« Affronter le choc des réalités ». C’est le thème cette année de la 25ème édition des Rencontres Économiques d’Aix-en-Provence, sorte de “Davos français” organisé chaque année par le Cercle des économistes, organisme de réflexion réunissant plus d’une trentaine d’économistes français.
Le choc des réalités pour la French Tech et le monde économique, c’est évidemment la résurgence des guerres, la reprise des conflits commerciaux avec l’élection de Donald Trump, la chute des levées de fonds, le ralentissement de la croissance mondiale, la dissolution de l’Assemblée Nationale, les coupes budgétaires pour les startups françaises et les hausses potentielles d’impôts à venir pour les entreprises. Bref, un contexte macro-économique instable et un nouveau monde à apprivoiser.
La souveraineté “maître mot’ à l’évènement
« Nous sommes à un moment charnière. Nous sommes en train de digérer Donald Trump au pouvoir. Les startups françaises demandent davantage d’Europe et veulent se serrer les coudes », note Marianne Tordeux- Bitker, directrice des affaires publiques de France Digitale. Celle-ci estime que le contexte actuel peut créer des opportunités pour les startups françaises. « Le terme de souveraineté, qui était associé plutôt à la politique qu’à l’économie, revient dans tous les entretiens que nous faisons ici à Aix-en-Provence ».
Il est vrai que depuis l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, l’écosystème, les grandes entreprises et l’État prennent de plus en plus conscience de l’importance d’investir dans des startups françaises. D’où notamment le développement d’une French Tech de la défense avec, par exemple, Command AI ou Delair, ou l’intérêt de fonds d’investissement pour ce secteur. Bpifrance lancera d’ailleurs à l’automne le fonds Bpifrance Défense. Celui-ci permettra aux particuliers d’investir dans des entreprises non cotées dont l’activité aide les enjeux liés à la souveraineté nationale en matière de défense. Ce fonds devrait disposer d’une enveloppe de 450 millions d’euros.
« Pas assez de startups »
Dans ce contexte, une délégation d’une dizaine de dirigeants de startups a fait le déplacement à Aix-en-Provence. Parmi eux, nous retrouvons Stanislas Niox-Chateau, CEO et cofondateur de Doctolib, Loic Soubeyrand, CEO et cofondateur de Swile, Hélène Huby, fondatrice et directrice générale de The Exploration Company, Philippe Corrot, CEO et cofondateur de Mirakl, Charlotte Souleau, DG France de Back Market, Victor Carreau, CEO et cofondateur de Comet, ou encore Aurore Abecassis, Fondatrice et CEO d’Acmé.
Ils y croisent et rencontrent les patrons des grands groupes français comme Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, Benoît Bazin, PDG de Saint-Gobain ou encore Estelle Brachlianoff, directrice générale de Veolia. Ou des ministres comme Eric Lombard, ministre de l’Economie et des Finances ou Clara Chappaz, ministre du Numérique..
« C’est la première fois que nous venons ici à Aix-en-Provence. Cela nous permet de rencontrer en trois jours tous nos gros clients, de discuter avec eux des tendances du marché, et d’avoir accès aux politiques et à la presse », affirme Vincent Bryant, cofondateur de la startup Deepki, spécialisée dans l’efficacité énergétique de l’immobilier d’entreprise et membre du FT 120. « Venir ici est un bon moyen de sentir le marché. C’est dommage cependant qu’il n’y ait pas assez de startups françaises. La French Tech est sous-représentée par rapport à son poids dans l’économie », ajoute t-il. Un constat partagé par Marianne Tordeux Bitker : « l’évènement est encore trop peu connu de l’écosystème. Il devrait y avoir plus d’entreprises de la nouvelle économie ». Le message est bien passé.