La startup Unseenlabs, qui géolocalise les navires par nanosatellite grâce à l'interception de leurs signaux de radiofréquence, a annoncé mardi avoir effectué une levée de fonds «record» de 85 millions d'euros qui servira à accélérer son développement. L'entreprise basée à Rennes avait déjà levé 27,5 millions d'euros depuis sa création en 2015.

Ce nouvel apport provient de ses investisseurs historiques (fonds 360 Capital, Omnes, Bpifrance, le fonds régional Breizh Up et S2G Venture) ainsi que de nouveaux venus (Supernova Invest, Isalt et Unexo). «Cette levée de fonds va accélérer notre croissance, avec des investissements stratégiques dans le lancement de satellites supplémentaires, l'expansion sur les marchés clés internationaux et le développement de nouvelles solutions pour renforcer notre avance technologique», affirme l'entreprise dans un communiqué.

10 satellites supplémentaires déployés d'ici fin 2025

Depuis 2019, Unseenlabs a lancé 11 satellites d'une dizaine de kilogrammes qui sont en orbite entre 500 et 600 kilomètres d'altitude. Elle compte en déployer une dizaine de plus avant la fin 2025. Deux nouveaux satellites, BRO-12 et BRO-13, doivent notamment être lancés début mars par une fusée Falcon 9 de l'entreprise américaine SpaceX.

Ces satellites captent les signaux de radiofréquence des navires, uniques à chaque bateau, même si ceux-ci ont coupé leur transpondeur AIS (système d'identification automatique) afin de ne pas être repérés. On les appelle les «Dark ships». Il suffit qu'un navire à un moment donné branche son AIS pour avoir son nom et l'associer à une signature électromagnétique.

Constituer un fichier complet de tous les navires dans le monde

A terme, l'entreprise entend constituer un fichier complet de tous les navires dans le monde. La multiplication du nombre de satellites permettra de repasser plus fréquemment sur une même zone, toutes les 30 minutes, contre toutes les 6 heures auparavant. Ils permettent une localisation d'une précision de un à cinq kilomètres, avait expliqué l'an passé à l'AFP son président et co-fondateur Clément Galic.

«La radiofréquence, c'est la première couche d'analyse de surveillance maritime, on a une vision exhaustive d'une très large zone, 100 à 1 000 fois plus grande qu'un satellite optique», avait-il détaillé. Cette technologie permet de lutter contre la pêche illégale, les trafics illicites et la piraterie notamment. Le ministère français des Armées a d'ailleurs investi dès 2018, via son fonds Definvest, dans Unseenlabs et utilise ses services.