Tokeniser la trésorerie des TPE et des PME, c’est l’objectif de la startup Spiko. En effet, la fintech française développe une plateforme d’émission, de gestion et de distribution d’instruments financiers tokenisés à destination des entreprises. Une manière de démocratiser l’accès aux marchés monétaires.

Pour accélérer son développement en Europe, Spiko annonce un tour de table en série A de 18,5 millions d’euros mené par Index Ventures. Les fonds White Star Capital, Frst, Rerail, Bpifrance Digital Venture et Blockwall ont également participé à l’opération, tout comme certaines figures de la tech européenne. On y retrouve ainsi Nikolay Storonsky, l’emblématique patron de Revolut, les fondateurs de la fintech française Pennylane, qui a levé 75 millions d’euros en avril dernier, Jean-Luc Robert, fondateur de Kyriba, Zack Abrams, co-fondateur de Bridge, ou encore Harsh Sinha, CTO de Wise. Auparavant, la société avait levé 4 millions d’euros en juin 2024.

Sortir de l’image d’Épinal pour générer des intérêts

Fondée en 2023 par Paul-Adrien Hyppolite et Antoine Michon, anciens collaborateurs du ministère de l’Économie et des Finances et du cabinet de la ministre de la Transformation publique, la fintech tricolore mise sur la tokenisation pour permettre aux entreprises, surtout les TPE et les PME, de faire fructifier leur trésorerie au travers de fonds monétaires. «En Europe, on pense à tort que pour générer du rendement, il faut immobiliser son argent ou prendre des risques. Tant que les taux des banques centrales sont positifs, laisser dormir sa trésorerie revient à passer à côté de rendements que les entreprises américaines obtiennent avec bien plus de facilité», observe Paul-Adrien Hyppolite, co-fondateur de Spiko. Selon la société, ce sont plus de 20 000 milliards d’euros qui dorment sur les comptes bancaires des entreprises et des particuliers en Europe.

Pour changer la donne auprès des entreprises, Spiko a donc commencé à déployer des fonds monétaires tokenisés, les tous premiers en Europe, de manière à permettre aux TPE et PME de générer des intérêts sans compromettre l’accès immédiat à leur trésorerie. Et pour cause, la tokenisation des fonds est une aubaine pour éliminer les intermédiaires dans la finance traditionnelle, abaisser le ticket minimum d’entrée, réduire les coûts de gestion et rendre les transferts de liquidités possibles 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24.

1 000 entreprises ont sauté le pas

Avec sa plateforme, dotée d’une architecture tokenisée, la fintech française constitue également une alternative aux virements classiques ainsi qu’aux stablecoins, qui suscitent encore quelques craintes auprès des particuliers et des entreprises. Pour convaincre ces dernières, Spiko précise que les actifs sous-jacents de ses fonds sont composés de bons du Trésor, ce qui signifie donc qu’il s’agit de titres de dette à court terme adossés à des garanties souveraines car émis par la France ou le Trésor américain. A ce jour, la jeune pousse tricolore, qui compte seulement neuf salariés, assure qu’elle gère plus de 300 millions d’euros d’encours, avec plus de 800 millions d’euros de flux de trésorerie traités pour le compte de près de 1 000 entreprises. Elle espère passer le cap du milliard d’euros dans les prochains mois.

Pour cela, Spiko entend s’appuyer sur sa nouvelle levée de fonds afin de passer la vitesse supérieure au niveau marketing et commercial. La fintech française souhaite nouer davantage de partenariats, à l’image de ceux déjà conclus avec Memo Bank et Fygr pour proposer sa solution à leurs clients. Après avoir fait ses armes en France, la société veut désormais prendre une envergure européenne afin de combler le fossé qui sépare le Vieux Continent des États-Unis en matière d’accès aux marchés monétaires.