Inconnue encore il y a quelques mois, le booth de Habs ne désemplit pas à VivaTech. Et ce n’est pas seulement grâce aux macarons Ladurée mais surtout grâce à l’expérience proposée par la jeune pousse. Habs propose aux curieux de découvrir les émotions que leur procure la dégustation de ces petits gâteaux chocolat, vanille ou aromatisé au thé. Comment ? Avec six capteurs positionnés sur la tête de celui qui vit l’expérience.
Ces capteurs placés dans un espèce de serre-tête qu’on dépose sur la tête sont en réalité un « décrypteur cérébral », selon l’expression d’Olivier Locufier, fondateur d’Habs. Cet accessoire permet donc de capter les neuromarqueurs, ces ondes qu’émet notre cerveau lorsqu’on ressent une émotion.
« Nous avons de neuromarqueurs dans nos émotions positives ou négatives, mais nous avons aussi découvert des neuromarqueurs plus complexe, liés aux intentions, a la douleur ressentie par un être humain, ou encore à la consommation de drogue ou d’alcool », explique le fondateur.
Confiance, joie, souvenirs : ce que cache un macaron vanille
Prenons un exemple concret : lorsque chacun d’entre nous déguste un macaron de cette fameuse maison parisienne, des sentiments naissent dans notre cerveau. La joie, la confiance, la satisfaction… Cette gourmandise peut aussi être liée à des souvenirs et activés des neuromarqueurs de la mémoire. Ces neuromarqueurs, activés pendant la mastication, dégagent des ondes cérébrales. Neoxa, « le capteur d’émotions » non-intrusif de Habs, reçoit ces fréquences émises par le cerveau, l’algorithme d’IA développé par Habs, les interprète et les restitue en temps réel. C’est comme cela que je découvre que j’ai peu de souvenirs liés aux macarons à la vanille mais qu’ils me procurent beaucoup de joie.
« Chaque cerveau est unique. Il y a 86 milliards de neurones et 100 trillions de synapses. L’innovation technologique de Habs est d'avoir su isoler, de manière certaine, cette unicité », développe Olivier Locufier. Habs est commercialisée en B2B. C’est une avancée majeure en neuromarketing. « Nous pouvons analyser quelle est l’émotion qu’une personne ressent lorsqu’elle goûte n’importe quel produit et montrer l’intégralité des émotions ressenties que ce soit pour faire du parcours client, tester un produit, regarder un film, écouter une musique… Tout génère des émotions ! »
Une stratégie commerciale agressive dans les prochains mois
La startup a déjà des clients dans les secteurs du luxe, de l'agroalimentaire ou encore des fabricants automobiles. « Nous avons également des acteurs dans le monde des médias, qui souhaitent tester des séries télé ou un film ou une musique, pour vérifier l'émotion ressentie », raconte Olivier Locufier. Habs partage également son innovation gratuitement au monde de la santé pour soutenir la recherche et aider les équipes à découvrir de nouveaux neuromarqueurs.
La jeune pousse a déjà bouclé deux levées de fonds : la première en mars 2024 et la seconde quelques mois plus tard en juin, pour un montant total de 5,5 millions d’euros. L’entreprise prépare nouvelle opération financière. « Notre roadmap est multiple », détaille le CEO. Habs va continuer d’investir dans sa R&D pour développer sa solution en analysant de nouveaux neuromarqueurs et en nourrissant sa base de données. Mais elle veut également poursuivre son développement commercial. « Notre objectif est clair : devenir le leader du décryptage non-invasif des ondes cérébrales, en adaptant notre technologie aux enjeux spécifiques de chaque secteur, via le lancement de filiales dédiées pour en assurer une commercialisation efficace. »
Alors Habs, est-ce vraiment « le Neuralink » français ? « Nous décryptons les signaux cérébraux de manière non intrusive, pour les traduire et surtout comprendre les émotions, le ressenti humain. Neuralink est plutôt sur un positionnement intrusif, en positionnant un capteur à l'intérieur du crâne, mais surtout pour permettre d'augmenter la motricité sur des gens qui l'ont perdu ou autre. Donc ce n'est pas du tout les mêmes objectifs en termes d'orientation société », conclut Olivier Locufier. Habs développe également un disque dur crypté qui peut s’ouvrir uniquement grâce à la lecture des ondes cérébrales. Une startup qui nous projette dans le futur mais les défis à relever autour du go-to-market de ce produit, qu’on fixe sur le crâne, sont importants.
