La défiance des entrepreneurs vis-à-vis de l’exécutif se confirme encore un peu plus. Et pour cause, l’instabilité politique déclenchée par la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 ne cesse de préoccuper les forces vives de la French Tech. Ainsi, la chute de François Bayrou et la nomination rapide de Sébastien Lecornu n’ont pas rassuré les entrepreneurs, selon une étude réalisée par la plateforme Legalstart. Dans ce cadre, 2 911 dirigeants et chefs d’entreprise français ont été interrogés à la suite du résultat du vote de confiance qui a acté démission de François Bayrou.
Dans ce contexte, 67 % des entrepreneurs se déclarent inquiets, et près d’un sur trois (28 %) se dit même très inquiet par rapport à la situation politique dans l’Hexagone. Les chefs d’entreprise, qui étaient déjà huit sur dix à ne plus faire confiance à Emmanuel Macron fin 2024, sont tellement excédés par le chaos politique qui s’éternise qu’ils sont un sur deux (50,9 %) à estimer que la priorité immédiate devrait être de démissionner. Un chiffre édifiant qui acte définitivement la rupture entre les entrepreneurs et le chef de l’État, pourtant plébiscité par la «Startup Nation» durant son premier quinquennat.
Confiance rompue avec l’exécutif
Après la chute du gouvernement Bayrou, 31,2 % des entrepreneurs attendaient d’Emmanuel Macron qu’ils nomment rapidement un nouveau Premier ministre. Sur ce point, ils ont été entendus puisque Sébastien Lecornu, fidèle lieutenant du président de la République, a été désigné dans les 24 heures qui ont suivi le vote de confiance fatal à François Bayrou à l’Assemblée nationale. Mais ce profil est loin d’être plébiscité par les chefs d’entreprise français.
En réalité, aucun nom ne fait consensus pour Matignon. 22,5 % des entrepreneurs auraient voulu voir Jordan Bardella nommé Premier ministre, davantage que Sébastien Lecornu (10,4 %), Olivier Faure (8,4 %) et François Villeroy de Galhau (8 %), gouverneur de la Banque de France. Le constat est encore plus terrible pour Bernard Cazeneuve, Éric Lombard et Pierre Moscovici, qui oscillent autour de 6,1 %, ainsi que Gérald Darmanin (5,4 %). Dans les faits, les entrepreneurs ne se sentent pas représentés à Matignon puisque 27,2 % d’entre eux déclarent ne pas se reconnaître dans les candidats cités. La confiance est pour de bon rompue avec l’exécutif.
Trois quarts des entrepreneurs craignent une crise économique grave
Dans ce marasme actuel, les dirigeants ne se montrent pas optimistes pour l’avenir. 76 % d’entre eux craignent ainsi l’apparition d’une crise économique grave en France, et 83 % tablent même sur une nouvelle crise politique. Pour une majorité des entrepreneurs, c’est donc une triple menace – fiscale, économique et politique – qui se profile à l’horizon avec un impact direct sur leur activité.
Les chefs d’entreprise redoutent surtout une hausse des impôts (54,6 %), la baisse de la demande et de la consommation (50,2 %), la défiance des investisseurs (35,9 %) et l’augmentation de la dette publique (33,2 %). Autant de facteurs d’inquiétude qui leur fait penser que la France apparaît plus vulnérable qu’ailleurs en Europe pour près de huit entrepreneurs sur dix (78,4 %).
Pour sortir du pessimisme ambiant, près de 60 % des entrepreneurs réclament une réduction massive des charges fiscales et sociales, ainsi qu’un soutien au pouvoir d’achat et à la consommation (46,2 %) et une simplification administrative rapide. Dans ce cadre, le budget 2026 de l’État, débattu cet automne à l’Assemblée nationale, sera scruté avec attention par les entrepreneurs.