Février 2025 : Paris, cœur du monde et de l’IA

Six mois après les Jeux olympiques et trois mois après la réouverture de Notre-Dame, Paris recevait à nouveau le monde entier en accueillant le Sommet de l’Intelligence Artificielle au Grand Palais les 10 et 11 février derniers. Exit les feintes de sabre de l’escrimeuse et vice-championne olympique Sara Balzer et welcome to Sam Altman, Arthur Mensch, Dario Amodei et consorts. Coorganisé par la France et l’Inde, ce sommet visait à faire la promotion d’une IA responsable et transparente. Plusieurs conférences étaient données par les principaux acteurs de la tech internationale, mais aussi par des politiques, en témoigne ce discours prononcé par Emmanuel Macron et son désormais célèbre « Plug, Baby, Plug ». 


À la veille du sommet, le président de la République a annoncé 109 milliards d’euros d’investissements privés dans l’IA. Ils devraient servir à la création de 35 sites servant à créer des datas centers en France, mais aussi à atteindre le cap des 100 000 jeunes formés aux technologies de l’IA par an. L’Union européenne a, elle, annoncé mobiliser 200 milliards d’euros dans le cadre de l’alliance « EU AI Champions Initiative », qui regroupe plus de 60 grands groupes industriels (Airbus, L’Oréal, Mercedes…) et de la tech (Spotify, Mistral AI). Enfin, 61 pays se sont accordés autour d’une déclaration pour promouvoir une IA « ouverte, inclusive et éthique », dont la France, l’Inde et la Chine, avec toutefois deux absents de marque : les États-Unis et le Royaume-Uni. On retiendra également cette tentative avortée d’Elon Musk de racheter Open AI, obligeant son fondateur Sam Altman à quitter l’Élysée précipitamment alors qu’il y dînait. 

 

Février 2025 : Oussama Amar arrêté puis condamné

On le connaissait conteur d’anecdotes insolites dans des conférences et podcasts, mais on connaissait moins sa version gardé à vue. Oussama Amar, l’ancien cofondateur de The Family, a été arrêté en février dernier à l’aéroport de Nice et placé en garde à vue en descendant d’un avion provenant de Dubaï. L’enfant terrible de la French Tech avait alors été intercepté par la Brigade de Répression de la Délinquance Astucieuse (BRDA) pour abus de confiance et faux et usage de faux. Des faits reprochés par Alice Zagury et Nicolas Colin, ses anciens associés au sein de l’incubateur parisien, qui expliquaient en somme que le Franco-Libanais se servait des fonds de l’entreprise pour ses besoins personnels. Des procédures judiciaires étaient déjà lancées dans plusieurs pays, dont une au Royaume-Uni. Le 19 avril dernier, la justice britannique a condamné l’ancien fondateur de The Family à verser 6,5 millions de livres (7,5 millions d’euros) de dommages et intérêts à verser à ses anciens partenaires. Un « jugement définitif » selon les dires de Nicolas Colin, mais qui devrait toutefois être validé par un juge français avant d’être effectif.

 

Mai 2025 : Cocorico : Fidji Simo devient le bras droit de Sam Altman

Le 9 mai dernier, Sam Altman dévoilait le nom du nouveau numéro 2 de sa société Open AI et, c’est une « Frenchy ». Surprise ? Pas tout à fait. Fidji Simo est une référence dans la Silicon Valley. Bachelière à 16 ans, alumni d’HEC et ex-numéro 3 de Meta, la Française a troqué son costume de PDG d’Instacart pour celui de directrice générale en charge des applications d’OpenAI. Une nomination que son nouveau patron n’a pas manqué de saluer :
“Fidji est exceptionnelle : nous avons travaillé ensemble chez Open AI (ndlr : Fidji Simo était membre du board depuis mars 2024) au cours de la dernière année et j’ai pu observer son profond engagement envers notre mission. Je ne peux pas imaginer un meilleur nouveau membre de l’équipe pour nous aider à passer à la vitesse supérieure en mode x10 (ou x100, voyons voir)”, avait alors déclaré Sam Altman.
Un recrutement qui devrait donner à la licorne américaine une dimension plus proche d’un réseau social, le fondateur de ChatGPT souhaitant capitaliser sur l’expérience chez Meta de sa nouvelle arrivante.

