Sélim Niederhoffer a rencontré  Mathieu Flaig, connu sous le nom de @MathieuFlex sur les réseaux, et jeune papa du magazine en ligne Displug.


Sélim Niederhoffer : Comment est né Displug ? Pourquoi avoir créé un magazine sur la digital detox ?

Mathieu Flaig : J’ai lancé Displug (de disconnect et unplug) avec mon alter ego, Anna, en avril 2015. Internet est dans ma vie depuis 1996, et depuis, il n’a cessé de prendre une place de plus en plus grande pour nous : nous vivons, travaillons, mangeons Internet tous les deux.

Nous avons des phases de déconnexion, pour ne pas finir emportés par le flot des données. Mais la situation a drastiquement évolué ces dernières années : les sollicitations permanentes liées aux réseaux sociaux, les mails, les smartphones et leurs notifications… la connexion est partout, tout le temps. Il devient de plus en plus dur de l’éviter.

Le temps passant, nous essayons d’avoir une consommation du web raisonnable. Et nous pensons que même si Internet est un outil magique, il peut vite devenir un doudou, un réflexe, un besoin, une addiction.

Displug est né d’une volonté de se connecter mieux. De moins subir son flot de contraintes. On ne parle pas d’aller vivre en ermite, mais de laisser de la place à une certaine respiration, à des moments sans connexion, sans data, sans traces numériques. Nous sommes persuadés que ce besoin de déconnexion va être de plus en plus fort dans la société.  Nous y abordons tout ce qui touche au sujet : digital détox, objets & services aidant à la déconnexion, récupération marketing du concept, initiatives locales, lieux... et force est de constater que les informations à relayer sont de plus en plus nombreuses !

SN : Une partie de ton travail consiste à être très connecté. Est-ce que les moments de déconnexion digitale sont une nécessité ?

MF : Je travaille effectivement dans une agence web, et j’ai également un autre blog depuis 2009 (www.publigeekaire.com) qui fait que je suis connecté environ… tout le temps.

J’ai tendance à être boulimique de web, borderline nomophobe parfois, mais ça n’est pas viable sur le long terme. Il est devenu essentiel de (re)vivre les moments quotidiens sans les regarder à travers un objectif connecté, social, selfisé... On a tous en tête les concerts où certains spectateurs ne regardent plus la performance live, mais uniquement l’écran de leur vidéo en cours d’enregistrement. On doit réapprendre à lire un bouquin sans le parcourir en diagonale comme on lit un contenu internet. Et à ne plus livrer nos datas personnelles comme si elles n’avaient pas de valeur marchande, que l’on distribue gratuitement, de notre plein gré, en échange de quelques likes ou d’une boîte mail performante…

La déferlante d’objets connectés, et bientôt du transhumanisme, fait déjà de la déconnexion un vrai luxe. Je crois même que dans les prochaines années, on devrait militer pour un « droit à la déconnexion ».