Au printemps 2022, Shadow était sorti du bois pour présenter sa nouvelle vision stratégique après la reprise de la société par Octave Klaba et son fonds Jezby Ventures. Il était alors question de s’ouvrir davantage aux professionnels et aux créatifs, au lieu d’être cantonnés aux gamers, pour diversifier les sources de revenus et ainsi rendre viable le modèle SaaS de l’entreprise tricolore, initialement connue pour son PC dématérialisé dans le cloud.

Depuis, ce virage s’est accentué, et Shadow a présenté ce mercredi 28 juin ses nouveautés pour muscler son offre. A cette occasion, Éric Sèle, le directeur général de l’entreprise, a dévoilé la vision qui anime désormais Shadow, à savoir "démocratiser l’accès à une technologie numérique responsable et performante pour les professionnels et le grand public". Et ce pour répondre à une mission : "créer un leader européen et souverain des services collaboratifs via le cloud qui répondent à chacun des besoins des Français et des Européens."

Une nouvelle grille tarifaire pour les offres grand public

Le timing de cette conférence de presse n’a rien d’anodin puisque la veille, Octave Klaba, le fondateur d’OVHcloud, avait fait savoir qu’il était en passe de finaliser la création de Synfonium, une entité qui a vocation à devenir un champion européen des services numériques basés sur le cloud, avec une position affirmée sur la souveraineté des données. Dans ce cadre, le moteur de recherche Qwant va être complètement détenu par Synfonium, tout comme Shadow. Dans ce rapprochement, Éric Sèle y voit une opportunité pour "atteindre une taille critique", argument également mis en avant par Octave Klaba pour défendre cette opération. Mais le patron de Shadow l’assure : "Il n’y aura pas de changement de stratégie, ni de changement dans la gouvernance."

En étant dans le giron de Synfonium, Shadow se montre au contraire offensif pour devenir un acteur majeur du cloud à l’échelle européenne. Dans ce contexte, l’entreprise, après avoir déployé des produits et des offres à destination des professionnels à l’automne 2022, a revu sa grille tarifaire pour ses offres grand public. Ainsi, l’offre Shadow PC, l’offre historique de la société, est désormais accessible à 32,99 euros par mois, contre 29,99 auparavant, tandis que l’offre Power passe de 14,99 euros par mois à 16,99 euros par mois, une somme qui se cumule avec l’abonnement de base, soit 49,98 euros au total.

Si ces offres sont plus chères, elles proposent cependant des configurations plus puissantes, avec 512 Go de stockage SSD pour chacune d’entre elles. Par ailleurs, l’offre Power voit sa capacité en mémoire vive (RAM) passer de 16 à 28 Go. Ces nouvelles offres sont désormais disponibles pour tous les nouveaux utilisateurs européens de Shadow. A noter que les clients ayant souscrit aux offres existantes peuvent continuer à en bénéficier pour le même prix qu’auparavant.

Une nouvelle fonctionnalité pour utiliser Shadow PC sans téléchargement

Outre une grille tarifaire dépoussiérée, Shadow a également introduit de nouvelles fonctionnalités, dont l’une était particulièrement attendue : Shadow PC in Browser pour accéder à son PC dématérialisé dans le cloud depuis n’importe quel navigateur. Cette fonctionnalité, développée depuis 2022 avec Genymobile, considéré comme un pionnier du streaming Android, va permettre d’offrir une "souplesse totale", promet la société. Elle y voit aussi un moyen de "lever toutes les contraintes et demandes de validation des services IT" dans les entreprises puisqu’il ne sera plus nécessaire de télécharger l’application.

Autre fonctionnalité désormais proposée : Drag and Drop pour permettre aux utilisateurs de déplacer leurs fichiers hébergés sur un PC local vers un PC virtuel. En revanche, cette fonctionnalité n’est pas encore disponible dans l’autre sens (vers le PC local), mais Shadow y travaille. A la différence de Shadow PC in Browser, déployé en Europe dans le courant de l’été, Drag and Drop est seulement disponible pour l’instant en version bêta. A terme, ces deux fonctionnalités vont rejoindre les offres B2B lancées l’an passé.

De quoi commencer à dessiner les contours d’une véritable suite collaborative avec l’appui de Shadow Drive, l’espace de stockage dans le cloud qui est désormais intégré directement à Shadow PC, pour proposer une alternative aux géants américains comme Google et Microsoft. Éric Sèle s’amuse d’ailleurs de son ambition d’aller "chatouiller ces gros acteurs". Des propos qui font directement écho à ceux d’Octave Klaba lorsqu’il s’était positionné en 2021 pour reprendre Shadow. L’entrepreneur d’origine polonaise avait alors déclaré vouloir "développer une alternative européenne à Office365 / G-Suite". Avec cette approche, la société espère ainsi diversifier davantage sa clientèle pour opérer un retour à l’équilibre dès 2024. Dans ce sens, plus de 120 personnes ont été recrutées depuis la reprise de l’entreprise il y a deux ans afin d’écrire le prochain chapitre de Shadow, avec l'espoir de redevenir un fleuron de la French Tech.