 

Juin 2025 : Nvidia et Mistral annoncent leur idylle à Vivatech

180 000 visiteurs et des annonces en pagaille. Le 11 juin dernier s’est ouverte la 9ᵉ édition du salon fondé par Maurice Lévy, VivaTech. Débuté par la keynote de Jensen Huang, le patron de Nvidia, sous le dôme de Paris, ce millésime VivaTech 2025 avait un fort goût d’intelligence artificielle. Si bien que, dès cette conférence terminée, l’une des annonces majeures de l’année a été dévoilée : le partenariat stratégique entre Mistral AI et Nvidia. Cette association des deux géants de la tech se matérialise avec la création de “Mistral Compute”, une infrastructure cloud souveraine destinée à booster l’innovation européenne. Cette alliance, saluée comme “historique” par Emmanuel Macron, illustre la volonté française et européenne de gagner en souveraineté technologique face aux géants américains et d’accélérer la formation de talents IA d’ici 2030.


Comme les années précédentes, le salon a également mis en avant l’innovation à impact, notamment via la zone “Impact Bridge”. Cet espace dédié aux technologies répondant aux grands enjeux environnementaux, et a récompensé des startups prometteuses, comme Chipiron dans le secteur de l’imagerie médicale. En parallèle, le milliard d’euros mobilisé par dix grands groupes français pour soutenir la French Tech a été célébré, renforçant le dialogue public-privé pour doubler la commande publique en faveur des startups d’ici 2027. L’année prochaine, nous célébrerons les dix ans de ce rendez-vous devenu incontournable à partir du 17 juin et ce, jusqu’au 20 juin 2026.

 

Juin 2025 : H Company, la saignée se poursuit

VivaTech est généralement le lieu des grandes annonces du monde de la tech, mais celle-là, on vous avoue qu’on ne l’avait pas vue venir. Charles Kantor, le cofondateur de H Company, avait été annoncé partant de l’entreprise dès le premier jour du salon. Un coup de tonnerre retentissant, surtout que l’entreprise venait d’officialiser le rachat de la startup spécialisée dans la cybersécurité Mithril Security et venait de rentrer au FT120. Le départ de Kantor, rapidement compensé par l’arrivée de Gautier Cloix, ancien directeur France de Palantir, a néanmoins été suivi d’un autre départ significatif. Ainsi, quelques jours après le salon de la Porte de Versailles, le directeur des opérations de H, Mike Benchimol, annonçait à son tour son départ de l’entreprise via un post LinkedIn. Un revirement de situation soudain qui laisse donc Laurent Sifre comme seul rescapé de l’équipe fondatrice.

 

2025 : Ynsect, quand ça ne veut pas…

Impossible de donner une date précise tant il y a eu de rebondissements tout au long de l’année dans cette saga qui n’en finit plus. Placée en procédure de sauvegarde judiciaire en septembre 2024, Ynsect, producteur de protéines à base d’insectes et ancien champion de la French Tech, continue sa chute. En février dernier, il est question d’une potentielle reprise de l’entreprise fondée par Antoine Hubert. Les potentiels repreneurs se nommaient alors Nestlé ou Mars. Il n’en fut rien et Ynsect fut placée, à sa demande, en redressement judiciaire par le tribunal de commerce d’Évry, quelques jours après. Une rallonge de 10 millions d’euros contractée auprès de ses investisseurs historiques, en avril dernier, permet alors  à l’entreprise de se maintenir à flot pour quelques mois supplémentaires. Un nouveau CEO est nommé en la personne d’Emmanuel Pinto, manager de transition et spécialisé dans la reprise d’entreprise en difficulté. Mais toujours en quête d’un repreneur, Ynsect avait dévoilé en juin dernier un plan social qui visait à supprimer près des deux tiers des emplois existants. Finalement, une audience exceptionnelle donnée par le même tribunal de commerce d’Évry avait autorisé Ynsect à poursuivre ses activités jusqu’au 25 septembre. Affaire à suivre donc…