La taxe Zucman, c’est non ! Alors que les discussions en vue de l’adoption du budget 2026 battent leur plein à l’Assemblée nationale, les députés ont été invités ce vendredi 31 octobre à se prononcer sur l’instauration de la fameuse taxe Zucman. Et contre toute attente, cette mesure, qui met en émoi la French Tech, a été rejetée.
En effet, les députés n’ont pas voté en faveur de l'amendement de la députée écologiste Éva Sas, qui visait à instaurer la taxe Zucman, avec 231 voix contre et 168 voix pour. Pas plus de succès pour l’amendement visant à instaurer une version allégée qui a connu un sort similaire, avec 171 voix pour et 228 contre.
Pour rappel, l’économiste Gabriel Zucman, venu défendre sa vision lors du FDDAY en septembre, proposait d’imposer à hauteur de 2 % les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros. Ainsi, cette taxe, si elle avait été instaurée, aurait pu s'appliquer aux fondateurs de licornes et de startups françaises, qui détiennent une part significative de leur entreprise. C'est notamment le cas des fondateurs de Mistral AI, valorisée aujourd'hui près de 12 milliards d'euros après sa méga-levée de fonds de 1,7 milliard d’euros.
La gauche dépitée
Plébiscitée par la gauche, cette taxe Zucman était surtout défendue par la gauche. Forcément, les responsables des partis politiques de cette partie de l’hémicycle étaient forcément déçus après le rejet de cette mesure. «La taxe Zucman était le minimum de justice fiscale», a ainsi estimé Mathilde Panot, présidente du groupe La France insoumise. Son rejet démontre «qu'il n'y a absolument rien à négocier avec le pouvoir macroniste», a ajouté la députée du Val-de-Marne qui appelle une nouvelle fois «à la censure» du Premier ministre et au «départ d'Emmanuel Macron». Pour rappel, l’exécutif n’a plus les faveurs des entrepreneurs, dépités face à la crise politique actuelle. Certains assurent même qu’il est temps de quitter la France, à l’image d’Éric Larchevêque, co-fondateur de Ledger.
Pessimiste sur les chances d’adoption de la taxe Zucman ces derniers jours, Olivier Faure, le patron du PS, a pris acte de son rejet. «Nous savons que nous n'aurons pas exactement ce que nous voulons. Ce que nous voulons, c'est d'abord que les Français n'aient pas à payer l'impôt que les milliardaires ne veulent pas payer», a-t-il déclaré. Une manière de faire comprendre que sa formation politique et la gauche dans son ensemble allaient continuer à demander des mesures alternatives de justice fiscale dans le projet de budget 2026. «On a le record des impôts, le record des taxes, partout dans le monde, et on a des députés qui passent leur temps à se demander si, par miracle, il n'y aurait pas une petite taxe supplémentaire qu'on pourrait encore augmenter», a, de son côté, déploré le chef des députés Les Républicains (LR), Laurent Wauquiez.
Un nuage en moins dans le ciel de la French Tech, mais…
La taxe Zucman désormais rejetée, la French Tech peut pousser un ouf de soulagement en ce jour d’Halloween. Mais la partie n’est pas encore gagnée, car le parcours parlementaire du budget 2026 est une véritable partie d’échecs, dont il est bien difficile de prédire l’issue. Si tout le monde ou presque appelle à faire des compromis à l’Assemblée nationale, rares sont les concessions envisagées par les responsables des différents blocs politiques présents au Palais Bourbon.
Désormais, les discussions vont se poursuivre à l’Assemblée nationale et les entrepreneurs vont continuer à prier pour que les dispositifs de soutien à l’innovation, comme le crédit d’impôt recherche (CIR), le crédit d’impôt innovation (CII) ou encore le statut de «jeune entreprise innovante» (JEI), soient préservés. Dans le projet de loi Finances 2026, le gouvernement souhaite notamment relever le seuil d’éligibilité au statut JEI. Celui-ci permet à 4 500 startups d'obtenir des exonérations sociales et fiscales. Il est ainsi prévu de porter de 20 % à 25 % la part minimale des dépenses de recherche et développement nécessaires pour en bénéficier. Une évolution qui pourrait, selon France Digitale, exclure plusieurs centaines de startups du dispositif.
A deux mois de la fin de l’année, rien n’est gravé dans le marbre. Car d’une manière ou d’une autre, la gauche est bien décidée à faire adopter une taxation des plus riches. Certains entrepreneurs, comme Stanislas Niox-Chateau, le patron de Doctolib, ne sont d’ailleurs pas opposés à cette perspective.