À l'occasion des trois ans de  la labellisation Nantes Tech, Francky Trichet, vice-président Numérique - Université de Nantes  et adjoint au maire de Nantes en charge de l’Innovation & Numérique revient sur ce qui fait de sa ville un écosystème particulièrement moteur sur la scène française. Notamment le fait qu'à Nantes, chercheurs et startuppers développent une culture commune empreinte d’humanisme.

Troisième ville française derrière Paris et Lyon, Nantes a rejoint en 2017 le classement mondial des villes où il fait bon travailler dans une start-up, devant Shanghai, New-York ou Londres selon l’étude Nestpick. En avril 2017, trois entreprises nantaises du numérique (Syd Conseil, Conserto et iAdvize) entrent dans le top 20 de l'institut Great Place to Work qui établit le palmarès des PME (de 50 à 500 personnes) où les salariés s’épanouissent au travail. En octobre 2017, le magazine Le Point classe Nantes 1ère sur le podium des villes où il fait bon travailler et 2ème des villes où il fait bon entreprendre. Et le magazine Challenge publie la carte de France des indicateurs d’optimisme en l’avenir avec la région des Pays de la Loire en tête devant la Bretagne et la Nouvelle Aquitaine.

Comment expliquer un tel alignement d’indicateurs positifs ? Le fruit du hasard ? Et si l’année 2017 était révélatrice d’une singularité nantaise, d’un état d’esprit et d’une culture de l’entreprise propre à notre ville ? Et si Nantes se révélait à l’origine de l’émergence d’une dynamique nationale affirmant l’identité d’une culture de l’innovation à la française ? Une French Touch si particulière qui ferait qu’une startup française ne serait fondamentalement pas comparable à une startup de la Silicon Valley ou de la Silicon Wadi. Non pas parce qu’elle refuserait la dynamique mondiale alliant agilité, multitude et massification, le socle de base partagé par toute startup digne de ce nom. Mais parce qu’elle forgerait sa propre culture empreinte de valeurs fortes d’égalité, de diversité, de solidarité et d’humanisme.

Eléments de réponse avec quelques faits marquants observés à Nantes depuis le début de l’année 2017.

Les chercheurs mettent la science au service de tous

Lors du dernier Mobile World Congress 2017 de Barcelone, le géant américain Netflix a dévoilé un nouveau système d’encodage permettant de préserver la qualité d’une vidéo transmise et visionnée sur smartphone, même à très bas débit. Cette technologie révolutionnaire est fondée sur des travaux de recherche de l’Université de Nantes, qui est d’ailleurs la seule exception de partenariat de Netflix hors USA. En rendant les contenus vidéos accessibles depuis des zones géographiques où le débit internet est faible (zone rurales de France ou pays  émergents comme l’Afrique), ce travail de recherche permet de réaffirmer que l’Université est un lieu de production et de diffusion du savoir accessible à tous.

Lors de la Nantes Digital Week 2017 s’est également déroulée une première mondiale : la construction d’un logement social de 95 m2 par un robot imprimante 3D en moins de 10 jours. Ce projet remarquable et remarqué, propulsé par un consortium réunissant scientifiques, industriels, acteurs publics et socio-économiques, a permis d’évaluer les avantages de la fabrication additive dans l’univers du Bâtiment et des Travaux Publiques : allégement de la pénibilité au travail, adaptabilité de l’architecture à l’environnement naturel, économie circulaire, gain de productivité, etc.

Projet YHNOVA – Nantes Digital Week 2017

Ces deux exemples incarnent pleinement l’engagement prioritaire d’Olivier Laboux, président de l'Université de Nantes, qui est de mettre la Science au service de tous, en particulier des moins favorisés.

Les startups ont du coeur

Depuis 2015, les startups de Nantes se lancent un défi annuel de collecte de dons pour la banque alimentaire ! L’idée est simple : chaque employé dépose au minimum 1kg de denrée dans une benne localisée pendant 1 semaine sur le parking d’une entreprise nantaise. Initialement lancé par Mickael Froger, CEO de Lengow et ex-président de la Cantine Numérique, cet élan de générosité collective a permis de collecter plus de 5 tonnes en 3 ans. Et la dynamique s’amplifie avec un réel enthousiasme chez les employés qui revendiquent pleinement cette valeur de solidarité : « oui, une startup peut à la fois lever des millions pour son développement à l’international et lever des kilos pour les personnes fragiles ! ».

Maia Mater, place aux jeunes pousses de la « DeepTech »

Maia Mater est un camp d’entrainement pour primo-entrepreneurs 100% public, 100% gratuit et 100% culture du retour : une 1ère en France pour un accélérateur sans prise de participation au capital !

Maia Mater – camp d’entrainement pour primo-entrepreneurs

L’objectif de Maia Mater (déesse romaine de la fertilité et du printemps favorisant la croissance des choses vivantes, en particulier le développement des végétaux via la poussée de la sève) est de stimuler l’envie d’entreprendre chez les jeunes porteurs de projets (étudiants mais pas que) souvent démunis de toute ressource, en ciblant plus particulièrement les jeunes chercheurs en thèse ou post-doctorat spécialisés dans les technologies de rupture : les fameuses Deep Tech ! 

