Soutenu par Sanofi, Capgemini, Orange et Generali, ce programme basé à Paris accompagne les startups en e-santé dans leur passage à l’échelle. Avec plus de 100 projets accompagnés, un hub de 6 500 m² où près de 1 000 personnes se croisent chaque jour et une stratégie résolument systémique, Future4Care revendique désormais sa place de catalyseur incontournable entre startups, corporates, soignants et patients.
Dès l’origine, Future4Care a été pensé comme une réponse à la sous-représentation des champions européens du numérique en santé. En 2021, Doctolib faisait encore figure d’exception. « Aujourd’hui, on me cite Tandem Health, Resilience… Les choses bougent », se réjouit Agnès De Leersnyder, CEO de Future4Care. L’ambition initiale est restée la même : créer les conditions de l’émergence de champions européens dans un secteur jusque-là sous-numérisé.
Structurer un écosystème autour de l'innovation en santé
Pour ce faire, quatre piliers ont été mis en place afin de lever les freins à l’innovation. Le premier : l’accélération de startups. Le second : une activité d’open innovation, qui permet à ces dernières de collaborer avec des industriels comme Havas, Elior, des laboratoires pharmaceutiques ou des entreprises tech. « Nous avons déjà signé avec une quinzaine de partenaires industriels », précise Agnès De Leersnyder.
Mais cela ne suffit pas. Car un des grands freins du secteur reste l’adoption des solutions numériques par les professionnels de santé, ainsi que la complexité du rapport du grand public à la donnée médicale. D’où le troisième pilier : un programme de formation et de sensibilisation, avec notamment la Fresque de l’IA en santé et l’Académie Future4Care. Et enfin, un conseil scientifique chargé de poser les grandes orientations de recherche sur ces enjeux cruciaux.
Ce positionnement original fait de Future4Care un véritable lieu de business. « Notre fierté, c’est que des acteurs viennent ici non pas pour le coworking, mais pour y faire du business. On génère au moins une opportunité chaque semaine », insiste sa CEO. C’est la somme de ces dispositifs qui permet aux projets d’émerger dans un écosystème de plus en plus structuré.
Un impact mesurable sur les startups
« Future4Care pour nous est d'abord un catalyseur pour innover dans la santé », partage les équipes de Biolevate, l’une des startups accélérées. L’équipe évoque la mise en réseau, les opportunités nées des demo-days, et un accompagnement de proximité qui renforce leur stratégie sur un sujet technique. Même retour du côté de Music Care, qui salue « un environnement rare, avec des partenaires engagés, des rencontres ciblées et une équipe à l’écoute ».
Pour Agnès De Leersnyder, l’enjeu est clair : « permettre aux startups de gagner du temps, en les mettant directement en lien avec les bons interlocuteurs côté corporate ». Des collaborations concrètes ont vu le jour, comme celle entre Remedee Labs et Generali autour d’un bracelet antidouleur. « Ces connexions n’auraient sans doute pas vu le jour sans l’intermédiaire de Future4Care », rappelle-t-elle.
Avec plus de 15 partenaires industriels, une quinzaine d’institutions partenaires et une trentaine de startups actuellement hébergées, Future4Care revendique une force de frappe inédite sur le marché. Une dynamique rendue possible par son fonctionnement très écosystémique. « Nous croyons à la puissance d’acteurs multiples, qui évoluent ensemble dans un même lieu », commente Agnès De Leersnyder. Une conviction qui se matérialise chaque jour dans les 6 500 m² du campus parisien.
Objectif Europe et acculturation à grande échelle
Future4Care compte désormais étendre son rayonnement à l’international. « Le marché français est trop petit. Pour changer d’échelle, il faut penser européen », reconnaît Agnès De Leersnyder. Future4care ambitionne d’accueillir davantage de startups issues d’autres pays européens, et renforcer les coopérations avec des établissements hospitaliers comme l’AP-HP, Gustave Roussy ou l’Institut Curie. Un défi de taille, tant le marché européen reste fragmenté sur le plan réglementaire et culturel.
L’autre chantier d’ampleur concerne la formation. D’ici fin 2025, Future4Care vise 1 000 participants à sa Fresque de l’IA en santé et autant pour son Académie. La structure entent favoriser l’adoption des innovations en travaillant sur les usages, auprès des soignants comme des décideurs publics et privés. Une acculturation indispensable pour accompagner le virage numérique d’un secteur encore marqué par la lenteur des processus.
À plus long terme, Future4Care veut contribuer à une médecine plus personnalisée. « L’IA ouvre des perspectives inédites. On parle de traitements adaptés aux métabolismes, de jumeaux numériques, de simulation d’essais cliniques en amont… », illustre sa CEO. Un saut technologique qui permettrait de réduire les 15 ans et les 2 milliards d’euros nécessaires en moyenne pour développer un nouveau médicament. Encore faut-il que l’écosystème, dans son ensemble, soit prêt à franchir le pas.