Filiale de la Banque Postale, XAnge, c'est avant tout une équipe dédiée au capital-développement/transmission, qui accompagne les entreprises rentables dans leur croissance et une autre équipe pour le capital-innovation, qui finance des jeunes startups. En tout, 17 personnes sont réparties entre Paris et à Munich. Pour en savoir plus à propos de la structuration et de l'ambition de ce fonds, la rédaction de Maddyness est allée à la rencontre de Xavier Girre, Président du directoire d'XAnge.


Présentation de XAnge Private Equity et quelques chiffres-clé

L’identité et la particularité d'XAnge est d’être un fonds de multicorporate venture c’est-à-dire un pont entre les startups et les grands comptes. Nous apportons aux grands comptes la veille technologique et les modèles innovants dont ils peuvent avoir besoin, et aux startups l’expertise sectorielle et technique des grands groupes.

Un deuxième aspect de l’identité XAnge est sa double nationalité et sa double implantation : en France et en Allemagne où nous avons des bureaux.

Nous avons actuellement 82 sociétés en portefeuille, principalement dans les secteurs du Logiciel, de l’ensemble eCommerce – Places de Marché – Economie collaborative, des Media et de l’Advertising Technology, et de la FinTech.

xavier girre

Chiffres-clé d'XAnge :

  • €315m sous gestion actuellement
  • Plus de 150 sociétés financées depuis l’origine
  • Répartition des investissements en volume : 2/3 en Série A
  • Des tickets d’investissement allant de €0,5m à €5m
  • Parmi les 5 fonds de venture les plus actifs en France et en Allemagne en 2014
  • 14 nouveaux investissements en 2014 et début 2015 : Prestashop, Lydia, Dynadmic, Chauffeur Privé, MATEN, SQS, Altercosmeto en capital développement – transmission mais qui ont aussi chacun dans leur domaine une dimension technologique reconnue.

Economie Collaborative, Fintech et Crowdfunding, pourquoi ces axes de développements ?

Tout d’abord, il faut préciser que nous n’investissons en capital innovation pas seulement dans ces 3 secteurs. Nous sommes également présents dans le e-commerce comme à travers MisterSpex ou Evaneos, l’AdTech (Dynadmic, Dolead, etc.), le logiciel, où nous avons réalisé de belles cessions comme celle de Neolane à Adobe en 2013, et la mobilité par exemple.

Toutefois, il est vrai que nous sommes particulièrement intéressés par l’économie collaborative et la FinTech.

Il y a 3 raisons à cela :

  • En premier lieu, ces secteurs sont stratégiques pour nos souscripteurs comme La Poste, La Banque Postale, Aéroports de Paris ou Neopost. Pour eux, les startups de ces secteurs sont les révélateurs des bouleversements en cours des modèles économiques traditionnels.
  • Nous facilitons au maximum les échanges entre nos différentes participations ainsi qu’entre nos participations et nos souscripteurs industriels.
  • Par ailleurs, nous croyons fondamentalement que l’économie collaborative ou le crowdfunding sont de véritables tendances de fond tant d’un point de vue macroéconomique et sociétal, que du point de vue des entreprises.

La société moderne est en train de passer d’un modèle centralisé à des modèles organisés en réseaux horizontaux, peer-to-peer, et construits sur des flux. Ce changement de paradigme vient bouleverser des modèles établis et changer les rapports de force dans notre économie.

Il faut noter à ce sujet que nos premiers investissements dans ces secteurs remontent à longtemps, à une époque où peu d’investisseurs s’y intéressaient : KissKissBankBank, dans laquelle nous avons investi en 2009, et qui édite une plateforme de crowdfunding, a été notre premier investissement dans ce domaine, et participe au tsunami qui est en passe d’ébranler le système financier traditionnel. Alittlemarket, place de marché C2C pour les objets faits main, de même que Sculpteo (moteur d’impression 3D), symbolisent également notre vision.

Nous voyons se dessiner un passage d’une économie de production en masse centralisée puis transportée à une économie de production de petites séries, personnalisées, et ancrées localement. C’est également cette prééminence de l’économie locale et décentralisée, appliquée à la consommation alimentaire cette fois, que nous avons voulu soutenir en investissant dans La Ruche Qui Dit Oui ! en 2012.

Enfin, en tant qu’investisseurs nous cherchons ce genre de situation où des marchés gigantesques peuvent être transformés. Cela nous amène à identifier les modèles économiques à forte croissance potentielle sans hausse proportionnelle des coûts. Les places de marchés par exemple sont dans le cœur de cible de ce que nous cherchons à financer. D’un point de vue macro-économique, nous contribuons à l’émergence des piliers de l’économie de demain.

Pour vous, que signifie le développement de la marque FrenchTech ?

Le développement de la marque FrenchTech marque surtout une prise de conscience. Je crois que depuis quelque temps, tous, et les responsables politiques en particulier, ont pris conscience de l’atout que constituent les startups françaises pour notre pays.

Certains pensent qu’il s’agit surtout de marketing. C’est beaucoup plus que cela mais c’est aussi cela, il faut l’assumer ! La FrenchTech souligne bien l’importance de « marketer » la scène startup de notre pays. Les américains font des séries, des films qui valorisent les startups et les entrepreneurs et ont réussi à créer un imaginaire fort et attractif autour de la Silicon Valley. Les startups françaises ont beaucoup d’atouts et nous devons les montrer !

J’entends des analystes dire qu’à l’étranger la France commence à être réputée pour sa scène technologique au même titre qu’elle l’est pour le luxe. La FrenchTech pourrait être l’ossature autour de laquelle ces initiatives se cristallisent. 

Quelles sont les ambitions d'XAnge pour 2015 et les prochaines années ?

Mon ambition pour l’activité Venture d’XAnge est de devenir l’un des rares fonds de référence d’origine française déployé en Europe et capable d’accompagner les entreprises innovantes dès leur création dans la durée. Ceci suppose :

  • D’accroître notre volume de capitaux gérés
  • D’être capable d’accompagner les entreprises du plus early-stage au plus late-stage
  • De continuer notre internationalisation en confortant notre présence en Allemagne et en nous développant au-delà pour accompagner l’internationalisation de nos participations.

Quels sont vos critères pour clôturer un investissement ? L'équipe ? Le Business Model? L'ambition ?

Nous avons une politique d’investissement en Venture claire : nous investissons des tickets de 500k€ à 5m€ dans des entreprises en lien avec le numérique. Ensuite une fois que l’on est dans cette catégorie, il faut réussir à nous convaincre sur plusieurs points, avec en général des incontournables :

  • En premier lieu, il faut montrer de la croissance dans un marché potentiel vaste. Y a-t-il déjà un historique témoignant d’une dynamique forte de croissance ? Peut-on espérer qu’avec les fonds apportés cette croissance s’accélère ? C’est pourquoi nous aimons particulièrement les modèles « scalables » type SaaS qui permettent d’avoir une bonne visibilité sur la croissance d’une entreprise.
  • La taille et la structure concurrentielle du marché est également un point à prendre en compte. Nous investissons essentiellement dans des entreprises ayant des ambitions internationales. Dès lors, dans des environnements à forte concurrence, la différenciation technologique est un facteur important.
  • La qualité du management qui doit combiner une vision globale et une capacité d’exécution remarquable.
  • Et bien sûr, nous évaluons l’apport stratégique, technologique et financier pour nos souscripteurs. Nous avons à leur égard un rôle de capteur des ruptures et des nouveaux usages induits par les technologies numériques et une responsabilité quant à l’optimisation de la performance financière de leur investissement.