Le Fonds du Bien Commun n’est pas un fonds au sens entendu de l’écosystème. À l’initiative de Pierre-Édouard Stérin, business angels et entrepreneur français, il regroupe en réalité quatre activités : un fonds de dotation, un fonds d'investissement, une foncière solidaire et un startup studio. Maddyness s’est entretenu avec Alban du Rostu, cofondateur et directeur général du Fonds du Bien Commun, pour mieux comprendre son fonctionnement.

Pierre-Édouard Stérin, le cofondateur du groupe Smartbox, a eu la main heureuse avec son premier investissement, La Fourchette, devenue the Fork. La revente en 2014 lui aurait permis de récupérer huit fois sa mise de départ. Suite à cela, il a créé son family office, Otium Capital, dont l’un des fonds, Résonance, reverse une partie de ses bénéfices au Fonds du Bien Commun, lui-même créé en 2021.

Un acteur hybride au sein de l’écosystème philanthropique

Le Fonds du Bien Commun est un acteur hybride et unique de l’écosystème philanthropique français, qu’il soutient à travers quatre outils distincts. Un fonds de dotation qui finance les associations reconnues d’intérêt général sous forme de dons et qui représente aujourd’hui plus de 60% de l’activité. Un fonds d’investissement qui investit à long terme dans des jeunes entreprises ou des entreprises matures à fort potentiel, en priorisant l’impact durable sur les territoires et qui représente environ 20% de l’activité. Une foncière solidaire qui vise à mettre l’épargne au service de projets immobiliers porteurs de sens et un incubateur qui accompagne des entrepreneurs sociaux et associatifs à tout stade de développement. Et enfin, un startup studio. 

« Notre studio est la partie qui va le plus se développer dans les prochains mois. C’est un moyen pour nous de remonter la chaine de valeur. Nous n’avions pas un dealflow suffisant sur tous nos sujets, notamment coté entreprises, nous avons donc décidé de le nourrir en permettant à plus d’entrepreneurs de se lancer sur les thématiques qui nous sont chères », commente Alban du Rostu. Les équipes peuvent arriver avec leur projet, mais le studio lance aussi des appels à candidatures pour porter des idées pensées par le Fonds du Bien Commun.  Depuis le mois de mai, une nouvelle entreprise intègre le programme chaque mois. « Pour 2024, nous prévoyons de recruter trente entrepreneurs en résidence », partage Alban du Rostu.

Le studio vient donc nourrir le fonds d’investissement et des synergies existent entre toutes les différentes activités. « Grâce à notre caractère hybride, nous pouvons par exemple soutenir par des dons les associations qui agissent sur le même thème que les entreprises dans lesquelles nous investissons », souligne Alban du Rostu.

Le Fonds d’investissement du Bien Commun

Toutes ces activités sont au service de quatre secteurs : l’éducation, la croissance humaine & spirituelle, la solidarité et le patrimoine & la culture. « Ces activités sont liées par une conviction forte : dans dix ans, il ne sera plus possible d’attirer des capitaux et des talents par la seule motivation de l’argent. À ce moment-là, la différence sera faite entre les sociétés qui sont impact by design, c'est-à-dire celle dont l’essence est fondamentalement liée à l’impact et celles pour qui l’impact est cosmétique », commente Alban du Rostu.

Côté éducation, le fonds a par exemple investi dans les cours Legendre et, pour la partie croissance humaine et spirituelle, dans Meditatio, une application de méditation chrétienne. Pour la partie solidarité, le fonds va investir dans des solutions techniques pour les associations, comme des solutions de e-shop pour les associations, côté culture, il a par exemple investi dans Neo.tv, un média social centré sur la diffusion de contenus positif.

Le fonds d’investissement a déployé environ 20 millions d’euros à travers une quinzaine de participations sur les 18 derniers mois. Pour le moment, le portefeuille est à 100% français, mais il devrait s’internationaliser au fur et à mesure que les sociétés du portefeuille s’exporteront.

Pour pousser la démarche jusqu’au bout, toutes les activités fonctionnent dans un objectif de philanthropie. « Nous ne prenons pas de carried interest. Tout ce qui est généré est reversé aux associations », confie Alban du Rostu.