Fidji Simo prépare le terrain avant de prendre officiellement ses fonctions au sein d’OpenAI. En effet, la Française de 39 ans, à la tête d’Instacart, s’apprête à devenir la directrice générale en charge des applications au sein de la licorne américaine. Elle s’occupera notamment de ChatGPT, qui compte désormais plus d’un demi-milliard d’utilisateurs hebdomadaires, et devra s’appuyer sur les avancées de la société californienne pour concevoir des produits susceptibles de plaire au grand public.

Avant de prendre officiellement ses fonctions au cœur de l’été, Fidji Simo a décidé de détailler sa mission à venir et d’exposer sa vision de l’intelligence artificielle dans une note publiée par OpenAI. La Tricolore, qui a passé plus d’une décennie chez Meta, estime que l’IA va donner un nouveau souffle à des secteurs comme la connaissance, la santé, la créativité, l’autonomie économique, le temps et le soutien personnel.

Ce qui frappe d’entrée de jeu à la lecture des propos de Fidji Simo, c’est son enthousiasme pour la révolution induite par l’envol de l’intelligence artificielle. «Je me suis toujours considérée comme une technologue pragmatique, quelqu'un qui aime la technologie non pas pour elle-même, mais pour l'impact direct qu'elle peut avoir sur la vie des gens. C'est ce qui rend ce métier si passionnant, car je suis convaincu que l'IA ouvrira plus d'opportunités à davantage de personnes que toute autre technologie de l'histoire. Si nous y parvenons, l'IA pourra donner à chacun plus de pouvoir que jamais. Mais je me rends également compte que ces opportunités n’apparaîtront pas comme par magie», observe la Française. Avant d’ajouter : «Les choix que nous faisons aujourd'hui détermineront si la transformation à venir mènera à une plus grande autonomisation pour tous, ou à une concentration accrue des richesses et du pouvoir au profit d'une minorité.» C’est en effet tout l’enjeu autour de la révolution en cours alors que les inégalités ne cessent de se creuser aux quatre coins du monde.

De grandes attentes dans le savoir et la santé

Dans les domaines du savoir et de la santé, Fidji Simo place beaucoup d’espoirs dans les avancées permises par l’IA. «Pour la première fois, l'IA a le pouvoir de démocratiser véritablement le savoir et les opportunités qu'il offre. L'IA peut condenser des milliers d'heures d'apprentissage en informations personnalisées, délivrées en langage clair, au rythme qui nous convient et en fonction de notre niveau de compréhension. Elle ne se contente pas de répondre à nos questions : elle nous apprend à en poser de meilleures», souligne-t-elle.

Dans le secteur médical, la Française a encore davantage d’attentes, surtout dans la mesure où elle rappelle qu’elle a souffert d’une maladie chronique «complexe et mal comprise» par le passé qui lui a fait prendre conscience des failles du système de santé. Dans ce cadre, l’IA pourrait changer la donne. «L’IA ne remplacera pas les médecins, mais elle permettra enfin d'égaliser les chances des patients, leur permettant de prendre en main leur propre santé», estime-t-elle. La dirigeante voit dans l’IA un moyen de se doter d’un «compagnon toujours disponible qui comble les lacunes en matière de connaissances, renforce les bonnes habitudes et permet aux individus de prendre en main leur santé avec confiance et clarté». A l’heure où la pénurie de personnel soignant handicape de nombreux systèmes de santé à travers le monde, l’IA pourrait en effet s’avérer très utile pour automatiser certaines tâches, comme les comptes-rendus d’une consultation ou l’analyse d’examens.

«L’IA comble la distance entre l'imagination et l'exécution»

Pour Fidji Simo, l’IA constitue également une aubaine pour libérer sa créativité et lancer sa propre entreprise. «Aujourd'hui, l'IA comble la distance entre l'imagination et l'exécution. Grâce à l'IA et à la génération d'images, je peux initier et itérer jusqu'à ce que le résultat corresponde à la complexité et au réalisme de ma vision», indique la Française originaire de Sète. Avant d’ajouter : «L'IA permet désormais à chacun de transformer ses idées en revenus, quels que soient son âge, ses qualifications ou son code postal. Une seule personne peut désormais réfléchir, prototyper, commercialiser et lancer un produit avec des outils qu'elle maîtrise elle-même, même sans avoir écrit une seule ligne de code.»

Avec ses propos, Fidji Simo fait écho à ceux de son futur boss Sam Altman. Ce dernier estime en effet que ce n’est plus qu’une question de temps avant qu’une licorne sans aucun salarié n’émerge. Des solutions comme celles proposées par la startup suédoise Lovable, devenue une licorne en seulement 8 mois, pourraient accélérer la naissance de telles entreprises.

«Si l'IA peut aider les gens à se comprendre véritablement…»

Enfin, l’IA constitue une opportunité pour reprendre le contrôle de son temps. «La capacité à contrôler son emploi du temps est souvent ce qui distingue ceux qui se sentent maîtres de leur vie de ceux qui se sentent dépassés», estime Fidji Simo. Ainsi, elle estime que les agents IA vont permettre d’automatiser tout un tas de tâches chronophages, comme la prise de rendez-vous ou la planification des vacances.

Avoir plus de temps pour soi, c’est une bonne chose pour son bien-être. Et peut-être encore plus si l’IA devient son compagnon personnel pour répondre aux doutes et aux interrogation des utilisateurs. «Le coaching personnalisé était évidemment un privilège réservé à quelques-uns, mais désormais, grâce à ChatGPT, il est accessible au plus grand nombre. Les gens se tournent déjà vers ChatGPT pour trouver du soutien lorsqu'ils se préparent à une conversation difficile, font face à un revers professionnel, traversent un deuil ou tentent simplement de démêler un tourbillon de pensées en fin de journée. Être capable d'exprimer ses émotions sans jugement ni pression peut être extrêmement utile», observe la Tricolore. «Si l'IA peut aider les gens à se comprendre véritablement, cela pourrait être l'un des plus beaux cadeaux que nous puissions recevoir», conclut-elle.

Gare cependant à ne pas nouer une relation toxique avec une IA… Ce n’est pas un véritable psy ! Certains utilisateurs tombent amoureux de leur assistant. Parfois pour le meilleur et souvent pour le pire !

Charge désormais à Fidji Simo et Sam Altman d’aiguiller le développement de l’IA dans la bonne direction, alors que la course à la «super intelligence» bat son plein.