La prise de conscience de la part du numérique dans le bilan carbone des entreprises ne date que de 2 à 3 ans, estime Véronique Torner, chargée du programme Numérique responsable pour Numeum, le syndicat professionnel du secteur. Celui-ci organise cette semaine la première édition du forum Greentech à La Défense, près de Paris, dédié à la rencontre d’acteurs notamment mobilisés depuis la publication en 2018 d’un rapport du cercle de réflexion The Shift Project, qui pointait une consommation d’énergie du numérique en hausse de 9% par an.
L’initiative Planet Tech’Care, lancée il y a un an avec le soutien de l’Etat, réunit désormais 433 entreprises qui se sont engagées à mener des actions pour réduire leur empreinte environnementale liée au numérique. Mais au-delà des déclarations d’intérêt, la première difficulté des entreprises est de quantifier la pollution générée par leurs systèmes d’information. Dans les directions des services informatiques, « 40% des serveurs sont vides » , estime Aurélie Gracia Victoria, dirigeante du cabinet de conseil dans le numérique responsable IJO. « Si on rentabilise l’utilisation des machines, on réduit l’empreinte carbone » , continue-t-elle. Toutefois, la mutualisation des serveurs n’est pas systématiquement la solution la plus adaptée.
Favoriser le réemploi des terminaux
Dans le milieu professionnel comme pour le grand public, la pollution numérique provient surtout des terminaux des utilisateurs, et notamment des écrans qui se multiplient avec le développement du télétravail. « S’il n’y avait qu’une seule question à laquelle s’attaquer, c’est celle du rythme de renouvellement des équipements technologiques » , a appuyé le secrétaire d’Etat au numérique, Cédric O, en ouverture du salon. Selon lui, cela passe par « une mobilisation des entreprises clientes » , ainsi qu’un effort sur l’obsolescence logicielle de la part des géants Microsoft, Google et Apple. En revanche, « la loi est un outil malaisé pour aborder le sujet de l’obsolescence programmée (…) qui relève de l’Europe » , a-t-il estimé.