Depuis ce mercredi 10 septembre à la mi-journée, la France compte un nouveau Premier ministre en la personne de Sébastien Lecornu. L’ex-ministre des Armées, qui aura la lourde charge de faire consensus devant les députés, doit maintenant composer son gouvernement. Homme de confiance d’Emmanuel Macron, celui qui fut le benjamin du gouvernement Philippe II en 2017 fera-t-il le choix de la continuité en reconduisant certains ministres dans leurs fonctions ou de la rupture en repartant d’une feuille blanche ?

Devant cette période d’incertitude, Clara Chappaz, ministre déléguée en charge de l'Intelligence artificielle et du Numérique, attend donc de savoir si elle continuera d’être l’interlocutrice privilégiée de la French Tech au sein du gouvernement. L’ex-directrice de la Mission French Tech, arrivée en septembre 2024 au gouvernement, a déjà survécu à la chute du gouvernement de Michel Barnier, donc la voir rester en fonction constituerait une demi-surprise.

Sommet de l’IA et VivaTech

Figure appréciée et respectée de l’écosystème tech française, l’ancienne directrice commerciale de Vestiaire Collective a succédé à Marina Ferrari, qui aura occupé le poste de secrétaire d’État au Numérique durant une poignée de mois. A peine son mandat de trois ans à la tête de la French Tech digéré, elle a été chargée de mettre sur les rails le Sommet pour l’Action sur l’IA aux côtés d’Anne Bouverot, l’envoyée spéciale du président de la République pour cet événement spécial.

Organisé au Grand Palais, ce sommet fut une réussite avec une pluie d’investissements promis en France. Durant le volet business de l’événement, qui s’est tenu à Station F, Clara Chappaz a donné la réplique sur scène à Sam Altman, le patron d’OpenAI, Lisa Su, la PDG d’AMD et à Arthur Mensch, la rockstar tricolore de l’IA à la tête de Mistral AI.

Enchaînant les déplacements aux quatre coins du monde, notamment avec Emmanuel Macron au Royaume-Uni et en Asie, la ministre n’a pas manqué de défendre la vision française de l’IA pour ouvrir «une troisième voie» dans le secteur, qui rimerait avec éthique, frugalité et inclusivité. Évidemment, Clara Chappaz a élu domicile à Porte de Versailles pendant quatre jours en juin à l’occasion de VivaTech. L’occasion de multiplier les rencontres avec les entrepreneurs et des personnalités de la tech mondiale, mais aussi d’accueillir François Bayrou pour fêter le cap du milliard d’euros mobilisés par dix grands groupes français à destination des startups et scaleups tricolores de 2024 à 2026 dans le cadre de l’initiative «Je choisis la French Tech», lancée par Clara Chappaz deux ans plus tôt quand elle était à la tête de la Mission French Tech.

Plan «Osez l’IA»

Toujours dans l’IA, la ministre a présenté au début de l’été le plan national «Osez l’IA» pour accélérer l’adoption de l’IA dans les entreprises françaises. L’objectif est de faire en sorte que 100 % des grands groupes utilisent l’IA d’ici 2030, contre 53 % à l'heure actuelle. A cette même échéance, 80 % des ETI et PME, ainsi que 50 % des TPE, devront également être montées dans le wagon de cette révolution technologique et industrielle sans précédent. Dans ce cadre, un bataillon de 300 ambassadeurs IA (chefs d’entreprise, experts, figures publiques…) a été constitué pour faire découvrir les opportunités de l’IA dans tous les secteurs.

En dehors de l’IA, Clara Chappaz s’est aussi beaucoup mobilisée en faveur de la protection en ligne des mineurs en prônant l’interdiction des réseaux sociaux avant 15 ans et la vérification de l’identité sur les sites pornographiques. Plus récemment, elle a été également en première ligne pour dénoncer l’attitude de la plateforme de streaming Kick après la mort en direct de Jean Pormanove, de son vrai nom Raphaël Graven. A cette occasion, la ministre a appelé à «sortir du Far West numérique».

Un Premier ministre tourné vers les nouvelles technologies

Après avoir réussi à donner plus d’importance à l’IA et au Numérique dans le gouvernement, en passant de secrétaire d’État à ministre déléguée quand François Bayrou est arrivé à Matignon, Clara Chappaz espère sans doute poursuivre l’aventure à Bercy. L’espoir est permis, surtout que Sébastien Lecornu a une appétence particulière pour la sphère technologique.

Et pour cause, il a contribué à l’émergence de l’Agence ministérielle pour l’Intelligence artificielle de Défense (AMIAD), créée le 1er mai 2024 pour accélérer le déploiement de l'IA au sein du ministère et s’en servir de levier pour gagner les guerres de demain. Pas plus tard que la semaine passée, il a aussi inauguré le nouveau supercalculateur de défense pour permettre à la France de se doter de la plus importante capacité de calcul classifiée dédiée à l’intelligence artificielle en Europe. L’informatique quantique, la robotique, les drones ou encore le New Space sont également des domaines que le nouveau Premier ministre affectionne. Ce qui pourrait l’inciter à continuer à confier les clés de l’IA et du Numérique à Clara Chappaz.

Réponse dans quelques jours ou quelques semaines.