Les fans de musique et de télé-réalité ont «Star Academy», les passionnés d’entrepreneuriat et d’innovation ont «Qui veut être mon associé ?». Cela tombe bien, l’émission qui permet à des Français de tous les horizons de présenter leur projet original devant un jury d’experts, revient ce mercredi soir sur M6.
Devant vos écrans, vous allez retrouver des têtes bien connues de ces dernières saisons, à savoir Kelly Massol (Les Secrets de Loly), Anthony Bourbon (Feed et Blast), Éric Larchevêque (Ledger) et Marc Simoncini (Meetic, Daphni et Angell), mais aussi trois nouvelles têtes qui vont tenter de tenir tête aux visages historiques de l’émission pour arracher les meilleurs deals de cette nouvelle saison. Il s’agit d’Alice Lhabouz, Julian Jacob et Jean-Michel Karam. Maddyness a pu les rencontrer lors de la conférence de presse organisée par M6 en amont de la diffusion de cette nouvelle salve d’épisodes.
Un chronomètre pour obliger les entrepreneurs à pitcher en 1 minute 30
Mais avant d’en venir à la présentation de ces trois membres du jury, penchons sur l’une des principales nouveautés de cette saison : l’introduction d’un chronomètre pour laisser seulement 1 minute 30 de pitch aux candidats. « Cela permet de donner plus de rythme et le chronomètre oblige les candidats à bien synthétiser leurs idées de de départ. Certains vont perdre le fil de leur pensée, d’autres vont être boostés par le fait de respecter le timing. Et de l’autre côté, cela permet au jury comme aux téléspectateurs de mieux comprendre le projet tout de suite », explique Jérémy Henriet, le producteur de l’émission.
Chaque pitch sera ainsi diffusé en intégralité à l’antenne. « Mettre un chrono crée un sentiment de FOMO (peur de rater quelque chose, ndlr) », reconnaît Julian Jacob, l’un des petits nouveaux de la bande.
Julian Jacob : « Nous ne sommes pas au pays des bisounours »
Ce dernier est le fondateur de Wyncor, une startup dans l’industrie des jouets avec une production sans stock. Fondée en 2022, la société est opérationnelle dans 42 pays où elle exporte des millions de jouets vers 15 000 magasins. Pour son baptême du feu, l’entrepreneur ne s’est pas fixé de montant limite pour investir et souhaite plutôt laisser parler son cœur.
« L’enjeu est de transmettre un message sincère à la télévision. L’émission s’appelle ‘Qui veut être mon associé ?’, pas ‘Qui veut être mon banquier ?’. Cela demande une implication totale », assure-t-il. Néanmoins, Julian Jacob a été surpris de la liberté laissée par la production au jury. « Je m’attendais à ce qu’on me donne un script, mais il n’y a pas de mode d’emploi. Nous sommes mis en situation directement et on pose de véritables questions. Nous ne sommes pas au pays des bisounours », observe-t-il.
Alice Lhabouz : « Être entrepreneur, ce n’est pas pédaler plus vite. C’est pédaler tout le temps ! »
A ses côtés, on retrouve Alice Lhabouz. Après avoir fait ses armes à l’Autorité des marchés financiers (AMF), elle a créé en 2011 le fonds d’investissement Trecento Asset Management pour miser sur des entreprises dans des secteurs comme la santé, la technologie et l’intelligence artificielle. 14 ans plus tard, cette société gère 250 millions d’euros d’actifs. « Je suis beaucoup dans l’écoute », estime-t-elle pour décrire son attitude face aux entrepreneurs. «Elle est redoutable. Méfiez-vous de l’eau qui dort !», réplique Julian Jacob.
Avant le coup d’envoi de cette nouvelle saison, Alice Lhabouz a donné sa vision de l’entrepreneuriat : « Être entrepreneur, ce n’est pas pédaler plus vite. C’est pédaler tout le temps ! » Reste désormais à savoir sur quels « cyclistes » elle va miser pour sa première saison dans « Qui veut être mon associé ? ». Durant celle-ci, elle prévoit de consacrer une enveloppe de deux millions d’euros.
Jean-Michel Karam : « L’argent n’a aucune valeur à mes yeux »
Dernier nouveau visage à compléter le casting, Jean-Michel Karam est un investisseur d’origine libanaise. Ce dernier est notamment à la tête de Memscap, entreprise spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de composants destinés à des usages industriels (capteurs de pression pour l’aéronautique et des atténuateurs optiques variables pour les télécommunications par exemple), et de Ieva Group, spécialisé dans les soins cosmétiques sur mesure.
