Face à la recrudescence de CV bidonnés, les grandes écoles et universités comptent sur ce système universel pour assurer l'authenticité des diplômes qu'elles délivrent. Et d'autres services sont à venir.

Selon une étude du cabinet de recrutement Florian Mantione, 34% des candidats s'attribuent un faux diplôme et 33% des employeurs affirment régulièrement éliminer un candidat suite à une vérification. Un phénomène qui s'aggrave du fait de la crise qui accroit la concurrence sur le marché du travail et qui incite les candidats à enjoliver leur CV.

QR code et nanoparticules pour authentifier les diplômes

Du coup, la riposte s'organise. En janvier dernier, le ministère de l'Education nationale a annoncé un nouveau service d'attestation pour l'ensemble des diplômes d'Etat et confèrant un grade universitaire, soit 2,1 million de diplômes par an. Les étudiants obtiendront un code-barre à flasher ou une adresse Internet sécurisée qui renverra vers le site du ministère. De quoi faire faire des économies à l'administration, qui doit envoyer chaque année 80 000 demandes d'attestation sous forme papier. Même son de cloche chez les écoles supérieures privées. L'an dernier, l'Insa Toulouse s'est associé avec la startup Nanolike pour développer une carte sécurisée attestant de l'obtention de leur diplôme. La carte est protégée par un marqueur à base de nanoparticules invisibles à l’œil nu, un peu comme un billet de banque. "Nous avons remarqué que chaque semaine, des DRH et des recruteurs français ou étrangers nous appelaient pour demander de certifier qu’untel avait bien validé sa formation chez nous", confie une responsable de l’école au Figaro. "Or la vérification prend à chaque fois du temps et mobilise des gens".

La blockchain pour décentraliser l'authentification

Ces systèmes restent pourtant limités et dépendants du site de l'institution qui les émet. Que l'école disparaisse ou ferme, que le site ne soit plus accessible ou piraté et le diplôme s'envole. D'autre part, avec l'essor du numérique et plus particulièrement des cours en ligne (MOOC), il faut trouver un système décentralisé. D'où l'idée de recourir à la technologie blockchain, par nature universelle et infalsifiable. Le diplôme est toujours authentifié par l'établissement mais la certification est codée sur le registre de la blockchain par un numéro généré par algorithme. Ce "hash code", sorte d'empreinte digitale, peut être inscrit sur le CV d'un candidat et comparé à celui inscrit sur la blockchain.

L'Université de Nicosie à Chypre a été pionnière en septembre 2014 en lançant son premier cours certifié par blockchain. L'université est d'ailleurs en pointe sur cette technologie puisqu'elle acceptait déjà le paiement des droits étudiants en bitcoin et propose un master en monnaies électroniques. La Holberton School, aux Etats-Unis, a adopté la même initiative au mois d'octobre 2015 et en mars 2016, l’école supérieure d’ingénieurs Léonard-de-Vinci (ESILV), à La Défense, a été la première en France a se lancer en partenariat avec la startup Paymium. Le MIT (Massachusetts Institute of Technology) songe lui aussi à s'y mettre.

Les résultats du bac sur la blockchain ?

Outre l'authentification de diplômes, la technologie pourrait aussi servir pour le suivi de cours en ligne. Sony a ainsi annoncé en février 2016 une plateforme de partage de compétences et de dossiers scolaires à la fois ouverte et sécurisée par blockchain. Toutes les notes d'un élève pourraient ainsi être régulièrement inscrits sur le registre en ligne et consultables par l'ensemble des professeurs. "La blockchain serait idéale pour une utilisation dans le cadre de résultats d'examens officiels", avance pour sa part Primavera De Filippi, chercheuse à l'Université d'Harvard et au CNRS. Pourquoi pas demain les résultats officiels du bac enregistrés directement par les profs qui la blockchain ? Il y en a toute de même qui risquent d'être perdants : les sociétés type Verif-CV, Verifdiploma, ou InforCrédit, dont la spécialité est de vérifier la sincérité des CV.