Des françaises, ex-Palantir, habitant au Royaume-Uni, qui créent leur startup avec des fonds français au capital. Le tout, pour simplifier les procédures de dépôt de brevet. C'est en résumé, la nouvelle aventure de Tamar Gomez et Wiem Gharbi qui lancent outre-manche Ankar, qui développe des agents IA dans la propriété intellectuelle. Pour cela, elles lèvent 3 millions de livres sterling auprès d'Index Ventures, Daphni, le family office Motier Ventures ainsi que deux micros-fonds allemands Booom et Puzzle Ventures. « Nous avons été mis en contact avec Daphni par une connaissance. Nous avons échangé, tout de suite aimé leur culture, leur connaissance de la deeptech et leur ADN français » précise Tamar Gomez, cofondatrice de la startup. D’autres acteurs de premier plan complètent les partenaires financiers d’Ankar comme le PDG de Datadog, Olivier Pomel, et le directeur technique de Hugging Face, Julien Chaumond.

Les deux associées, Tamar Gomez et Wiem Gharbi, se sont rencontrées chez Palantir où elles ont respectivement travaillé pendant trois et six ans. « Nous étions nous-mêmes inventrices à une période où il fallait créer un portefeuille de brevets. Dès que nous trouvions une solution, nous étions confrontées au processus complet associé. » Pour être protégée, chaque invention ou innovation doit faire l’objet d’un mémo d’une trentaine de pages rédigé par le chercheur à l’origine de la découverte avant d’être transmis au service juridique qui s’assure de la nouveauté.

S’appuyer sur son expérience

« L’inventeur a tout intérêt à se consacrer à ses recherches plutôt qu’à cette rédaction. Ensuite il est dépossédé de son invention. Les équipes juridiques n’ont quant à elles pas de valeur ajoutée dans leur recherche et l’imposante lecture associée à cette protection intellectuelle. L’ensemble est chronophage. » Ankar entend fluidifier chaque étape en ayant recours à l’intelligence artificielle. La technologie rédige les éléments nécessaires au mémo, s’assure de l’inexistence de brevets antérieurs et modifie l’invention pour qu’elle soit brevetable. « Nous accélérons le process. Le chercheur reste plus en puissance dans le process tandis que les équipes traitent plus d’inventions et déposent de meilleurs brevets. »

Cette recherche de facilité, Tamar Gomez estime qu’elle découle en partie de leur expérience réciproque chez Palantir. « Il y a là-bas un véritable attachement à résoudre les problèmes des clients et des utilisateurs. Ça a été notre fil conducteur également. » De leur parcours dans l’entreprise d’édition logicielle spécialisée dans l'analyse et la science des données, elles ne retiennent pas seulement leur rencontre et la capacité du groupe à s’entourer de profils d’entrepreneurs. « La propriété intellectuelle est un processus complexe qui touche à des filières techniques comme la santé ou l’aéronautique. Comme nous avons vu ces secteurs complexes chez Palantir, nous n’avons pas eu peur de nous lancer dans ce type de projet. » Les deux femmes y ont également développé leur compréhension de l’intelligence artificielle et du gain de productivité potentiel dans les opérations des entreprises.

Pour l’heure, Ankar a convaincu certaines entreprises du Fortune 500 comme Valeo d’utiliser son outil. Désormais, grâce à cette récente levée, Ankar entend renforcer son équipe commerciale ainsi que ses effectifs techniques avec des ingénieurs en machine learning et en intelligence artificielle. « Nous avons encore des choses à construire. Nous n’en sommes qu’au début de l’innovation. »