2 octobre 2019
2 octobre 2019
Temps de lecture : 3 minutes
3 min
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La France, berceau idéal mais mauvaise mère de scaleups

Terreau fertile régulièrement cité parmi les écosystèmes startups les plus dynamiques du monde, la France est aussi une terre maudite pour ses pépites en hypercroissance.
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Tout va bien pour le capital-investissement français ! Ou presque. Le panorama dressé par le fonds White Star Capital brosse une image idyllique de la France : les records de fonds levés et de nombre d'opérations réalisées sont battus tous les ans, de plus en plus d'investisseurs étrangers - y compris corporates - s'intéressent à l'Hexagone et les exits se multiplient, via des acquisitions ou des entrées en Bourse.

Le fonds insiste sur les points forts de la France : un marché conséquent - le deuxième en Europe - et particulièrement jeune, des ingénieurs qualifiés qui représentent un parfait vivier pour les startups et un réseau de structures d'accompagnement qui ne cesse de se densifier. Pour résumer : la France est devenue, en quelques années, un terrain de jeu idéal pour les investisseurs qui cherchent des projets technologiques à soutenir.

La France, berceau mais pas éleveuse de startups

Pour autant, les chiffres présentés en préambule du panorama de White Star Capital rappellent ce que le dynamisme de l'écosystème ne peut cacher : la France n'a pas de mal à faire naître des startups mais elle peine en revanche à les faire prospérer. Le fonds rappelle ainsi que l'Hexagone se classe second en Europe en matière d'accès au capital, de financement de la Deeptech et de marché e-commerce ; troisième pour le nombre d'exits en 2018 ainsi que depuis le début de l'année et en matière de financement en capital-risque. Pas mal ? Mais pas suffisant : certes, la France est troisième européenne au classement du nombre de licornes mais leurs valorisations sont bien en-deça de leurs voisines.

En effet, aucune des sept licornes recensées par le fonds (qui ne compte pas Meero dans la liste) ne dépasse les 2 milliards de dollars de valorisation. Contrairement à l'Allemagne, la Suisse, la Suède ou la Roumanie qui comptent toutes une licorne ayant même dépassé le cap des 3 milliards. Sans parler de nos voisins d'outre-Manche qui disposent de pas moins de 17 licornes dont trois ont dépassé ce seuil.

La remontada ?

"La France souffre historiquement d'un manque de financement à l'étape de la croissance", rappelle White Star Capital, qui souligne en regard la solidité du modèle français aux stades de l'amorçage et de la série A. La France est cependant en phase de rattrapage par rapport à ses voisins européens et même, dans une certaine mesure, aux Américains. Ainsi, le fonds estime qu'à l'étape de la série A, les startups françaises sont en moyenne mieux valorisées que leurs consoeurs états-uniennes. Les annonces faites ces dernières semaines par l'Élysée doivent également contribuer à accélérer ce rattrapage, voire à prendre une longueur d'avance.

Il faudra néanmoins encore (beaucoup, beaucoup, beaucoup) de travail pour se mettre au niveau de la Chine. Mais, Emmanuel Macron l'a rappelé lors de l'annonce du Next 40 : la France souhaite incarner une troisième voie entre les modèles américains et chinois. Reste à savoir sur quelles bases se dessinera ce nouveau modèle, la Chine semblant effectivement hors de portée dans la course aux capitaux et aux valorisations.