Si la France a battu un record en termes de nombre de levées de fonds en 2016, les Fintechs de l'Hexagone restent en marge de ces investissements. Dans sa dernière étude, le cabinet de conseil en stratégie Oliver Wyman a analysé en détail le secteur pour en dresser un panorama mondial.

La France accuse un retard considérable en matière de financement des Fintechs. Telle est la conclusion de l’étude menée par le cabinet de conseil en stratégie Oliver Wyman, qui a passé au crible 1500 Fintechs afin de dresser un panorama des enjeux de ces startups en France.

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Premier enseignement : la géographie des investissements est clairement dominée par les États-Unis. Les financements sont captés à hauteur de 50% par les startups outre-Atlantique contre 15% pour les jeunes pousses européennes. Sur le vieux continent, c'est le Royaume-Uni qui tient la corde, captant 50% des investissements. La France, elle, ne concentre que 5% des investissements. Pourtant, tous secteurs confondus, l'Hexagone a raflé au premier semestre 2016 la première place au Royaume-Uni en termes de nombre de levées de fonds.

La plupart des Fintechs françaises ont du mal à aller à l’international
or c’est le vrai déclencheur de levées de fonds plus importantes.
Faute d'investissements conséquents, elles ne sont pas en mesure de s'attaquer aux marchés étrangerset c'est un véritable cercle vicieux qui se met en place "

Thierry Mennesson, associé Olivier Wyman

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Sur 70 milliards de dollars investis dans 1500 startups, les activités de crédit et de paiement captent plus de la moitié des investissements. Mais pas en France. L’investissement dans les Fintechs françaises se concentre autour des activités de financement, crowdfunding et de personal finance management, où d’ailleurs un seul acteur français, Linxo se positionne dans le top 10 mondial, à la 9e place. Malgré un lancement en grande pompe - et la plus importante levée de fonds jamais réalisée par une Fintech française - la solution de paiement Lydia ne se classe qu'au 126e rang mondial en termes d'investissement.

Les fonds étrangers, frileux avant l'internationalisation

Autre particularité, les Fintechs françaises sont essentiellement financées par des investisseurs français, avec en chefs de file Bpifrance, Kima Ventures et la MAIF : à eux trois, ils ont financé pas moins de 18 startups Fintech. Les fonds étrangers, quant à eux, s’intéressent davantage aux Fintechs françaises lorsqu’elles internationalisent leur activitéAinsi, Ledgerlevé 7 millions de dollars auprès d’acteurs européens et américains pour développer sa part de marché dans le monde. Quant à Microcred, elle s’est appuyée sur des fonds américains pour se développer en Afrique et en Asie, alors que Slimpay a levé 15 millions d'euros avec Prime Ventures (Pays-Bas) pour amorcer sa croissance en Europe et aux États-Unis.

Et, sans surprise, ce sont une fois encore les fonds américains qui dominent le marché de l'investissement dans les Fintechs, suivis des fonds européens et britanniques. "Il y a un réel besoin de l’ensemble des acteurs à partager l'ambitions de faire de la France un leader de la Fintech. À commencer par les entrepreneurs eux-mêmes, que j’incite à aller à l’international, sans lequel il n’y a pas de salut. Les investisseurs, les fonds et les supports étatiques doivent faire de même pour que les Fintechs françaises soient en mesure de concurrencer leurs homologues américaines ou européennes", conclut Thierry Mennesson.