Lorsqu’une entreprise crée une innovation de rupture, il est impératif pour elle de la protéger au plus vite pour éviter que la concurrence ne s’en empare. Dans ce cadre, la startup Ankar a décidé de se saisir de cette problématique en développant une plateforme pour simplifier les procédures de dépôt de brevet.
Lancée l’an passé, la société annonce aujourd’hui une levée de fonds en série A de 20 millions de dollars menée par le géant britannique du capital-risque Atomico. Index Ventures (Adyen, Alan, Anthropic, Deliveroo, Revolot, Wise…), Norrsken et le fonds français Daphni ont également participé à l’opération. Celle-ci vient s’ajouter aux 4 millions de dollars levés auparavant.
Une plateforme unifiée pour couvrir l’intégralité du cycle de vie d’un brevet
Ankar a vu le jour outre-Manche sous l’impulsion de Wiem Gharbi et Tamar Gomez, deux Françaises qui ont fait leurs armes chez Palantir, géant américain de l’analyse de données qui travaille notamment avec la DGSI et Airbus. A noter que Tamar Gomez est également passée par Helsing, pépite européenne de l’IA et de la défense. Ensemble, elles s’attèlent à aider les entreprises à mieux valoriser leur propriété intellectuelle.
Partant du constat que l’obtention est encore trop compliquée, longue (jusqu’à 24 mois dans certains cas) et fragmentée (documents Word dispersés, tableurs, e-mails, outils de propriété intellectuelle obsolètes…), le tandem développe une plateforme unifiée couvrant l’intégralité du cycle de vie d’un brevet. S’appuyant sur l’intelligence artificielle, celle-ci permet de réaliser instantanément des analyses sur plus de 150 millions de demandes de brevets et 250 millions de publications scientifiques, de manière à déceler le potentiel de l’innovation découverte par une entreprise et ainsi avoir le bon angle d’attaque pour breveter l’idée souhaitée. Un enjeu critique en pleine révolution de l’intelligence artificielle. «L’IA générative facilite la reproduction de designs, d’architectures et d’approches expérimentales par les concurrents», souligne la société.
Concrètement, Ankar entend fluidifier chaque étape en ayant recours à l’intelligence artificielle. La plateforme est ainsi en mesure de rédiger les éléments nécessaires au mémo, de s’assurer de l’inexistence de brevets antérieurs et de modifier l’invention pour qu’elle soit brevetable. «L’invention est la clé pour résoudre les plus grands défis de l’humanité, mais les systèmes qui protègent ces idées ont des décennies de retard. L’IA va redéfinir la façon dont les organisations mondiales innovent au cours des cinq prochaines années, transformant la propriété intellectuelle d’un centre de coûts en moteur de croissance», estime Tamar Gomez, co-fondatrice d’Ankar.
Effectifs doublés et accélération aux États-Unis
Avec son approche, la jeune pousse londonienne a séduit plusieurs entreprises du Fortune 500, à l’image de L’Oréal et du cabinet juridique Vorys. La société entend s’appuyer sur sa série A pour renforcer ses équipes produit, techniques et commerciales. L’objectif est ainsi de doubler l’équipe actuelle de 20 salariés.
En parallèle, Ankar veut accélérer son déploiement à l’international, notamment aux États-Unis. «L’ambition à long terme est de devenir la couche logicielle qui orchestre la transformation des idées en brevets défendables dans le monde entier, l’infrastructure centrale de l’innovation à l’ère de l’IA», indique la société. Dans cette perspective, l’expertise et l’expérience acquises par Wiem Gharbi et Tamar Gomez pour construire des logiciels critiques chez Palantir seront précieuses pour naviguer dans un secteur de la propriété intellectuelle complètement bouleversé par la révolution de l’IA.