Maddyness : Quel bilan tirez-vous de l’été 2025 pour Evaneos ?

Laurent de Chorivit : Nous en sommes très contents ! Le bilan est très positif : nous avons enregistré de bonnes performances, y compris en France qui, pour l’ensemble du secteur, a pourtant été difficile cet été. Alors que les chiffres du marché montrent un recul de 8% des départs des Français vers l’étranger, nous avons enregistré +9% en juillet-août. Au global, nous avons fait +15% de CA sur la période.

Au-delà des chiffres, nous sommes particulièrement satisfaits de nos indicateurs de satisfaction : nous avons 96% de clients satisfaits, 83% qui nous notent 5 sur 5, et des niveaux de Net Promoter Score qui continuent à progresser.

Maddyness : En termes de destinations, quelles tendances se sont dessinées ?

Laurent de Chorivit : Nous observons trois évolutions majeures. D'abord, un boom des destinations "close-to-home", avec l'Europe élargie en forte croissance de plus de 17%. Les voyageurs recherchent une forme de proximité et de simplicité logistique, tout en limitant leur empreinte carbone.

Dans les destinations proches, les pays scandinaves continuent leur développement - la Norvège est devenue notre deuxième plus grosse destination de l'été. Il y a une vraie recherche de fraîcheur, de nature brute et tout un imaginaire autour de l'authenticité et du calme. À l’inverse, nous enregistrons une très forte baisse - de 25% - sur les départs pour les Etats-Unis, en ligne avec ce que tous les acteurs du secteur ont observé.

La deuxième tendance, c’est l'essoufflement des destinations traditionnelles du Sud comme la Grèce ou le Portugal, probablement par effet de saturation. Ces destinations sont jugées trop fréquentées.

Enfin, nous voyons émerger des destinations atypiques comme le Kyrgyzstan, le Népal, ou certaines régions moins visitées du Brésil. Cela valide notre positionnement sur des expériences différentes - une aventure maîtrisée parce qu'organisée par un local, mais moins commune.

Maddyness : Quelles sont vos perspectives de développement ?

Laurent de Chorivit : Notre stratégie est de continuer notre développement très soutenu sur les marchés hors France - Allemagne, Italie, Espagne - où nous ne rencontrons pas les problématiques d'instabilité politique et économique que connaît l’Hexagone. Nous maintiendrons toujours une dynamique forte en France, mais le contexte nous oblige à rester prudent.

Nous misons aussi beaucoup sur le “repeat business”, en faisant revenir nos clients satisfaits avec des programmes de fidélisation et de parrainage.

Maddyness : Evaneos est particulièrement engagé sur le sujet du tourisme responsable : comment cela se traduit-il concrètement ?

Laurent de Chorivit : Nous nous définissons en effet comme une alternative au sur-tourisme, en proposant des voyages sur mesure, authentiques et responsables. Comme le voyageur co-construit son voyage directement avec un local, cela permet de maximiser les bénéfices pour les destinations. Avec notre approche désintermédiée, 85% de la valeur créée va ainsi directement dans la destination, contre moins de 50% dans le système traditionnel avec ses multiples intermédiaires.

Nous voulons proposer des voyages qui respectent vraiment les écosystèmes locaux. Par exemple, nous avons décidé d’arrêter de proposer des city breaks de moins de 5 jours en avion et la commercialisation de Mykonos et Santorin en juillet-août, tout en développant en parallèle les propositions en train et en vélo.

Pour aller plus loin, nous allons maintenant recommander des durées de séjour minimales, en fonction de la distance parcourue en avion. Plus la destination est lointaine, plus nous incitons les voyageurs à rester longtemps sur place. L'idée, c’est de voyager loin moins souvent, mais de rester plus longtemps à destination.

Cette initiative vise un triple bénéfice : pour le climat en réduisant la fréquence de recours à l'avion, pour les destinations en maximisant les retombées économiques locales, et pour le voyageur en favorisant le “slow travel”, avec une capacité d'immersion beaucoup plus forte.

Concrètement, cela représente environ 10% de notre chiffre d'affaires chez Evaneos et nécessitera des ajustements importants sur notre site et notre offre. Pour le moment, ce sera incitatif, pas contraignant, mais nous voulons sensibiliser les voyageurs à cette approche plus responsable.