Quand il s’agit d’être pessimiste, les Français ne sont jamais les derniers pour tenir un discours alarmant, y compris à l’égard d’eux-mêmes. Pourtant, les dirigeants tricolores sont plutôt optimistes, voire enthousiastes, en matière de compétitivité internationale sur les sujets technologiques.

C’est en effet ce qui ressort de la deuxième édition du baromètre de la confiance des dirigeants dans la tech de Viva Technology, conduit par OpinionWay. Dans ce cadre, ce sont plus de 1 700 dirigeants d’entreprise de plus de 50 salariés qui ont été interrogés en France (305), en Allemagne (253), en Espagne (210), en Italie (210), au Royaume-Uni (210), aux États-Unis (260) et au Canada (260) durant le mois de décembre 2024.

La France au niveau de l’Allemagne

Certes, les Français ne sont pas encore au niveau des États-Unis, où les dirigeants d’entreprise estiment que leur pays est à la pointe pour 92 % d’entre eux. Néanmoins, les patrons français (76 %) sont aussi optimistes que leurs homologues allemands (76 %) et même davantage que les dirigeants canadiens (74 %), espagnols (70 %) et italiens (64 %) concernant la compétitivité de leurs entreprises.

Celle-ci est avant tout portée par des talents hautement qualifiés (45 %), des investissements continus en R&D (44 %) et une forte réputation et reconnaissance internationale (43 %) pour l’ensemble des dirigeants interrogés. Toutefois, les patrons américains (45 %) et français (39 %) estiment que les collaborations internationales constituent un facteur clé pour renforcer leur compétitivité.

L’IA, investissement prioritaire pour l’ensemble des patrons

Sur l’adoption des innovations technologiques par leur pays, les Américains (87 %) et les Britanniques (82 %) estiment qu’ils sont précurseurs à l’échelle mondiale. De leur côté, les patrons français sont 71 % à penser que l’Hexagone est à la pointe au niveau de l’adoption des innovations technologiques, légèrement en-dessous de la moyenne internationale qui s’établit à 76 %, mais en progression de 10 points par rapport à l’an passé. En revanche, les dirigeants italiens (44 %) estiment que leur pays est en retard. Sur les freins pouvant refroidir l’adoption de ces innovations, les problèmes de conformité réglementaires, la protection des données, la résistance aux changements et le manque de personnel qualifié sont cités par les répondants.

Sur les innovations technologiques, difficile de passer à côté de l’intelligence artificielle. Il n’est donc pas surprenant de voir que l’ensemble des patrons interrogés placent l’IA comme la technologie la plus susceptible d’avoir un impact sur l’activité des entreprises (65 %), loin devant la cybersécurité (41 %) et le cloud computing (39 %). C’est assez logique alors que l’IA, actuellement dans sa phase générative, avant de basculer vers l’IA agentique puis physique, s’érige comme un nouveau socle technologique indispensable, comme Internet il y a 25 ans. Par conséquent, 85 % des entreprises interrogées ont prévu d’augmenter leurs investissements en matière d’IA au cours des 12 prochains mois. La France, qui s'apprête à accueillir le Sommet pour l'action sur l'IA dans quelques jours, peut notamment s'appuyer sur un écosystème de 750 startups dans l'IA, selon le mapping réalisé par France Digitale.

9 dirigeants sur 10 confiants dans la tech pour relever les grands défis de notre époque

Si l’IA, comme beaucoup d’autres technologies, est source d’angoisses quant à ses usages potentiels, elle peut être aussi bénéfique. Ainsi, si 70 % des dirigeants interrogés s’inquiètent de l’impact négatif de la tech sur l’environnement, notamment à cause des data centers par exemple, ils sont 9 sur 10 (90 %) à considérer la technologie dans sa globalité comme une solution aux grands défis de notre époque.

Les patrons estiment notamment qu’elle peut être utile pour favoriser l’empowerment des populations en relevant les défis du système éducatif (45 %), ainsi qu’en facilitant l’accès à l’information et la lutte contre la désinformation (42 %). Trois quarts des dirigeants (77 %) ont d’ailleurs fait part de leurs inquiétudes au sujet des questions d’atteinte à la vie privée et de la prolifération de fake news et la difficulté à les identifier.

Sur une note plus positive, 81 % des dirigeants estiment que l’écosystème tech favorise la diversité et l’inclusion. Cette perception a d’ailleurs progressé en France, avec 32 % des dirigeants convaincus sur ce point, contre 18 % en 2024. Une dose d’optimisme dans le contexte actuel, c’est toujours bon à prendre. Mais le chemin à parcourir reste conséquent pour accroître l’impact positif de la technologie pour relever les grands défis sociétaux et environnementaux.