Damien Bratic, ingénieur médical spécialisé dans le rachis, et Antoine Noel, ingénieur robotique formé au MIT sur les exosquelettes, travaillaient déjà sur une ébauche de leur dispositif médical contre le mal de dos au travail lorsqu'ils ont rencontré Amélie Blondeaux, designer produit sensibilisée au sujet alors qu'un membre de sa famille proche avait été lourdement impacté par la lombalgie.

Tous trois animés par le désir de démocratiser les technologies médicales et robotiques dans le quotidien de chacun, ils définissent dès 2015 les bases de la Wearable Medicine et créent la startup Japet en 2016. Initialement développé pour les centres de rééducation - et plus précisément pour accompagner les patients souffrant de lombalgies dans la reprise d’une activité - le dispositif Japet.W a immédiatement rencontré un franc succès auprès des entreprises.

"Dès qu’on a eu la chance d’avoir une parution presse, des entreprises nous ont contactés pour leurs salariés en incapacité de travail", témoigne Antoine Noel, cofondateur et CEO de Japet. Et pour cause, la lombalgie ou le trouble musculo-squelettique du dos est la première cause d’arrêt de travail et de maladie professionnelle. "Aujourd’hui en France, le coût du mal de dos - et notamment des arrêts de travail qui en résultent -, s’élève à un peu plus d’un milliard d’euros. La sécurité sociale et les entreprises partagent l’addition. Ces dernières sont particulièrement impactées par ce phénomène puisque si on additionne les coûts directs et indirects, un seul et unique arrêt de travail génère, en moyenne, des charges avoisinant les 6.000 euros et le taux de récurrence d’un arrêt de travail pour lombalgie est de l’ordre de 70 %.", explique Antoine Noel.

Une ceinture qui résorbe et prévient la douleur

Si l’exosquelette développé par Wandercraf est un soutien à la marche, conçu pour les personnes atteintes de paralysie ou de faiblesse musculaire sévère, Japet.W permet quant à lui, de lutter contre le mal de dos au travail. "Plus que ça, nous avons développé - grâce au savoir-faire des ateliers de filature lillois - l’exosquelette le plus léger et le plus compact qui permet à des salariés en situation de RQTH (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé, ndlr) de se maintenir dans l’emploi. Les petits moteurs situés à l’intérieur de la ceinture agissent comme des amortisseurs pour la colonne vertébrale. La résorption de la douleur est notre premier secteur d’application, mais notre dispositif est également utile dans le cadre de la prévention. À cette heure-ci, 1,4 million de personnes occupent des postes à risque de lombalgie. Avec le modèle Japet.W, les entreprises pourraient potentiellement prévenir ce risque, 4 à 5 fois plus élevé dans certains cas. Avec la réforme des retraites, les questions de pénibilités ont véritablement émergées. La population est vieillissante et les jeunes ne veulent plus travailler sur ce type de poste. C’est un véritable sujet pour le recrutement.".

Une levée de fonds pour intensifier la diffusion

Après avoir obtenu près de 3 millions d’euros en capital-risque lui permettant de développer le produit et de démarrer sa commercialisation, la startup lilloise Japet lève aujourd’hui 1 million d’euros au travers d’une campagne de financement participatif lancée sur la plateforme Tudigo. Les capitaux issus de cette campagne - qui prendra fin dans 11 jours - faciliteront la diffusion de la solution au sein des entreprises françaises, notamment dans les secteurs de l’agroalimentaire et de l’industrie.

Ils donneront, par ailleurs, à Japet les moyens d’amorcer son déploiement à l’international avec la promesse d’une véritable traction commerciale. "95 % de nos clients sont générés par des demandes entrantes. Entre 100 et 200 entreprises nous contactent chaque mois pour se munir de ce dispositif révolutionnaire et maintenir leur salarié en poste comme à l’instar de la SNCF, d’Engie ou encore de Naval group qui ont d’ores et déjà fait appel à nous", se réjouit le cofondateur avant de confier qu’un nouveau produit, le Japet.W+, devrait être lancé dans quelques jours.