Les entreprises vivent-elles des casses permanents ? Selon une étude Euler-Hermès pour la DFCG réalisée l'année dernière, 8 entreprises sur 10 déclaraient avoir déjà subi une tentative de fraude et 1 sur 4 avait subi plus de 10 tentatives ! Le phénomène est tellement récurrent que les arnaques les plus courantes ont même leur propre nom : fraude au président, au faux fournisseur ou au faux client.

Le procédé est toujours le même : un escroc se faisant passer pour le président de l'entreprise, un fournisseur ou un client exige d'être payé ou remboursé pour une raison fort à propos (urgence, facture à régler, remboursement...) et fournit un numéro de compte bancaire sur lequel procéder au virement. "Le numéro de compte bancaire est complètement anonyme : personne ne peut vérifier que le compte est associé au nom de la personne qui dit l'utiliser", explique Baptiste Collot, cofondateur et CEO de Trustpair. C'est dans cette brèche que s'engouffrent les escrocs... et que la startup s'efforce de colmater.

Détecter les signaux faibles

Trustpair a ainsi mis au point une solution fondée sur l'intelligence artificielle et, plus précisément, l'analyse de données, qui scanne les informations financières publiques et détenues par l'entreprise utilisatrice : greffes des tribunaux, mouvements de fonds récurrents, numéros de comptes déjà enregistrés... La startup réalise alors un audit automatisé permettant dans un premier temps d'identifier et de supprimer les anomalies de la base fournisseurs puis de vérifier constamment la validité des coordonnées et des virements. En cas de mouvement suspect, l'alerte est remontée à l'entreprise avant même l'émission de l'ordre de virement, avortant l'arnaque potentielle.

Aujourd'hui constituée d'une dizaine de personnes, l'équipe de Trustpair va s'étoffer d'une quinzaine de talents pour répondre à la demande commerciale des grands groupes et des ETI. Pour cela, la startup vient de boucler un tour de table de 1,1 million d'euros auprès d’Axeleo Capital, Kima Ventures et plusieurs business angels (Pierre-Antoine Dusoulier d'IbanFirst, Damien Guermonprez de Lemonway, Thibaud Elzière d'eFounders et Eduardo Ronzano de Keldoc). Les recrutements vont se concentrer sur des profils techniques (développeurs et data scientists) mais aussi sur quelques fonctions support nécessaires à la croissance de l'entreprise.

La startup réfléchit également à un développement international, notamment vers les États-Unis, le deuxième marché en termes de fraudes... après la France, championne en la matière. Cette nouvelle étape devrait cependant faire l'objet d'un autre tour de table, une fois le marché intérieur consolidé.