Encore trop peu d’entreprises tricolores embrassent pleinement la révolution de l’intelligence artificielle. Devant ce constat, Clara Chappaz, la ministre déléguée en charge de l’IA et du Numérique, a décidé de passer à l’action. Ce mardi matin, elle dévoile à Bercy le plan national «Osez l’IA». S’inscrivant dans le sillage de la stratégie initiale lancée en 2018 par Emmanuel Macron, ce plan vise à permettre aux entreprises d’adopter l’IA dans leur fonctionnement au quotidien.

Le chantier à mener est immense alors qu’à peine 8 % des TPE et 13 % des PME utilisent aujourd’hui une solution d’IA clé en main. Pour changer la donne, il faut déjà commencer par faire évoluer les mentalités : seulement 28 % des dirigeants de TPE considèrent l’IA comme un levier stratégique ! Dans ce contexte, le plan présenté par Clara Chappaz ambitionne d’accélérer considérablement la démocratisation de l’IA dans les entreprises tricolores.

L’objectif est de faire en sorte que 100 % des grands groupes utilisent l’IA d’ici 2030, contre 53 % à l'heure actuelle. A cette même échéance, 80 % des ETI et PME, ainsi que 50 % des TPE, devront également être montées dans le wagon de cette révolution technologique et industrielle sans précédent. «Les entreprises ne savent pas toujours à quoi sert l’IA concrètement dans leur secteur ni par où commencer. C’est pour lever ces deux obstacles que le gouvernement lance Osez l’IA, une nouvelle étape dans la stratégie nationale pour l’IA, axée sur la diffusion», indique le cabinet de Clara Chappaz.

3 piliers et 300 ambassadeurs IA

Le plan de la ministre est centré autour de trois piliers : sensibiliser, former, et financer et accompagner. Pour le premier, le gouvernement a décidé de se doter d’un bataillon de 300 ambassadeurs IA (chefs d’entreprise, experts, figures publiques…) pour faire découvrir les opportunités de l’IA dans tous les secteurs. On y retrouve notamment Anne Bouverot, l’envoyée spéciale du président de la République pour le Sommet pour l’Action sur l’IA, Roxanne Varza, la directrice de Station F, Éléonore Crespo, co-fondatrice de Pigment, Jean-Louis Constanza, co-fondateur de Wandercraft, Marion Carré, co-fondatrice d’Ask Mona, Christel Heydemann, la directrice générale d’Orange, Vincent Smadja, artiste IA derrière le projet créatif «If Only AI», le DJ Agoria ou encore notre partenaire Nicolas Guyon, qui est à l’origine du podcast «Comptoir IA». En parallèle une opération nationale avec le réseau des Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI) sera lancée pour accompagner 20 000 entreprises. Des dizaines de rendez-vous sectoriels sont aussi prévus pour faire se rencontrer les entreprises et les prestataires de solutions IA. Une rencontre d’affaires sur le modèle du «Business Day» à Station F durant le Sommet pour l’Action sur l’IA doit également se tenir en février 2026.

Sur le volet de la formation, le gouvernement prévoit de lancer d’ici la fin de l’année une «Académie de l’IA» qui prendra la forme d’une plateforme en ligne gratuite pour proposer des formations et tutoriels à destination des entreprises. Une manière de faire monter ces dernières, qu’il s’agisse de grands groupes ou de TPE, en compétences dans l’IA. Outre cette plateforme, l’enjeu est de former 15 millions de professionnels en France d’ici 2030. Et dans ce cadre, le ministère du Travail sera mobilisé, notamment au travers de dispositifs comme le CPF et le VAE, et de structures, à l’image de France Travail et l’Inria.

200 millions d’euros dédiés au plan «Osez l'IA»

Enfin, en matière de financement et d’accompagnement des entreprises, l’État prévoit une enveloppe de 200 millions d’euros pour les aider à s’emparer de l’IA. Dans ce cadre, ce sont notamment 100 millions d’euros issus du plan France 2030 qui doivent être alloués pour l’appel à projets «Pionniers de l’IA» destiné à épauler les entreprises innovantes qui souhaitent mettre en œuvre des projets technologiques de rupture, notamment dans le robotique, la santé ou encore l’industrie.

En parallèle, c’est ce mardi matin que seront annoncés les dix lauréats du programme «Usages de l’IA générative» dans le cadre du plan France 2030 qui met en avant les acteurs ayant déjà mis en place des cas d’usage concrets à valeur ajoutée avec l’IA générative. Pour en inciter davantage, près de 5 000 diagnostics Data-IA seront cofinancés à hauteur de 40 % pour les PME/ETI. Ces diagnostics prendront la forme de 10 jours d'intervention d'un expert pour réaliser un premier état des lieux technique et opérationnel, identifier des cas d’usage concrets et applicables, et les prioriser selon leur valeur ajoutée pour l’entreprise.

Toujours sur le volet financier, le plan repose aussi sur le lancement d’un fonds de garantie bancaire pour aider les entreprises à financer des projets IA jusqu’à 500 000 euros sur dix ans. Elles pourront s’inspirer en consultant le catalogue en ligne de solutions IA, classées par usages et secteurs. Cet outil est le fruit d’une réflexion engagée lors du dernier Sommet pour l’Action sur l’IA. Ce plan constitue ainsi le premier héritage concret de cet événement majeur qui avait renforcé la place de la France sur la scène mondiale de l’IA. Mais avec le tapis rouge développé à des acteurs étrangers, comme Nvidia lors du dernier VivaTech, des interrogations subsistent quant au caractère souverain des infrastructures et autres dispositifs développés sur le sol français.