Une page se tourne pour N26. Et pour cause, la néobanque allemande a annoncé que Valentin Stalf, co-fondateur de N26, allait quitter ses fonctions de directeur général. Néanmoins, l’entrepreneur d’origine autrichienne, que nous avons rencontré lors du dernier VivaTech, va rejoindre le conseil de surveillance de N26 «après une période de transition», indique la fintech d’outre-Rhin.

Ce mouvement survient dans une période tendue pour la société, de nouveau dans le viseur de la BaFin, le gendarme financier allemand. Également sur la sellette, l’autre fondateur de N26, Maximilian Tayenthal, est pour l’heure épargné. Pour rappel, les deux hommes détiennent toujours près de 20 % de parts au capital de N26.

Pression des actionnaires

Les fondateurs de la fintech allemande étaient sous pression ces dernières semaines à cause d’un rapport de la BaFin, qui a mis en lumière de nouvelles lacunes concernant les contrôles interne de l’entreprise sur les questions de conformité. De quoi échauder certains actionnaires, Third Point Ventures et Coatue Management en tête, selon Bloomberg et le Financial Times. Ces deux fonds avaient mené en 2021 la série E de 900 millions de dollars qui avait propulsé la valorisation de la licorne à plus de 9 milliards de dollars.

Déjà en 2021, la BaFin avait décidé de taper du poing sur la table en imposant des restrictions pour brider la croissance de N26, le régulateur estimant que la société n’en faisait pas assez en matière de lutte anti-blanchiment et de gestion des risques. Jusqu’en mai 2024, la néobanque ne pouvait pas accepter plus de 60 000 nouveaux clients par mois, avant de pouvoir atteindre un rythme de 200 000 clients recrutés chaque mois après la levée de cette sanction.

Revolut a pris le large

Voir la BaFin revenir à la charge a donc quelque peu agacé les actionnaires qui ont donc estimé qu’un changement de gouvernance s’imposer. C’est Marcus Mosen, l’actuel président du conseil de surveillance, qui pourrait assurer l’intérim en attendant l’arrivée d’un nouveau capitaine pour donner un nouveau cap à N26. D’autres changements devraient intervenir dans les prochains mois, à l’image de l’arrivée de Jochen Klöpper, qui va prendre ses fonctions de directeur du risque en décembre prochain.

L’objectif sera ainsi d’enclencher une nouvelle dynamique dans les prochains mois pour mieux concurrencer des acteurs comme Trade Republic et Revolut. La fintech britannique a en effet pris le large ces dernières années, en revendiquant 60 millions de clients dans le monde, dont 5 millions en France, et en nouant des partenariats de prestige, notamment avec la NBA et Audi en Formule 1.

10 millions de clients, dont 3 millions en France

De son côté, N26 revendique 10 millions de clients, dont plus de 3 millions en France. Lancée en 2013, la néobanque allemande a étoffé son offre au fil du temps pour attirer de nouveaux clients. Au-delà d’un compte bancaire numérique, N26 propose aussi une gamme de produits de constitution de patrimoine, des plans d'épargne individuels et des investissements en cryptomonnaies.

Cette année, la fintech s’est même immiscée sur le marché de la téléphonie mobile, en proposant des forfaits mobiles locaux ainsi que des eSIM internationales pour les voyageurs. De quoi permettre à N26 de doper ses revenus après avoir atteint le seuil de rentabilité à l’été 2024. Mais pour voir plus loin, la licorne devra d’abord faire oublier ses alertes réglementaires et ses changements de gouvernance pour revenir dans la course face à Revolut.