500 milliards de dollars pour le plan Stargate aux États-Unis, des investissements qui pourraient dépasser les 320 milliards de dollars par la Big Tech en 2025, 109 milliards du côté de la France, les annonces se succèdent à un rythme effréné ces derniers temps en plein Sommet pour l’Action sur l’IA. Une effervescence qui, paradoxalement, pourrait être à même de conforter les démarches engagées par les grandes entreprises internationales comme le souligne un rapport publié par Wavestone et La French Tech Grand Paris en partenariat avec Viva Technology et le Hub France IA.
« C’est peut-être une surprise pour les contributeurs de ce rapport, mais beaucoup d'entreprises ont l'impression d'être en retard sur le sujet de l'IA, alors qu'en réalité elles ne le sont pas et en plus, elles ont à peu près toutes les mêmes défis, de démonstration de la valeur, de mise à l'échelle, de formation, d'organisation et de gouvernance » décrypte Chadi Hantouche, associé chez Wavestone et coordinateur de ce rapport, pour lequel une quarantaine de leaders en charge de l’IA dans des grandes entreprises internationales ont été mobilisés.
Le moment internet en 98
En fait, l’essor actuel de l’IA générative met sous les feux des projecteurs un sujet sur lequel les grandes entreprises internationales travaillent pour certaines depuis plus de 10 ans. « On est un peu dans un moment que j'appelle internet en 98, c'est-à-dire que tout le monde a très bien compris le potentiel de la techno, mais tout ça met du temps à infuser et il faut revenir à une approche un petit peu rationnelle pour trouver là où il faut commencer pour avoir le meilleur retour sur investissement » poursuit-il.
Le rapport souligne en effet que la valeur réelle peine encore à être démontrée en entreprise et que de nombreux défis se posent quant à la responsabilité environnementale, à l’éthique et à la cybersécurité, ou encore l’anticipation de ces changements tant en termes de recrutement que de ressources humaines. L’essor de l’IA générative a en tout cas amené les entreprises à revoir leur gouvernance de l’IA, d’une approche purement technique à une approche stratégique alignant les cas d’usage avec leurs objectifs. Selon Alexandra André, directrice générale de la French Tech Grand Paris, « ce serait intéressant de faire le même travail sur les ETI, qui ont des enjeux différents, que ce soit en termes de gouvernance ou encore de formation, pour l’appropriation de l’IA ».
L’autonomie stratégique des entreprises
Il est aussi question de l’autonomie stratégique des entreprises qui va nécessiter une attention particulière à la manière dont l’IA est déployée au sein de leur structure dans un contexte de réglementations différentes entre leurs pays d’implantation. « Entre l’AI Act, et la vague de dérégulation actuelle aux États-Unis, c'est effectivement une complexité, mais qu’au final les grandes entreprises savent traiter, parce qu'elles le vivent dans beaucoup d'autres domaines. C’est dans le même temps une opportunité aussi sans doute de capter plus d'idées, plus d'innovations », pondère Chadi Hantouche. « Je pense que les grands groupes, en tous cas français, ont un devoir quand même à un moment donné de porter et de supporter nos acteurs européens,car c'est comme ça que nous réussirons en fait à tenir la puissance face aux géants américains et chinois » complète Alexandra André.