Tribunes par Cécile Morel
10 septembre 2019
10 septembre 2019
Temps de lecture : 5 minutes
5 min
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Et si l’échec était la clé du succès ?

Tout·e entrepreneur·e connait les montagnes russes émotionnelles inhérentes à ce choix de carrière. Comment profiter des hauts et vivre les bas sereinement ?
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Embarquer dans l’aventure entrepreneuriale revient à s’engager sur des montagnes russes émotionnelles. Deux options s’offrent alors à celle ou à celui qui se lance. Soit, la personne décide d’avoir peur pendant tout le tour, soit, au contraire, elle prend plaisir à vivre ces hauts et ces bas, y puisant chaque fois une nouvelle énergie, même si sa prise de risque la conduit dans une impasse. Car au fond, comme le disait Winston Churchill, " la recette du succès, ne serait-ce pas finalement d’aller d’échec en échec sans jamais rien perdre de son enthousiasme ? "

Échouer, c’est déjà commencer à réussir

Dans le dictionnaire, l’échec est défini comme l'état ou la condition qui fait que l'objectif désiré ou prévu n'est pas atteint. En France, nous l’opposons généralement au succès, contrairement aux pays anglo-saxons, où échouer fait pleinement partie de la prise de risque. Aux États-Unis notamment, il s’agit d’un droit et jamais d’une sanction définitive. Considérer l’échec comme une forme d’apprentissage, c’est éviter par la suite de commettre les mêmes erreurs. Pourtant, alors qu’il n’est pas rare d’entendre un parent dire de son enfant qui s’apprête à commettre une bêtise " Laisse-le faire, il le fera une fois, mais ne recommencera pas ", il semblerait qu’à l’âge adulte, l’échec ne soit plus toléré. Pourtant que l’on casse un vase ou que l’on manque la signature d’un contrat, il y a, dans les deux cas, une leçon à en retirer. Envisager l’échec comme une expérience positive est indiscutablement le premier pas vers le succès.

Tous les entrepreneurs qui ont réussi ont d’ailleurs commencé par se tromper, parce qu’ils ont eu cette audace de s’aventurer sur des terrains où personne d’autre qu’eux n’avait osé aller. Ce qui a fait la différence ? Leur faculté à préserver leur enthousiasme, même en cas d’erreur, et à se servir de cette expérience pour repenser leur stratégie ou leur offre.

Entreprendre, c’est courir un marathon à la vitesse d’un sprint

Diriger une entreprise, c’est tenir en permanence un fragile équilibre. Lorsque j’ai obtenu le prix BNP entrepreneur, j’étais à deux doigts de la faillite. Il me fallait à la fois rester en pleine lumière pour espérer trouver une solution, tout en acceptant dans le même temps la perspective de déposer le bilan. Être entrepreneur revient ainsi à passer sans cesse de périodes d’euphorie à des moments de doutes. Nous nous réjouissons lorsque nous signons un nouveau client et nous nous lamentons quand un investisseur refuse de nous renouveler son soutien.

Quoi qu’il en soit, tant que nous sommes dans l’action nous n’échouons jamais : nous apprenons, nous testons, nous ratons et nous recommençons, en mieux. Diriger une start-up revient à courir un marathon à la vitesse d’un sprint. Même si nous souffrons, nous avons l’obligation de continuer à avancer. 

Anticiper l’échec est essentiel

Et si, malgré tous nos efforts, les choses ne se déroulent pas comme prévu, il faut alors anticiper la toute dernière expérience d’une aventure entrepreneuriale : celle de déposer le bilan. Certes, accepter la faillite d’une entreprise dans laquelle on a mis toute son énergie et tous ses espoirs n’a rien d’une partie de plaisir. Mais passer devant un tribunal de commerce est une des options de l’entrepreneur, au même titre que celle de monter sa société. C’est aussi et surtout un devoir qu’a le dirigeant par rapport à ceux qui l’ont suivi et soutenu, en faisant en sorte d’épargner au maximum ses salariés et en laissant, si possible, un minimum de dettes. Le secret ? Être lucide sur sa situation, ne pas attendre le point de non-retour pour prendre des dispositions et vivre pleinement le moment. Alors, les apprentissages seront clés et garants d’une nouvelle philosophie de vie !

Même si ce n’est pas là un moment facile, cette expérience donne l’opportunité de se retrouver réellement face à soi et à son avenir. Tout perdre, c’est revenir à l’essentiel, aux choses qui comptent vraiment. C’est prendre le temps d’analyser et de comprendre les erreurs pour ne plus jamais les commettre.

Une injonction à rebondir

Ce qui est important dans ce genre de situation est de rester très entouré, par sa famille ses amis, mais aussi son conseil d’administration et ses investisseurs. S’ils comprennent que vous avez tout fait pour sauver votre entreprise, alors ils vous accompagneront pour que cette étape se déroule le moins douloureusement possible.

Une fois la société déclarée en faillite, il faut prendre du temps pour se recentrer, pour évacuer ses tensions. Se faire accompagner aussi, par des coachs en développement personnel, par exemple, pour comprendre ce qui s’est passé. Ce temps de " l’après-échec " est celui de l’humilité et de l’apprentissage. Puis vient celui du rebond, lorsqu’il faut repartir, se remettre en mouvement, que ce soit en entreprenant à nouveau ou en rejoignant une entreprise qui saura valoriser et mettre à profit cette expérience.

Dans ce sens, l’échec est une injonction à rebondir, à ne jamais regretter d’avoir osé. Ne prendre aucun risque revient à passer à côté de sa vie. Et cette vérité est valable dans toutes les situations que nous rencontrons au quotidien. C’est aussi cela la vertu de l’échec : nous permettre d’envisager de nouvelles voies, jusqu’à trouver celle qui nous conviendra le mieux.

Cécile Morel est VP Sales chez Cenareo