Parce que les expériences des autres nous nourrissent, parce je crois qu’on a tous besoin d’entendre autre chose que des success stories. J’ai envie de revenir sur mes débuts et de partager mon histoire. L’acte 2 de ma vie d’entrepreneur est en train de s’écrire… Comment j’en suis arrivé là ?

Flashback. Acte 1.

J’ai créé thetops.fr, marketplace de DNVB — Digital Native Vertical Brands : comme Tediber, Gemmyo, Sézane, Naïa Paris, etc. qu’on appelait juste “marques trendy” à l’époque 😉 — en sortant d’un stage chez Priceminister. J’avais 23 ans. A l’époque, mon job chez Priceminister était de déceler les nouvelles activités rentables que nous pourrions lancer. En cherchant, des nouvelles opportunités, j’ai découvert des sites américains qui vendaient des produits recommandés par des stars et qui avaient levé des montants astronomiques. Une sorte de TéléShopping 2.0, une idée géniale qui m’en a donné une autre…

J’ai proposé le projet au board de Priceminister qui l’a refusé (juste après le rachat par Rakuten). Encouragé à me lancer par Olivier Mathiot, je me suis lancé.. Bille en tête, j’ai trouvé un associé, convaincu les fondateurs de Priceminister et levé 700K et 300K de dettes grâce à des investisseurs comme Claude Bébéar, Marc Mayor, Olivier Mathiot, Tristan Vyskoc… C’était le rêve ! Sans l’avoir vraiment cherché, à force de travail et en y allant au culot, je concrétisais mon idée grâce à des gens que j’admirais.

Ce que je n’avais pas anticipé — et les Américains non plus apparemment -, c’est que le modèle de la star qui recommande un produit ne marchait pas du tout, mais alors pas du tout ! Personne n’associait les personnalités à une expertise produits : pas de trafic, pas de conversion. Les sites américains ont fermé, comme les sites allemands et anglais… F**k !

Mon site alors plafonnait à quelques milliers d’euros par mois. Le modèle “copycat” n’était visiblement pas le bon.

Deux options : rendre l’argent ou tenter un dernier coup. Vous vous en doutez, on a choisi la deuxième option. On a viré les “experts” et on est devenu une marketplace de produits trendy, une sorte de Colette ou de Fleux online. En deux mois, on est passé de 200 références à plus de 2000 et les résultats ne se sont pas fait attendre : de 5 à plus de 150K de chiffres d'affaires mensuel. On le tenait notre modèle !

On a continué à se développer pendant plus de 3 ans. Une équipe de 20 personnes, un rachat de société (Paullster), une tentative au UK, une deuxième levée de fonds, des actions de communication offline dans le métro et à la TV, des boutiques éphémères à Citadium, dans Le Marais, dans des centres commerciaux… On avançait fort, on avançait vite. La croissance était là… Pas la rentabilité.

Les marques vendues sur la marketplace n’étaient pas connues, pas de trafic search, un trop faible taux de repeat business, un flux très saisonnier …. Cerise sur le gâteau, mon associé quitte le navire du jour au lendemain suite à de gros différents stratégiques. Je n’ai jamais plus eu de nouvelles.

Impossible pour les actionnaires de remettre au pot sans modèle et sans associé… Dilemme. Céder la société ou tout arrêter ? Cette fois, j’ai choisi la première option et je me suis mis en tête de trouver un acquéreur. Deux mois plus tard, j’ai réussi à vendre la société avec les actifs à un partenaire historique de thetops.fr.

Rideau.

Quand je me suis lancé dans l’aventure thetops.fr, je ne savais pas ce qu’être entrepreneur voulait dire, ce qu’être dirigeant d’entreprise impliquait et je n’étais pas au bout de mes surprises…

Je me suis retrouvé seul, pas préparé, pas armé, pas même conscient de ce qui était en train de se passer. Surtout, je n’ai pas pris le temps de prendre du recul, pas de temps pour moi. Je ne me l’autorisais pas… J’ai voulu croire que tout pouvait continuer comme avant… Après une belle petite phase de déni, je me suis dit qu’il fallait que je prenne le temps. Cette phrase qu’on entend souvent sans vraiment la comprendre. Prendre le temps. Prendre le temps de digérer cette course folle qui a duré plus de quatre ans, cette aventure vertigineuse dans laquelle j’ai plongé, tout entier… et qui s’est arrêtée, d’un coup.

J’ai décidé de tout redéplier avec une coach pour analyser, comprendre, intégrer cet échec. Pour qu’il ne soit pas un boulet fantôme que je traîne, mais une force. J’ai fini par arrêter de penser que j’étais nul, que j’avais tout raté, mais cela a pris du temps ! J’ai commis des erreurs, c’est sûr, mais surtout j’ai compris que j’ai tout fait pour que thetops.fr existe et prospère… et j’ai beaucoup appris. Une étape dans la construction d’entrepreneur, d’homme, de père.

