Michael Ohana, cofondateur de Hellobill, revient pour Maddyness sur les critères de sélection de l'accélérateur YCombinator, cofondé par Paul Graham, Trevor Blackwell, Jessica Livingston et Robert Morris et considéré comme extrêmement sélectif. 

Six semaines après avoir commencé à travailler sur Hellobill, nous avons posté notre dossier de candidature à YCombinator, l'accélérateur le plus sélectif du monde. Après avoir intégré la session de cet été 2016, nombreux sont les entrepreneurs qui nous ont contacté pour identifier les facteurs clés qui nous ont permis d’être accepté.

Basé en Californie, “YC” a accéléré de nombreux succès : Airbnb, Dropbox, Stripe, ou Instacart, sont quelques exemples. Fort heureusement, les français ne sont pas absents de la liste : Algolia, Front, Pulpix, Afrostream , Bulldozair ou Checkr font également partie de la liste des belles histoires de YC. Voici les éléments qui ont été déterminants pour le succès de notre candidature : 

Un problème vécu

YC part d’un principe simple : une startup existe pour résoudre un problème. Ils recherchent donc des entrepreneurs qui ont vécu le problème qu’ils cherchent à résoudre. A titre d’exemple, j’étais pendant quatre ans entrepreneur en France et je perdais chaque mois un temps fou sur ma réconciliation bancaire : attendre mon relevé bancaire, pointer toutes mes factures fournisseurs, les rassembler avant de les envoyer à mon comptable, qui me relançait pour les factures manquantes. Un cauchemar qui me prenait en moyenne 1 journée par mois.

C’est de ce constat qu’est né Hellobill, avec l’ambition de simplifier la comptabilité pour les PME en automatisant la réconciliation bancaire. Désormais plus rien à faire : je connecte ma banque et ma boîte mail et Hellobill associe en 2 clics chaque transaction bancaire à la bonne facture (issue de mon mail, Dropbox ou Google Drive).

Un gros marché et une ambition démesurée

Lorsque j’ai rédigé le dossier pour Hellobill, mon esprit cartésien d’entrepreneur était en contradiction avec l’ambition nécessaire pour entrer à YC. Viser 100 millions d'euros à 5 ans avec notre produit ? Le dossier ne passera pas la sélection. Le montant affiché doit être de l’ordre du milliard de CA. Si vous n’êtes pas à l’aise avec ce passage à l’échelle dans les objectifs affichés, l’expérience YC n’est peut-être pas la bonne pour votre équipe.

YC Mountain View

La concision à l’écrit comme à l'oral

YC accorde une importance majeure à la concision. Par exemple, la slide de présentation qu’ils demandent de produire une fois le programme commencé doit comporter un maximum de 4 bullet points avec 8 mots par ligne. L’exigence de concision se fait surtout ressentir à l’interview.

Car une fois passé la phase du dossier en ligne, environ 500 équipes sont conviées pour un entretien d’une durée exacte de 10 minutes, pas une de plus. Il faut évidemment préparer ce moment car ces quelques minutes passent vite et il n’y a pas de deuxième chance. La réponse est donnée le jour même : un coup de fil pour les heureux élus, un email de refus pour les autres.

(nb : de nombreuses startups ont postulé à plusieurs reprises à YC avant d’être acceptées)

Les chiffres

Les chiffres vous donneront toujours raison. Une traction dans un marché prometteur peut suffire à faire basculer le jury en votre faveur. C’est pour cela que très tôt dans la vie de votre produit, il faut mesurer l’activité de vos users (signup, engagement, paying, churn) en utilisant des outils comme Mixpanel (une autre startup YC).

Nous avions trois clients payants un mois après avoir commencé à travailler sur Hellobill : ça n’est pas beaucoup, mais c’est tôt et cela montre que notre produit a des clients réels et une monétisation claire. Ca a été déterminant.

YC

L'équipe

YC recherche une équipe qui se connaît bien. C’est donc au minimum deux personnes qui ont déjà travaillé ensemble sur un projet préalable. La raison : le premier critère d’échec des startups vient d’une dispute entre les cofondateurs. 

Cela exclut en théorie les “solo-founders” ou une équipe formée à un hackaton il y a deux semaines. Des contre-exemples existent bien sur : Drew Houston de Dropbox, ou Parker Conrad de Zenefits ont postulé seuls à YC.

Mon cofondateur Aric et moi nous connaissions depuis 12 ans. A l’âge de 15 ans, nous avions monté ensemble un board pour échanger des vidéos sur internet. Cet historique est très important dans la sélection d’une équipe fondatrice pour YC.

Mais attention : rentrer à Y Combinator ne garantit pas le succès. Même si le taux de sélectivité est proche des 2%, la majorité des startups se plantent, ici comme ailleurs. C’est donc important à l’étape de la candidature de ne pas tout miser sur YC et de rester concentré sur la construction d'un business viable avec un ambition qui dépasse largement les 3 mois d’accélération à Mountain View. C’est notre conviction forte pour Hellobill.

Si malgré cette mise en garde, vous rêvez de YC la nuit, n’hésitez pas à repostuler après un premier échec : il y a une nouvelle sélection tous les 6 mois. Nombreuses sont les startups qui ont été acceptées après plusieurs candidatures.