Quasiment six mois à attendre ! Le ministère de l'Économie et des Finances vient d’approuver le rachat de la biotech française Stilla Technologies au groupe américain Bio-Rad pour 225 millions de dollars. Ce dernier est un spécialiste de la recherche en sciences de la vie et du diagnostic clinique. L’annonce du rachat avait été réalisée en février dernier. Cependant, la biotech devait attendre le feu vert de Bercy dans le cadre de la procédure de contrôle des investissements étrangers en France. Cette procédure est obligatoire lorsque l’activité de l’entreprise rachetée est de nature à porter atteinte à l'ordre public, la sécurité publique ou aux intérêts de la défense nationale. Par décrets, la liste des secteurs d’activités soumis à cette autorisation préalable a été élargie. Elle comprend désormais les technologies d’avenir, l’aérospatial, l’hébergement de certaines données, la sécurité alimentaire, l’intelligence artificielle le quantique, ou justement les biotechnologies.
Pour Rémi Dangla, fondateur et CEO de Stilla Technologies, c’est l’aboutissement d’une histoire commencée il y a douze ans. « Nous venons de réussir le plus gros accord de fusion-acquisition pour une startup française dans le domaine des biotechs, en dehors de la pharma et des logiciels tech du secteur », salue t-il sur les réseaux sociaux. Stilla Technologies conçoit tests génétiques de nouvelle génération en fournissant aux chercheurs et aux cliniciens une solution PCR numérique flexible pour extraire de l’information génomique précise à partir d’échantillons biologiques complexes. Installée à Villejuif (Val-de-Marne), la biotech tricolore a réussi à s’exporter à l’international, notamment aux États-Unis, où elle dispose d’un bureau à Boston, mais aussi au Japon ou encore en Chine.
Rémi Dangla, « un futur capitaine d’industrie »
Maintenant que Stilla Technologies bascule officiellement sous pavillon américain, comment son fondateur voit-il son avenir ? « Je ne sais pas encore quel sera mon avenir dans cinq ou dix ans », assure Rémi Dangla. Avant d’ajouter : « J’ai toujours eu à coeur de développer notre technologie. Je voulais montrer qu’on pouvait faire ce produit en France et qu’on était capable de l’industrialiser. Si on ne le fait pas en France, il ne reste rien derrière. Il y avait besoin de faire cette démonstration et ça n’a pas été facile. Il y a une faiblesse de l’environnement industriel en France. »
La société a bouclé plusieurs tours de table, dont le dernier de 26,5 millions d’euros avait été annoncé il y a un an et demi. L’objectif affiché était alors de commercialiser sa nouvelle plateforme d’analyse génétique de précision Nio et d’aller chercher la rentabilité à l’horizon 2025, tout en portant le chiffre d’affaires de l’entreprise au-delà des 100 millions d’euros sous quatre ans.
Durant toutes ces années, la biotech a notamment pu compter sur le soutien de Kurma Partners, qui a pris part à l’aventure dès 2018, à l’occasion de la série A de 16 millions d’euros de l’entreprise, puis la série B en 2020 de 20 millions d’euros et enfin la série C dévoilée en mars 2024. « C’est la sortie la plus marquante de ma carrière », lance d’entrée de jeu Philippe Peltier, Partner chez Kurma Partners. « Stilla aurait dû être la première participation de notre fonds healthtech, mais je n’étais même pas sûr de pouvoir investir dans la société. Toutefois, peu importe que j’investisse ou pas, je voulais aider Rémi. Ça n’a pas été simple, mais voilà le résultat », se réjouit-il. L’investisseur ne tarit pas d’éloges à l’égard de l’entrepreneur : « Rémi est un visionnaire, un futur capitaine d’industrie. C’est un homme qui embarque de la première à la dernière minute. »