La vidéo est impressionnante. Une tentative d’enlèvement en plein Paris qui visait la fille du cofondateur et PDG de Paymium, une plateforme française d’échange de cryptos, a provoqué de vives réactions. D’autant plus que cet évènement arrive après deux autres enlèvements et tentatives d’extorsions qui visaient des acteurs du secteur depuis le début de l’année. Le dernier épisode a provoqué une levée de boucliers. Éric Larchevêque, cofondateur de la licorne Ledger et de Coinhouse, et Pierre Noizat, père de la victime et cofondateur de Paymium, ont tous deux dénoncé une “mexicanisation de la France”.
Bruno Retailleau a donc organisé ce vendredi matin une réunion pour trouver des solutions avec les acteurs du milieu, des représentants de la police et de la gendarmerie, ainsi que l’Adan, l’Association pour le Développement des Actifs Numériques. Au sortir de cette entrevue, plusieurs mesures ont déjà été annoncées. Parmi elles, les acteurs du secteur et leurs proches auront un accès prioritaire au 17, et les plus à risque auront un briefing de sécurité avec le GIGN, le RAID ou la BRI. De plus, Ils recevront une consultation de sûreté à leur domicile par la police ou la gendarmerie. Enfin, une formation sur la lutte contre le blanchiment de crypto actifs va être déployée aux policiers et gendarmes.
Un premier pas, pas suffisant selon certains
Malgré ces annonces, certains ont critiqué le manque de concret. L’expert en cybersécurité et en crypto Renaud Lifchitz a par exemple ironisé sur X : "Priorité d'appel au 17: inutile une fois tabassé, dans une camionnette et débarrassé de son téléphone!"... Éric Larchevêque a de son côté déclaré sur le même réseau social : "Ce que je souhaite, c’est d’avoir les moyens légaux de nous protéger nous-mêmes. Dans le respect de la loi, dans l’esprit d’une légitime défense réelle et reconnue".
Les acteurs cryptos ont aussi insisté sur deux autres points qui leur paraissent majeurs. Le premier, c’est l’éducation aux crypto actifs. En clair, ils reprochent au débat public sur le sujet de véhiculer de fausses informations, comme l’intraçabilité des transactions, qui permettrait aux ravisseurs de passer sous les radars une fois la rançon reçue.
Le deuxième point, c’est la présence de leurs informations personnelles sur des sites comme pappers.fr ou société.com, où il est très facile de retrouver l'adresse de nombreux entrepreneurs, les mettant ainsi à la merci de potentiels ravisseurs. Guillaume Berthault, le PDG de société.com a réagi dans la journée en déclarant qu’il est «urgent de faire évoluer notre législation pour séparer clairement la sphère privée de la sphère publique lorsqu’on entreprend». En cause, la loi qui impose aujourd’hui aux dirigeants des entreprises françaises privées une totale transparence concernant leurs informations légales. Outre toutes ces annonces, le ministère de l’Intérieur a annoncé le lancement dès lundi d’un “travail approfondi avec la filière” pour mettre en place d’autres mesures de court terme.