« Le métier de la banque, c’est de faire fructifier l’argent des particuliers, leur épargne, en faisant fonctionner des modèles d’allocations et des modèles de prise de risque. C’est là où l’intelligence artificielle générative est game changer », commence Claire Calméjane, directrice générale France de Foundever. L’IA s’apprête en effet à bouleverser le monde de la finance pour le rendre plus efficace et lui permettre de retrouver des gains de productivité. « Il y a déjà un impact très positif », affirme Benoît Peloille, chief investment officer chez Natixis Wealth Management.
« L’IA, nouveau gourou de la finance ? » C’est lors de ce panel, pendant la MKIA à la Salle Gaveau le 29 avril dernier, que Benoît Peloille, Claire Calméjane et Pierre-Antoine Dusoulier, fondateur et CEO d’Iban First, ont démontré comment l’intelligence artificielle transforme le secteur de la banque, de l’assurance et de la finance. D’après le chief investment officer, l’IA contribue déjà « à un retour à un environnement beaucoup plus normal pour le fonctionnement bancaire et le fonctionnement des marchés financiers ».
« Une solution quasi-miracle »
Benoît Peloille développe : « Le secteur bancaire était victime d’un environnement quasi-toxique avec des taux d’interêts extrêmement bas. La raison fondamentale derrière cela est le déclin des gains de productivité subit depuis deux décennies. Justement d’un point de vue macro-économique, grâce à l’IA, nous allons pouvoir renouer avec un environnement de taux plus normaux car nous allons élever nos perspectives de croissance potentielle. » Dans les années à venir, avec le déploiement de l’intelligence artificielle, on le PIB mondial pourrait atteindre une croissance de 10 à 15% sur dix ans, grâce aux gains de productivité.
Chez iBan First, une infrastructure de paiement pour les entreprises, Pierre-Antoine Dusoulier en fait déjà l’expérience. « Les gains de productivité les plus importants sont au niveau des équipes marketing et commerciales. » Le fondateur a déployé plusieurs outils IA pour accompagner ses équipes et essaye de tester différentes solutions à tous les niveaux. « L’efficacité de nos forces de ventes est supérieure de 30% depuis que nous avons mis en place les bons outils. » Mais ces tests représentent un investissement. En termes de revenu, « l’implémentation de bons outils IA représente un coût de 3 à 4% pour me rapporter 10% », souligne le fondateur.
« Perfectionner les valorisations des sociétés »
Pour embrasser cette révolution technologique, il est indispensable pour les entreprises de tous secteurs de tester différentes modèles et applications d’IA. Mais la finance et le bancaire sont peut-être un peu plus réticents à ce changement de paradigme. « Il y a de vraies limites sur la sécurité et sur comment intégrer de l’humain dans ces nouveaux process », explique Claire Calméjane. « Comment mettre de l’humain, pas seulement en tant que secours d’une solution technologique mais comme pilote d’une série d’agents qui fonctionne ? »
« Nous avons désormais accès à énormément de modèles et de nouvelles données auxquels nous n’avions pas accès auparavant. Nous nous dirigeons de plus en plus vers le métier de gérant augmenté », analyse Benoît Peloille, de Natixis Wealth Management. Par exemple, pour prendre la décision d’investir dans une société de retail, l’analyste peut désormais exploiter les images satellites des parkings des chaînes de supermarché dans le monde entier, donnant un indice sur la fréquentation et donc la performance des établissements. « Ces nouvelles tendent à perfectionner le modèle de valorisation des sociétés », confirme le chief investment officer.
Déployer l’IA à tous les niveaux
Cependant, ces nouveaux modèles d’IA appliqués à l’analyse du risque financier ne sont pas tout à fait au point. « Sur le long terme, l’analyse de l’IA ne tient pas », insiste Claire Calméjane, notamment car les LLM vont s’appuyer sur des sets de données biaisées. La data est bien sûr clé dans ce secteur. « Nous avons toujours fait extrêmement attention à nos données. Nous avons créé une expertise en connaissant parfaitement nos clients. », témoigne Pierre-Antoine Dusoulier. Autre limite relevée par l’entrepreneur : les hallucinations de l’IA. « Un agent qui répond directement à un client, c’est super, mais il faut le limiter ! »
« Nous sommes en train, à 10 ans, de redéfinir la façon dont les chaînes de la valeur de la finance fonctionnent », conclut la directrice générale France de Foundever. Cette révolution commence maintenant et, les trois professionnels s’accordent, il faut s’acclimater dès maintenant à utiliser l’IA au quotidien, et cela à tous les niveaux de l’entreprise.