À l’occasion de l’événement M/K IA organisé par Maddyness, le 29 avril 2025, Clara Chappaz, ministre chargée de l'Intelligence Artificielle (IA) et du Numérique, a appelé l'écosystème à construire une intelligence artificielle française ambitieuse, responsable et pleinement adoptée par les citoyens. Investissements massifs, cadre réglementaire simplifié, dialogue renforcé avec la population : l’État entend conjuguer innovation technologique et confiance sociétale pour faire de la France un leader de l'IA aligné avec ses valeurs.

Face aux acteurs du secteur, Clara Chappaz a commencé par rappeler l'engagement de l'État à soutenir la montée en puissance de l'intelligence artificielle. “J'étais extrêmement fière d'avoir pu travailler à cet investissement massif qui a été annoncé par le président de la République de 109 milliards d'euros” a-t-elle souligné, évoquant un plan dédié à la recherche, à l'industrialisation et aux startups. Consciente de l'intensité de la compétition mondiale, elle a assuré : “Est-ce qu'on est toujours dans la course ? Oui, plus que jamais.”

Au-delà du financement, le gouvernement veut lever les freins réglementaires. “On a apporté des choses importantes comme un amendement qui permet d'accélérer l'implantation de data centers”, a précisé la ministre, appelant à agir vite : “La capacité de déploiement que vous voulez dévoiler, elle n'a pas des années à attendre.” Un soutien qui s'appuie sur un écosystème en pleine dynamique, fort de “1 000 startups ou encore de 14 médailles Fields connus dans le monde entier”, positionnant la France parmi les pays moteurs de l'IA mondiale.

Gagner la bataille de la confiance auprès des citoyens

Si la France veut devenir une puissance de l’IA, elle doit d'abord convaincre sa population d’adhérer à cette transformation technologique. Clara Chappaz a livré un constat sans détour, issu de ses échanges des “Cafés IA” : “Quand on écoute les citoyens, ce qu'ils ont à nous dire, c'est assez simple. La première chose, c'est : on a peur.”, a-t-elle rapporté.

Ces peurs, a-t-elle précisé, concernent à la fois “l'usage des données, la manipulation de l'information et, plus largement, la crainte d’une perte de contrôle sur la technologie.” Pour la ministre, cette méfiance doit être prise très au sérieux : “Je crois qu'on ne pourra gagner que si on est tous motivés dans cette salle ensemble”, a-t-elle insisté, en appelant à une mobilisation collective de l’écosystème.

Face à ces inquiétudes légitimes, Clara Chappaz plaide pour une approche équilibrée combinant régulation et innovation. “Il faut faire la régulation si nécessaire pour poser un cadre de confiance, mais sans dire : on régule pour réguler, et ensuite on empêche d'innover”, a-t-elle averti.

Mais au-delà de la législation, Clara Chappaz a insisté sur l'importance de la pédagogie et des preuves concrètes pour construire la confiance. Elle a encouragé les entrepreneurs et porteurs de projets à démontrer l’utilité réelle de l’IA dans la vie quotidienne : “Montrer très concrètement à quoi ça sert.” Une démarche de terrain jugée indispensable pour reconnecter l’innovation technologique aux attentes des citoyens.

Mobiliser l’écosystème pour construire un modèle européen d’IA

En conclusion de son intervention, Clara Chappaz a lancé un appel direct à l’ensemble de l’écosystème. Entrepreneurs, chercheurs, décideurs : tous sont appelés à s’engager activement pour bâtir un projet d’IA ambitieux et cohérent avec les valeurs européennes. “Vous pouvez absolument compter sur moi et je compte sur vous pour pouvoir faire avancer cette grande histoire de l'IA, la construire ensemble” a-t-elle lancé avec énergie.

L’enjeu dépasse de loin la seule question de compétitivité économique. Il s'agit d’un choix de modèle de société : “C'est une question fondamentale, même plus lentement, pour le modèle européen que nous faisons.” À travers le développement d'une intelligence artificielle fidèle aux valeurs démocratiques, respectueuse des droits fondamentaux et au service du progrès humain, la France ambitionne de démontrer que l’innovation technologique peut rimer avec responsabilité.