Décryptage par MADDYNESS AVEC L'AMBASSADE DU ROYAUME-UNI EN FRANCE
écrit le 14 mars 2024, MÀJ le 11 novembre 2024
14 mars 2024
Temps de lecture : 7 minutes
7 min
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De centre financier à pôle Fintech : pourquoi les acteurs de la Fintech se précipitent vers le Royaume-Uni

Le milieu de la finance britannique repose sur la présence de startups disruptives comme sur celle d’institutions séculaires. Un terrain fertile pour encourager l'innovation dans la Fintech.
Temps de lecture : 7 minutes

Si la scène des startups britanniques s'est considérablement enrichie ces dernières années, un secteur en particulier a prospéré : la Fintech.

Peu de pays peuvent se vanter d’avoir eu autant de succès dans le domaine des technologies financières. En effet, c’est au Royaume-Uni que se trouvent Monzo, Revolut, Starling et Funding Circle, pour ne citer que quelques noms. Au cours de la dernière décennie, l'innovation dans la Fintech a trouvé un ancrage tout naturel au Royaume-Uni, en s'appuyant sur le robuste secteur des services financiers britanniques. Au cours des six dernières années, 30 % du total des investissements britanniques en capital-risque a été consacré à la Fintech – plus de 40 milliards de dollars au total. Le secteur représente actuellement un tiers des licornes britanniques

Partant de ce constat, une nouvelle génération de startups fintechs internationales voit le Royaume-Uni comme le pays idéal pour se lancer ou se développer. Voyons pourquoi le Royaume-Uni est devenu une destination si prisée pour l'innovation financière.

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La présence de bases financières solides

La prééminence du Royaume-Uni dans le domaine des services financiers n'est pas nouvelle : le pays abrite certaines des plus anciennes institutions financières au monde. Il est devenu un pôle reconnu dans le monde entier en matière de gestion de patrimoine, de gestion d'actifs, de réglementation financière ou encore d'assurances. 

Londres est un centre de services financiers de renommée internationale. La capitale est l'épicentre de l'innovation dans ce secteur, et accueille les "Big Four", les quatre principales banques d'investissement mondiales et fonds spéculatifs. Il est donc logique qu’elle soit la destination favorite des jeunes pousses de la Fintech. En ce qui concerne le nombre de startups fintechs qui y sont installées, Londres est première en Europe.

Les opportunités dans le secteur financier sont d’ailleurs présentes dans tout le Royaume-Uni : en tout, un tiers des fintechs britanniques sont installées en dehors de Londres. Manchester bénéficie d’un excellent réseau d’accès aux prêts et s’intéresse à la Regtech (“regulatory technology”) et aux technologies de paiement. Le secteur de la Wealthtech et de la gestion d'actifs est solide à Édimbourg, boosté par la présence des géants des services financiers tels qu'Abrdn, Natwest Group et Rathbones, qui ont installé leurs bureaux en Écosse. Il faut également noter Cardiff, au Pays de Galles, qui accueille le géant des assurances Admiral Group. La ville s’est taillé une place de choix dans ce secteur, et les investissements dans les fintechs galloises ont augmenté de 300 % depuis 2022

Ce riche environnement de services financiers exerce un attrait considérable sur les fintechs, qui s'appuient souvent sur les institutions financières déjà présentes pour constituer une partie de leur clientèle, ou pour nouer des partenariats et ouvrir de nouvelles voies dans un secteur en évolution constante.

C’est cette double opportunité, qui consiste à exploiter le vaste secteur de la gestion d'actifs au Royaume-Uni tout en le faisant évoluer, qui a incité Sam Duncan à lancer son entreprise Net Purpose au Royaume-Uni. Celle-ci aide les gestionnaires d'actifs à évaluer et à analyser leurs investissements durables, en passant par une plateforme complexe recensant les données qui permettent de prendre des décisions éclairées et d'accélérer les investissements dans des projets environnementaux. 

Lorsqu'elle a dû choisir entre la scène technologique californienne, établie de longue date, et les opportunités émergentes de la Fintech au Royaume-Uni, Sam Duncan a opté pour cette dernière option, séduit par la réputation britannique en matière d'investissement durable.

