C’est la cinquième startup française du quantique. Quobly qui veut construire un ordinateur quantique, commence à se faire un nom, aux côtés des quatre grandes autres du secteur que sont Pasqal, Alice & Bob, C12 et Quandela. Quobly conçoit pour l’instant une puce quantique en silicium, un matériau plutôt utilisé dans l’industrie des semi-conducteurs, que dans le quantique. Cependant, elle souhaite à terme construire un ordinateur quantique, comme ses concurrents. Ce dernier pourrait être alors capable de concevoir plus vite des médicaments, d’améliorer les performances des entrepôts logistiques ou de mieux anticiper les catastrophes naturelles soudaines.
Afin d’automatiser à terme son ordinateur quantique, la startup grenobloise, issue des travaux du CEA et du CNRS, annonce aujourd’hui une nouvelle étape dans son développement. Elle lance un jumeau numérique à destination des grands industriels. Le but : leur permettre de modéliser aisément, sans surcoûts, leurs opérations industrielles en lien avec la technologie quantique. Ils pourront ainsi mieux anticiper les usages de leurs utilisations industrielles du quantique. « Ce jumeau numérique va leur permettre de prédire leurs problématiques concrètes comme la chimie quantique et la découverte de matériaux, la finance quantitative soit la gestion de portefeuille, le développement pharmaceutique, ou encore l’intelligence artificielle, en particulier l’apprentissage profond » selon le communiqué de presse de l’entreprise. Ce jumeau numérique a été élaboré avec la startup française QPerfect, experte en la matière. Il est disponible sur la plateforme d’OVH Cloud.
Une stratégie de développement "pas à pas"
Avec ce lancement, la jeune pousse continue de grandir. « La création de ce jumeau numérique est un outil puissant pour préparer le passage à l’échelle avec nos clients », souligne Maud Vinet, CEO et cofondatrice de Quobly. Afin de commencer à s’industrialiser, l’entreprise a noué un partenariat il y a quelques mois, avec le géant français des semi-conducteurs ST Microelectronics. Celui-ci vise à améliorer la qualité de sa puce en silicium afin qu’elle intègre des qubits, l’unité de mesure du quantique. La jeune pousse a aussi annoncé il y a deux semaines l’obtention d’un financement de 21 millions d’euros. Ce dernier est composé de quinze millions d’euros de subventions par Bpifrance et de six millions investis en fonds propres par Quobly. Il fait suite à un tour de table de dix-neuf millions d’euros en 2023, soit un record pour le financement de démarrage d'une startup européenne dans le secteur quantique.
Quobly ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. « Nous sommes en bonne voie pour lever jusqu’à 100 millions d’euros cette année », affirme Maud Vinet, docteur en physique quantique, qui a travaillé chez IBM pendant 5 ans. La startup déroule pour l’instant sa stratégie « pas à pas ». « A horizon de 2030, nous serons capables de livrer plus d’un million de qubits, soit la quantité qui permet de développer un vrai ordinateur quantique », souligne Maud Vinet. L’entreprise qui emploie 72 salariés, a généré déjà 10 millions de chiffre d’affaires auprès de la commande publique et du programme « Proqcima ». Ce dernier embarque les cinq grandes startups françaises du quantique pour équiper l’Etat et la France de deux prototypes d'ordinateurs quantiques, fabriqués dans notre pays, d'ici 2032.