Les fondateurs de startups qui récupèrent leur bébé quelques années après un rachat se multiplient dans la French Tech. Après Withings, repris par Éric Carreel après un bref passage dans le giron de Nokia, Le Pot Commun, qui avait été racheté par Swile, ou encore Fruitz, récupéré sur le fil auprès de Bumble, c’est au tour de The Bradery de connaître une destinée similaire.
En effet, Showroomprivé, qui avait racheté le site spécialisé dans les ventes privées haut de gamme au printemps 2022, a décidé de céder ses parts aux deux fondateurs de The Bradery : Timothée Linyer et Édouard Caraco. Dans ce cadre, le groupe tricolore a signé une lettre d’intention. Les deux fondateurs de The Bradery vont pouvoir racheter la participation de 52,75 % détenue par Showroomprivé au capital de leur société. La transaction doit être finalisée d’ici le 31 décembre prochain, sous réserve de l’approbation des autorités réglementaires.
Une valorisation qui a doublé en deux ans
Le montant de l’opération s’élève à 23 millions d’euros, avec un premier versement de 17 millions d’euros à la clôture, le solde étant payé par étapes, avec d'éventuels compléments de prix selon les performances futures de The Bradery. Avec cette cession, la valorisation de la jeune pousse est portée à 43,6 millions d’euros. C’est nettement plus que lors du rachat par Showroomprivé en 2022.
Il y a trois ans, le site e-commerce était alors valorisé à 20 millions d’euros et Showroomprivé avait mis 10,2 millions d’euros sur la table pour s’offrir une participation majoritaire de 51 % au sein du capital de The Bradery. Le groupe fondé par Thierry Petit et David Dayan avait la possibilité de s’offrir les 49 % restants d’ici 2026. Finalement, Showroomprivé a fait machine arrière en redonnant la main aux fondateurs.
Showroomprivé a perdu 40 millions d'euros en 2024
Pourtant, les indicateurs étaient plutôt positifs trois ans après l’intégration de The Bradery dans la galaxie de Showroomprivé. Le chiffre d’affaires de la startup, spécialisée dans les ventes événementielles premium, est ainsi passé de 21,7 millions d’euros en 2021 à 62,9 millions en 2024.
Néanmoins, le contexte économique actuel pèse sur les performances de Showroomprivé. Le groupe a ainsi vu son chiffre d’affaires reculer de 16,5 % au premier trimestre. A la mi-mars, il avait aussi fait état d’une perte nette de 40 millions d’euros pour l’année 2024, notamment en raison d'une «réévaluation de la dette d'acquisition de The Bradery», ce qui avait accentuer la pression sur les épaules de ses dirigeants alors que l’entreprise est notamment en concurrence avec Veepee.
Les investissements directs délaissés au profit de partenariats avec des acteurs spécialisés
Face à ce climat morose, Showroomprivé était donc en quête de rationalisations pour améliorer sa structure financière. D’où l’idée de revendre les parts au sein de The Bradery aux fondateurs de la plateforme. «Cette opération s’inscrirait pleinement dans la droite ligne de notre stratégie, qui vise à développer notre profil de rentabilité en misant sur une gestion optimisée de nos ressources et une offre de qualité en privilégiant aux investissements directs les partenariats avec des acteurs performants et spécialisés», indique David Dayan, PDG de Showroomprivé.
Désormais, l’histoire de The Bradery va donc continuer à s’écrire avec ses fondateurs historiques. Une manière de rappeler qu’un rachat par un acteur plus gros n’est pas toujours le signe de la fin de l’aventure.