C'est la petite musique qu'on entend de plus en plus dans la French Tech. De nombreux entrepreneurs de la French Tech songent sérieusement à quitter la France. Taxe sur les holdings souhaitée par le gouvernement dans le projet de loi de finances, débat autour de la taxe Zucman, dette abyssale du pays, instabilité politique, les raisons commencent à se multiplier pour les entrepreneurs qui se demandent s'il faut quitter ou non la France.
"Tous les entrepreneurs sont très inquiets de la situation actuelle. J'ai l'impression que nous virons complètement dans un pays communiste. J'entends beaucoup de gens brillants autour de moi qui se posent la question de partir innover ailleurs. Nous nous disons que nous allons nous faire de plus en plus taxer en France. Pourtant, lorsque nous sommes entrepreneurs, nous prenons des risques pour créer. Aujourd'hui, j'ai l'impression qu'on essaye de tirer les entrepreneurs vers le bas. Il y a une distorsion entre ce que l'État essaye de faire et la mission des entrepreneurs qui est d'innover" affirme Jonathan Anguelov, entrepreneur, investisseur, et cofondateur de la licorne Aircall, sur le plateau de l'émission Tic Tech, produite par Maddyness et Boursorama.
Parmi les pays envisagés par les entrepreneurs pour partir, on retrouve l'Espagne, la Grèce ou l'Italie. Dans ce dernier pays, un montant de 200 000 euros maximum par an est appliqué sur l’ensemble des revenus de source étrangère, quelle que soit leur nature. "Je suis dans des groupes d'entrepreneurs sur WhatsApp avec des centaines de participants. Et ils partagent des conseils pour quitter la France. Il y a des tableaux avec des choix de destination ou les avantages fiscaux en fonction de tel ou tel pays. J'hallucine de l'existence de ce type de conversations. Dans certains cas, je les comprends, mais dans d'autres cas, je me demande comment on en est arrivé là".
Un nouveau projet entrepreneurial à venir
Cette réflexion, d'autres entrepreneurs la partagent publiquement. Éric Larchevêque, son acolyte dans l'émission "Qui veut être mon associé ?" sur M6 a appelé il y a quelques semaines, les jeunes entrepreneurs, "s'ils en ont la possibilité" à partir de l'Hexagone, en plein débat sur la taxe Zucman. Elle intervient aujourd'hui en plein contexte de débat budgétaire au Parlement.
Le projet de loi de Finances 2026 a débuté aujourd'hui à l'Assemblée nationale. Celui-ci n'épargne pas les startups françaises et les entrepreneurs, économies financières obligent. Le gouvernement souhaite notamment relever le seuil d’éligibilité au statut de jeune entreprise innovante (JEI). Ce statut permet à 4500 startups d'obtenir des exonérations sociales et fiscales. Le projet de loi de finances prévoit ainsi de porter de 20 % à 25 % la part minimale des dépenses de recherche et développement nécessaires pour en bénéficier. Une évolution qui pourrait, selon France Digitale, exclure plusieurs centaines de startups du dispositif.
De plus, le gouvernement veut créer une taxe de 2% sur le patrimoine financier des holdings patrimoniales. Celle-ci vise à taxer les revenus dit "passifs", en ce sens qu'il ne s'agit pas de revenus d'activité. Elle concernerait notamment les dividendes, les loyers, les droits d’auteur ou encore les plus-values.
Enfin, le sujet de la dette française est au coeur des préoccupations des entrepreneurs. "Si on met la dette au service de l’innovation ou de l’investissement, elle n’est pas un problème, elle est même utile au pays. Le problème aujourd’hui, c’est qu’on l’utilise pour financer des prestations sociales, des aides diverses ou le fonctionnement de l’État. De surcroît, elle ne permet plus d’investir, mais seulement de rembourser les intérêts de ce qu’on nous a prêté", partage Jonathan Anguelov. Malgré ce constat, l'entrepreneur compte bien lui rester en France. Il devrait d'ailleurs lancer un nouveau projet entrepreneurial dans les prochaines semaines.