Le dispositif s’étale sur trois ans. Durant la première année, les participants, logés et nourris gratuitement de mai à septembre dans une ancienne caserne militaire du centre-ville nantais, reçoivent un accompagnement sur-mesure pour passer de l’idée à la création d’un projet tangible. Ici, pas de consultants ou de coaches qui promettent des recettes toutes faites. Le programme mise sur l’expérience des trentenaires locaux qui ont fait leur preuve comme Rob Spiro (Good Eggs) ou Thomas Matthieu (Guest Suite). La seconde année consiste en un séminaire d’un mois en juillet à Saint-Nazaire. Le but est de faire le point sur l’entreprise 1 an après son envol : adéquation marché, monétisation de la traction, solidité de l’équipe RH, etc. C’est à ce moment là que la start-up choisira entre trois voies : (1) accélérer en préparant éventuellement une levée de fonds, (2) pivoter son modèle ou (3) mourir. La troisième année, les anciens qui ont réussi à développer leur entreprise viendront aider les nouveaux ; le but étant de créer une véritable « communauté » d’entrepreneurs prêts à s’entraider et partager leurs expériences.

Outre l’ambition clairement affichée d’accompagner les jeunes talents « qui ont faim » dans le sens où ils n’ont rien et rien à perdre (pas d’argent et pas d’appartement), l’objectif est aussi de rapprocher deux univers insuffisamment connectés en France : le monde de la recherche et la dynamique des startups. Et l’enjeu est crucial car si la France veut sortir un leader mondial français des nouvelles technologies en 2030, elle ne peut le faire qu’en rapprochant l’excellence de la recherche fondamentale et la bouillante dynamique entreprenariale incarnée par la FrenchTech ! 

A l’instar d’autres pays, la France doit vite diffuser la culture startup dans ses laboratoires de recherche et investir dans les technologies de rupture qui feront les services et l’industrie de demain !

Après 4 mois de sueur, de douleur et de pivots, la 1ère saison de Maia Mater s’est terminée en septembre 2017. Sur les 10 projets initiaux, 5 se poursuivent actuellement avec des équipes solides et solidaires. Et des business prometteurs. RDV en juin 2018 pour la suite de l’aventure avec la saison 2 : http://maiamater.com

NantesTech, sérieux sans se prendre au sérieux

Depuis 2014, la NantesTech regroupe tous les acteurs de l’innovation (université, écoles, laboratoires de recherche, startups, grands groupes, associations, etc.) autour d’une même ambition : faire de Nantes à l’horizon 2025 un des écosystèmes les plus vibrant, inspirant et influent d’Europe ! 

Et les premiers résultats sont encourageants avec plus de 4000 emplois créés en 3 ans (objectif visé : 5000 en 2020) et une forte progression des levées de fond : 6 millions en 2014, 32 millions en 2015, 52 millions en 2016 !

Mais la NantesTech, ce n’est pas que de l’attractivité et du développement économique ! C’est aussi de la solidarité avec 9 dispositifs Grande Ecole du Numérique permettant de favoriser l'insertion professionnelle des jeunes sans emploi ni formation ou la plateforme de financement participatif solidaire Humaid dédiée au soutien de personnes en situation de fragilité. C'est aussi de l'égalité femme/homme grâce à l'action de plusieurs associations locales telles que woman@nantes ou Les femmes du digital de l'ouest qui encouragent et valorisent l'entrepreneuriat au féminin. 

Nantes défend activement une nouvelle forme d’humanisme numérique. Et c’est peut-être ce qui la différencie des autres métropoles françaises qui, pour la plupart, se focalisent principalement sur le volet économique. Impulsée par Johanna Rolland, Maire de Nantes et Présidente de Nantes Métropole, cette vision d’un numérique transversal et inclusif irrigue de nombreuses politiques publiques et accompagne toutes les transitions sociétales (énergétique, démocratique, démographique, etc.). Elle se manifeste concrètement à travers des projets comme le wifi public gratuit, l’internet Très Haut Débit et les tableaux interactifs dans toutes les écoles de la ville, des chaudières numériques pour les ballons d’eau chaude dans les logements sociaux, une application mobile « Nantes dans ma poche » qui facile la vie en ville au quotidien (80.000 téléchargements – novembre 2017), un festival Nantes Digital Week porté par une famille de 150 contributeurs qui rassemble plus de 100.000 participants autour d’une valeur commune « le numérique : une opportunité pour tous ».

Mais surtout la NantesTech, c'est le partage d'un état d'esprit fondé sur l'émulation collective. Le fameux « Jeu à la Nantaise » incarné par les Canaris (l'équipe de football locale) dans les années 80 : un jeu rapide à une touche de balle où le collectif prime sur l'individuel. Cette expression issue de l’univers sportif a été reprise pour caractériser le tissu économique actuel. Il est rare de voir une nouvelle startup s’implanter et grandir sur le territoire sans l'aide et la bienveillance de tout l'écosystème : recherche de locaux, fonds d'amorçage, réseau de compétences, etc. Nantes fonctionne un peu comme le bourg d'un petit village : tout le monde se connaît et s'entraide au quotidien. Les entreprises se font la courte échelle ! Et nombreuses sont les startups 100% made in Nantes qui ont profité de cette proximité et qui maintenant pratiquent la culture du retour en accompagnant de jeunes pousses : Lengow, iAdvize, Akeneo ou EP, belles réussites d’entreprises de plus de 5 ans, sont actuellement les mentors des jeunes pépites locales telles que 10-Vins, Sensorwake ou Kadran.

Nantes est également une ville où convergent l’innovation et la création artistique, la science et la culture, l'économie et l’art. Cette singularité contribue pleinement à la qualité de vie tant reconnue à notre ville fleuve à proximité de l'océan et dont l'ambition est de devenir un écosystème incontournable d'Europe : NantesTech, the coolest place to grow.

Nantes est la première étape de notre projet Moonshot. Vous aussi, votez pour votre pour votre startup nantaise préférée !

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