J’ai sorti la tête de l’eau, j’ai recommencé à voir ma famille et mes amis, je me suis remis au sport, j’ai progressivement repris confiance en moi et en mes capacités. Et puis la vie m’a donné un coup de pouce : c’est à cette époque que j’ai rencontré la femme de ma vie, aujourd’hui la mère de ma splendide petite fille.

Une nouvelle aventure pouvait commencer…

Prémices de l’acte 2

Deuxième coup de pouce de la vie : mon ami Ali, le fondateur de la DNVB Shoji, m’a demandé de l’aider sur ses problématiques business stratégiques et opérationnelles (RH, business plan, croissance, etc.). Je l’ai accompagné dans sa levée de fonds, dans son développement. De fil en aiguille, par le bouche-à-oreille et mon réseau, je me suis retrouvé à le faire pour d’autres entrepreneurs de DNVB en freelance. J’ai adoré.

J’ai su ce pour quoi j’étais fait : aider les entrepreneurs / intrapreneurs à développer leur business en partageant mes réussites et erreurs. Pour être encore plus précis et après quelques jours de travail : accélérer l’émergence de nouveaux modèles en aidant les entrepreneurs de DNVB à développer leurs sociétés et à s’imposer sur leur marché. Je comprends les problématiques rencontrées par les fondateurs, j’ai été à leur place. J’ai envie de me servir de mes expériences pour que d’autres évitent mes erreurs et se développent encore plus rapidement et sereinement. Je sais que pour réussir, il faut savoir s’entourer et reconnaître les priorités business. J’ai signé deux groupes du CAC40 et j’ai eu le déclic : les planètes étaient alignées pour une nouvelle aventure. Encore une fois, sans l’avoir vraiment cherché.

Mon souci c’est que je ne connaissais pas vraiment le monde du conseil et passer de freelance à entrepreneur est une étape. Certes, ce n’est pas la plus dure, mais je savais qu’il y aurait quelques sacrifices à faire. Pas question pour moi de reproduire l’expérience thetops.fr. Depuis la fin de l’acte 1 et surtout depuis la naissance de ma fille, mon équilibre pro/perso est primordial. Je suis prêt à me lancer dans une nouvelle aventure entrepreneuriale mais pas au détriment de ma famille, de mes amis, de ma santé. Or équilibre et création de startup ne font pas toujours bon ménage ! J’ai besoin d’ambition autant que de stabilité personnelle.

Acte 2

J’ai cofondé Digital Native Group (DNG). Une société qui accompagne et accélère les DNVB sur les aspects stratégiques, digitaux, datas et opérationnels.

J’ai tout de suite cherché à m’associer malgré ma dernière expérience. Remonter à cheval. Mais cette fois, je n’ai pas cherché à m’associer sur la base de compétences complémentaires, mais principalement sur des valeurs communes. J’ai toujours eu un bon feeling avec Romain Lafitte que j’avais rencontré à l’époque thetops.fr. Il était directeur d’investissements dans un fonds de VC et au board de plusieurs DNVB, notamment Envie de Fraises. On discutait DNVB — cet acronyme auquel il va bien falloir s’habituer ! — et on partageait la même vision, on avait tous les deux envie de les aider à aller plus loin, plus vite. Il est aujourd’hui founding partner de Digital Native Group.

Nous avons développé des méthodologies pour analyser les axes de croissance des DNVB. J’ai envie de transmettre ce que je sais à ceux qui innovent, qui font bouger les lignes, qui n’ont pas peur d’essayer. C’est d’ailleurs ce qui m’anime aussi en tant que mentor dans plusieurs structures.

Nous en sommes à la première page d’un grand livre, de nombreux actes sont encore à écrire. Une idée, une méthode, une passion pour les beaux produits, une opportunité, une rencontre, une équipe qui se construit, des clients heureux. J’ai retrouvé le goût d’entreprendre. Peut-être ne l’avais-je jamais vraiment perdu ? Peut-être ai-je simplement appris le métier ?

Mes parents vous diront que j’ai toujours eu envie d’entreprendre, d’être libre, de faire mes propres choix mais, honnêtement, je ne savais pas vraiment ce que cela voulait dire, être entrepreneur. C’est vrai que j’avais des étoiles dans les yeux devant Pierre Kosciusko-Morizet et Olivier Mathiot, les co-fondateurs de Priceminister, quand jeune diplômé, j’ai fait mes armes auprès d’eux. Ils m’ont fait rêver, vibrer et finalement, c’est eux qui m’ont donné envie d’entreprendre. Je n’ai jamais rêvé d’être entrepreneur… Je l’ai toujours un peu été.

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