Si elle est présentée comme un " levier essentiel pour la compétitivité " de l’industrie française, selon le ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance, la 5G peine encore à séduire les industriels. En France, elle a été lancée depuis plus d’un an maintenant, mais ces derniers tardent en effet à l’adopter. 

C’est le constat que dresse un rapport, remis jeudi 3 mars au gouvernement. Ce rapport rappelle que l'utilisation de la 5G dans l'industrie doit être encouragée pour favoriser l'avènement d’ " usines intelligentes ", une " composante essentielle de l'industrie du futur " où la France accuse un retard " structurel " bien qu'en cours de rattrapage depuis 2018. Permettant la maintenance prédictive ou la réalité augmentée, la 5G industrielle doit surtout permettre l'avènement de l'industrie 4.0, soit " le passage à des usines intelligentes, connectées et durables ", souligne Philippe Herbert, l'auteur du rapport demandé en octobre par Bercy.

Une industrie 3.0 encore " très hétérogène "

Titulaire d'un diplôme d'ingénieur en aéronautique, et d'un Mastère spécialisé de HEC, Philippe Herbert a eu quatre mois pour faire des propositions au gouvernement. Après avoir occupé différents postes de direction au sein de Dassault Systèmes entre 1982 et 1996, il a relancé l'implantation française du fonds d'investissement American Partech International devenu Partech. Il est aussi membre fondateur du programme national d’accompagnement d'entreprises en hyper-croissance, le FT120. Il est enfin membre du conseil d'administration du fonds Wilco, qui accompagne les startups.

L’auteur du rapport note que l'étape précédente, l'industrie 3.0, qui portait sur automatisation, robotisation, et numérisation des processus, bien qu’ " engagée depuis de nombreuses années " reste encore " très hétérogène " en France, touchant davantage les grosses entreprises que les TPE et PME.

Du retard sur les autres pays

Après plusieurs mois de concertation, la mission menée par l’ingénieur a constaté que le déploiement d'usages de la 5G dans l'industrie française reste aussi " moins important que dans d'autres pays ", admet Bercy dans un communiqué en estimant que " la dynamique d'expérimentations doit être amplifiée pour éviter de prendre du retard dans les années à venir ".

Parmi les freins identifiés au développement, figurent notamment l'insuffisante disponibilité d'équipements et de services, la difficulté de trouver les bonnes compétences pour déployer la 5G industrielle, ainsi que les interrogations sanitaires, environnementales et sociétales autour de cette technologie.

Dans ce cadre, la ministre de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher et le secrétaire d'Etat chargé de la transition numérique Cédric O ont annoncé le lancement par la France et l'Allemagne d'un nouvel appel à projets conjoint pour faire émerger des projets sur les réseaux privés 5G pour l’industrie d'ici à la mi-juin.