« Le Royaume-Uni est au cœur de l'investissement responsable. Il s’agit d’un des pays les plus en avance en termes de réflexion, d'attitude et de développement de cet écosystème », explique Sam Duncan. « En outre, nous développons une activité de marchés de capitaux, et Londres s’avère être un des plus grands centres financiers au monde. »

En 2022, 5,4 milliards de livres ont été investis dans des fonds durables, dans un secteur de la gestion d'actifs qui représente 8,8 milliards de milliards de livres au Royaume-Uni. Cela démontre non seulement l'intérêt pour l'investissement durable présent dans le pays, mais aussi les potentialités de développement qui entourent cette opportunité. Ce phénomène est très certainement alimenté par les Sustainable Disclosure Requirements (SDR), la « réglementation anti-greenwashing » du Royaume-Uni, qui vise à renforcer les règles relatives aux exigences en matière de durabilité des produits et investissements durables.

C'est également la maturité du marché britannique – cette fois, en matière de négociation et d'investissement – qui a attiré le fondateur de Shares, Benjamin Chemla. Sa plateforme combine le trading et l'investissement avec les réseaux sociaux, et permet aux utilisateurs de suivre leurs contacts ainsi que des influenceurs lorsque ceux-ci prennent des décisions en matière d'investissement. Pour lancer cette communauté, Shares devait cibler un marché plus enclin aux investissements à haut risque. 

« Culturellement, les Britanniques sont moins hostiles au risque. Je ne pense pas que nous aurions connu une progression aussi rapide dans un autre pays », explique Benjamin Chemla.

L’accès au capital institutionnel et aux talents

L’un des avantages majeures de la présence d’un secteur des services financiers établi est le volume d'investissements institutionnels que reçoivent les startups innovantes.

Barclays Eagle Labs et Natwest Entrepreneur Accelerator sont deux exemples de programmes de soutien à l'investissement mis en place ces dernières années par des institutions financières historiques. Le géant des assurances Aviva est une autre entreprise qui investit dans l'innovation, par l'intermédiaire de sa société de capital-risque Aviva Ventures, mais aussi grâce à son partenariat fintech avec l'accélérateur Founders Factory installé au Royaume-Uni. 

Le pays accueille également un des réseaux de capital-risque les plus complets pour les entreprises fintechs. Seedcamp, Anthemis et Octopus Ventures ne sont que quelques-unes des centaines de sociétés de capital-risque qui accompagnent les fintechs britanniques. Net Purpose en a directement bénéficié, lorsqu’ETF Partners, un acteur basé à Londres, a dirigé sa série A de 10 millions de livres sterling en 2022. 

Les fintechs bénéficient également du riche vivier de talents qui affluent au Royaume-Uni, qu’il s’agisse de diplômés formés à la finance traditionnelle ou d’experts d’un secteur tentés à l’idée de créer leur propre entreprise. 

Pour Benjamin Chemla, cet accès à des talents de qualité est l'un des atouts du Royaume-Uni. Son équipe, qu’il a formée au Royaume-Uni, est dirigée par l'ancien responsable de la plateforme de trading de la banque en ligne Revolut. « Ce pays a historiquement de très bons résultats en matière de création de produits fintechs destinés aux consommateurs », explique-t-il.

Le soutien du gouvernement britannique à l'avenir de la Fintech

Les réglementations prises en 2015 en faveur de l’Open Banking – ce cadre qui visait à faire du Royaume-Uni un leader mondial de ce domaine – ne sont qu'un exemple de la manière dont les initiatives du secteur public peuvent contribuer à l'innovation et à l'expansion de la Fintech.

Le gouvernement britannique a continué à mettre en place de multiples programmes pour stimuler l'innovation, que ce soit en concluant des accords de rapprochement en matière de Fintech avec des pays partenaires, ou en mettant en place un certain nombre de réglementations « sandbox » pour aider les startups à tester leurs produits. Il faut également mentionner la récente création du Unicorn Council, un organisme indépendant composé de leaders de la Fintech (parmi lesquels les PDG de Zilch, ClearScore, Quantexa et Monzo) et dirigé par Innovate Finance, qui vise à conseiller le gouvernement sur des décisions majeures. 

Chez Net Purpose, Sam Duncan a été comblé par le soutien qu'elle a reçu du secteur public. Elle cite notamment les événements de mise en relation avec des gestionnaires d'actifs majeurs, d’un accompagnement lors de missions commerciales à New York, Tokyo et Abou Dhabi, ou encore le développement d’une relation avec l'ambassade à Paris au moment où la startup a souhaité se développer à l'étranger. 

Pour elle, il n'y a aucun doute quant aux ambitions du gouvernement britannique en ce qui concerne le secteur de la Fintech : « le Royaume-Uni a vraiment redoublé d'efforts dans le domaine de la Fintech et y accorde beaucoup d’importance. » 

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