C’était la cohue ce jeudi 12 juin sur les coups de 16h30 sur le stand de la French Tech à VivaTech. Et pour cause, le Premier ministre François Bayrou, accompagné de Clara Chappaz, est venu fendre la foule du salon parisien pour célébrer avec Julie Huguet, la directrice de la Mission French Tech, le milliard d’euros mobilisés par dix grands groupes français (ADP, AXA, BPCE, CMA CGM, Capgemini, EDF, FDJ United, Orange, SNCF et Sopra Steria) à destination des startups et scaleups tricolores de 2024 à 2026.
C’est donc un cap symbolique qui vient d’être franchi deux ans après le lancement de l’initiative «Je choisis la French Tech» qui vise à doubler la commande publique et les achats des grands groupes auprès des startups d’ici 2027. Pour rappel, cela implique ainsi de passer de 6 milliards d’euros de commande publique et privée en 2022 à 12 milliards en cinq ans. D’où la volonté du Premier ministre de féliciter les grands groupes qui s’engagent dans cette voie. François Bayrou était ainsi entouré de plusieurs grands patrons français avec un chèque symbolique d’un milliard d’euros sur le stand de la French Tech. Christel Heydemann, la directrice générale d’Orange, Jean-Pierre Farandou, PDG du groupe SNCF, ou encore Stéphane Pallez, PDG de la FDJ, étaient notamment présents aux côtés du locataire de Matignon.
«Je choisis la French Tech Académie» pour former les startups à la commande publique
De manière plus globale, ce sont 600 entreprises françaises, dont 100 grands groupes, et 90 partenaires institutionnels qui se sont engagés depuis le lancement de l’initiative «Je choisis la French Tech» sous la houlette de Clara Chappaz quand elle dirigeait la Mission French Tech. En deux ans, 12 000 mises en relation entre startups et acheteurs publics et privés ont été effectuées. Une dynamique que veut entretenir la structure désormais dirigée par Julie Huguet avec le lancement en début d’année de «Je choisis la French Tech Académie», une formation en ligne gratuite à destination des startups pour les former à la commande publique. La Misson French Tech indique que 1 500 bénéficient d’ores et déjà de cette formation.
Parmi les collaborations notables qui se sont mises en place entre des acteurs de la French Tech et des grands groupes tricolores, on peut citer notamment celle entre Mistral AI qui épaule CMA CGM dans le cadre d’un partenariat de 100 millions d’euros sur 5 ans. De son côté, la startup Sweep a été retenue par Orange comme solution pour réaliser son reporting environnemental, tandis que Gojob aide Geodis (SNCF) à recruter plus facilement des intérimaires dans le secteur du transport logistique.
Passer de «Je choisis la French Tech» à «Je choisis la tech européenne»
Pour amplifier le mouvement, la Mission French Tech peut compter sur l’appui d’un réseau de 90 partenaires institutionnels (Medef, France Digitale, Numeum, Station F…). Ces derniers déploient également des initiatives pour favoriser la collaboration entre jeunes pousses et grands comptes, à l’image du programme DAPI (Direction Achats Pour l’Innovation) porté par Bpifrance Le Hub pour positionner les directions achats comme leviers stratégiques de l’innovation en misant sur l’expertise des startups. L’Oréal, Airbus, ADP, La Poste, la RATP ou encore la FDJ ont rejoint ce programme.
Si les efforts des grands groupes sont à saluer, Clara Chappaz, la ministre déléguée en charge de l’Intelligence artificielle et du Numérique, estime qu’il est nécessaire de continuer à pousser le curseur un peu plus loin. «En 2025, l’État sera exemplaire dans ses achats technologiques, et je veux que nous franchissions une nouvelle étape : penser en Européens. Le cap est clair : passer de "Je choisis la French Tech" à "Je choisis la tech européenne", sans jamais renoncer à nos champions nationaux», a-t-elle confié à Maddyness en marge de VivaTech. Reste désormais à voir si son appel sera entendu par les grands groupes du Vieux Continent.