Malgré sa réussite dans les affaires, Jean-Michel Karam n’était pas au mieux avant d’intégrer le jury de l’émission de M6. « Elle est arrivée à une période de ma vie où j’avais moins envie dans ma vie. Dans cette émission, on ne vous impose pas d’être quelqu’un d’autre. Vous pouvez être vous-même. Vous redevez un vrai business angel et vous agissez par alchimie avec la personne en face de vous », raconte-t-il. Avant d’ajouter : « Si vous m’aviez rencontré il y a un an, vous auriez vu l’impact de l’émission. Je bouillonne à nouveau. »
Requinqué par ce tournage, Jean-Michel Karam a pu compter sur sa formation d’ingénieur pour tirer son épingle du jeu face aux autres membres du jury. Il a une approche très rationnelle des choses pour investir, mais il ne se prend pas trop au sérieux pour autant. «Je prends la vie comme un jeu. Dès que j’arrête de jouer, je m’ennuie. Si vous prenez votre travail comme un jeu, peu importe la réussite et l’échec, vous vous amuserez», estime-t-il. Arrivé à l’âge de 20 ans en France, à la fin de la guerre au Liban, Jean-Michel Karam assure que le nombre de zéros sur son compte en banque n’est pas une priorité à ses yeux. « L’argent n’a aucune valeur à mes yeux. C’est une unité de mesure pour dire si on joue la Champions League ou non. »
Anthony Bourbon : « Je veux être milliardaire et c’est une forme de revanche »
Cette manière de penser est partagée par Anthony Bourbon, personnage détonnant de ces dernières saisons qui n’hésite pas à faire des coups de bluff pour convaincre les entrepreneurs qui lui plaisent de le choisir. « Je vis assez simplement, mais l’argent est une unité de mesure dans un monde capitaliste. Je veux être milliardaire et c’est une forme de revanche », lance celui qui est un adepte des punchlines dans l’émission et les nombreux podcasts auxquels il participe. « On gagne de la maturité et des cheveux blancs au fil des saisons. Je suis arrivé de manière assez intense dans l’émission », s’amuse-t-il.
Si l’entrepreneur au ton décapant aime faire le show dans « Qui veut être mon associé ? », il n’en oublie pas pour autant qu’il investit son argent personnel. Anthony Bourbon s’est donc entouré en conséquence à mesure que son activité d’investisseur montait en puissance. « J’ai 35 personnes qui m’aident pour investir. Des analystes me font une débriefing mensuel de tout ce qui s’est passé dans le monde en matière d’investissements. Si on voit un gros VC se positionner sur une entreprise, ça peut être un gros signal. Dans le private equity, il faut avoir les informations en amont », souligne-t-il.
Jérémy Henriet : « Le programme est la face émergée de l’iceberg »
Concernant ses investissements dans l’émission, il explique son approche. « J’ai investi dans une vingtaine d’entreprises depuis le début de l’émission. J’accompagne les entrepreneurs personnellement et je délègue. J’ai des experts sectoriels (biotech, retail, spatial…) pour les accompagner dans l’opérationnel. Quant à moi, je suis un coach qui les aide via WhatsApp, mais sur des questions qui touchent plutôt au perso. Les entrepreneurs ont vraiment besoin d’aide sur les 6 ou 8 mois qui suivent leur passage dans l’émission. Après ils sont sur les rails », assure le fondateur de Feed et Blast.
« Anthony connaît toujours le secteur d’activité des entrepreneurs, il a toujours un coup d’avance », observe Jérémy Henriet. Plus globalement, le producteur reconnaît que l’exercice n’est pas facile pour les membres du jury : « Ils font des investissements dans plusieurs entreprises. S’ils ne sont pas staffés derrière, c’est compliqué. Le programme est la face émergée de l’iceberg. »
Kelly Massol : « L’equity story est hyper importante »
C’est avec cette donnée en tête que les membres du jury vont devoir prendre plus ou moins des risques pour cette nouvelle saison. Pour celle-ci, la production s’est montrée plus exigeante dans sa sélection. « Nous avons décidé de proposer des projets qui étaient rentables ou quasiment rentables. Aujourd’hui, les investisseurs attendent une rentabilité », note Jérémy Henriet.
« Pendant des années, des gens ont levé sur un PowerPoint. Ils avaient l’impression que l’argent était gratuit. Le modèle d’une startup sans rentabilité au bout de trois ou quatre ans, ce n’est pas possible. Le but d’une entreprise est d’être rentable », rappelle Kelly Massol, créatrice de la marque de soins capillaires « Les secrets de Loly ». Et de conclure : « Il faut que j’achète au bon prix, car l’equity story est hyper importante. »
Réponse dans les épisodes de cette nouvelle saison pour voir si cette approche rationnelle a été respectée ou si quelques coups de folie ont été tentés par les membres du jury.