaité avoir notre propre structure d’investissement focalisée sur nos activités pour accompagner nos startups partenaires. Nous allons le faire avec une approche dédiée à ce type d’investissement, qui est très différente de l’approche purement acquisition, et avec une logique de performance durable, fidèle à notre ADN coopératif. Notre stratégie est donc d’être, seul ou avec d’autres fonds, un investisseur solide, avec les moyens de prendre des participations minoritaires dans des startups avec lesquelles nous avons à minima démarré une collaboration et que nous souhaitons accompagner sur le long terme. Pour cela, notre fonds s’appuiera sur l’expertise du Groupe mais aussi des partenaires comme Idinvest.

Quels conseils donneriez-vous aux startuppers qui souhaiteraient travailler avec vous ?

Le premier conseil est évidemment de s’informer sur les métiers du groupe Up. Regardez par exemple notre site Web pour bien comprendre quelles sont nos différentes activités et les solutions que nous proposons déjà car le Chèque Déjeuner, notre produit historique, n’est désormais qu’une partie de nos activités. Nos solutions, désormais majoritairement digitales, facilitent au quotidien l’accès à l’alimentation, la culture, les loisirs, l’éducation, l’aide à domicile, l’aide sociale. Elles accompagnent les entreprises dans la gestion de leurs frais professionnels ou dans l’animation de dispositifs de stimulation et de programmes de fidélité. Nous le faisons avec différentes parties prenantes qui sont autant d’opportunités de collaborer avec nous.

A partir de là, en amont d’une rencontre, et ce serait mon second conseil, demandez-vous comment nous pourrions collaborer, ce que vous pourriez nous proposer et ce que nous pourrions vous apporter. N’ayez pas peur d’être créatifs ! Imaginez comment ensemble nous pourrions créer de la valeur pour nos clients et pour nos deux structures ? Dans notre démarche d’innovation, nous cherchons surtout des partenaires.