Il n’y a pas que le CES et VivaTech sur la planète tech. Moins connu en Europe, le Computex de Taïwan est pourtant un rendez-vous incontournable de l’année avec son focus sur le hardware. Sur un territoire qui brille par son écrasante domination sur le marché des semi-conducteurs, la force d’attraction de Taipei pour le Computex ne s’en retrouve que plus décuplée. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard s’il y avait encore plus de visiteurs internationaux cette année, et venant bien au-delà de l’Asie.

Sous la moiteur tropicale de Taipei, nous avons donc passé une semaine dans la sphère hardware taïwanaise. Et bien évidemment, il était encore et toujours question d’intelligence artificielle. Mais les poids lourds présents, à savoir Nvidia notamment, pensent déjà à la prochaine étape de la révolution de l’IA. D’où le slogan de cette édition 2025 du Computex : «AI Next».

Un rendez-vous pour imaginer la prochaine étape de la révolution de l’IA

A peine le voyage en avion de 14h (!) digéré et une petite nuit de sommeil pour être d’attaque sur le salon taïwanais, le ton était donné par les dirigeants de Taitra et de la Taipei Computer Association, les deux structures qui organisent le Computex. A leurs yeux, aucun doute : «Aujourd’hui, le monde est à un point de bascule historique avec l’IA.» Difficile de les contredire, la révolution de l’IA est enclenchée et n’en est qu’à ses prémices. Mais au Computex, il y avait surtout l’envie d’apporter du concret pour amorcer la prochaine étape de l’IA. Et dans les allées, la tendance est claire : ce sera la robotique ! Et la vague de robots humanoïdes pourrait bien déferler plus vite qu’on ne le pense… Du moins, par rapport à notre point de vue d’Européens.

Prophète en son pays, Jensen Huang, le patron de Nvidia, ne dit d’ailleurs pas autre chose. «La prochaine étape, c’est l’IA physique qui sera la base de la révolution robotique. Les robots ouvrent la voie à la prochaine industrie à 1 000 milliards de dollars. L’IA et la robotique vont transformer tout ce que nous faisons», a-t-il ainsi confirmé lors de sa keynote au Taipei Music Center. Étant donné comment le dirigeant du groupe américain avait anticipé la vague de l’IA générative, ce qui a permis de faire bondir la valorisation de Nvidia, nous serions bien tentés de l’écouter avec attention… Cela tombe bien, Jensen Huang viendra à Paris dans moins de trois semaines pour exposer sa vision lors d’une keynote qu’il donnera à VivaTech !

Sinon, le Computex est l’occasion de voir du hardware sous toutes ces coutures. Il y a bien sûr des CPU et GPU toujours plus performants, des PC tous plus farfelus les uns que les autres (certains permettent de servir des jus quand d’autres prennent l’apparence d’un vaisseau spatial ou d’un tank) et des produits innovants, à l’image de cette canne connectée pour les personnes âgées qui alerte les secours en cas de chute et permet de passer des appels ou encore de lire ses mails.

Des Frenchies et des dirigeants en mode incognito

Si le TaiNEX 1, le principal hall d’exposition du Nangang Exhibition Center, était surtout réservé aux mastodontes comme Acer, ASUS, Pegatron, Gigabyte ou MediaTek, le TaiNEX 2 abritait l’InnoVEX, la partie du salon dédiée aux startups. Cette dernière fêtait son 10e anniversaire et 450 jeunes pousses étaient de la partie pour l’occasion. Parmi elles, cinq étaient françaises : AMI (Advanced Magnetic Interaction), Dracula Technologies, Iten, Music Unit et Nanomade.

C’est l’occasion pour ces sociétés, emmenées par Business France, de trouver des partenaires clés en Asie, surtout à Taïwan. Ces dernières peuvent d’ailleurs parfois avoir de belles surprises. De manière anonyme, certains poids lourds de grands groupes mondiaux comme Nvidia, Microsoft et Logitech se baladent dans les allées pour aller la rencontre de ces jeunes pousses. «Il arrive que l’on parle 10 minutes à quelqu’un sans savoir qui c’est. Et à la fin quand il nous donne sa carte, c’est une sacrée surprise !», nous a confié l’un des exposants français.

Renforcer les liens entre la France et Taïwan

Plus globalement, la présence d’un pavillon tricolore représente une opportunité pour renforcer les liens entre l’Hexagone et Taïwan. Dans ce cadre, les députés Guillaume Kasbarian de l’EPR (Ensemble pour la République), membre du groupe d’amitié France-Taïwan de l’Assemblée nationale, Estelle Youssouffa du groupe LIOT à Mayotte (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires), Corentin Le Fur de la DR (Droite républicaine) et Paul Midy de l’EPR ont d’ailleurs passé la semaine à Taïwan. «C’est l'endroit idéal pour les startups françaises en quête d'une compétence hardware», a notamment déclaré Paul Midy auprès de Maddyness.

Dans le cadre de leur visite, les députes ont pris part à la French Tech Night, organisée au cœur de la Taiwan Tech Arena, un «mini-Station F» local lancé en 2018 par le gouvernement taïwanais pour faire émerger des jeunes pousses et favoriser la coopération avec les écosystèmes tech du monde entier. A noter que le Computex s’est déroulé au lendemain du sommet Choose France à Versailles, durant lequel le groupe taïwanais Foxconn a accepté d’initier des discussions avec Thales et Radiall pour mettre sur pied une usine de production et de test de composants électroniques dans le cadre d’un investissement qui pourrait dépasser les 250 millions d’euros.

QR codes, side-events et ping-pong

Le Computex, c’est aussi une flopée de QR codes à scanner dans tous les sens sur le salon pour jouer à des roues de la fortune et récupérer des goodies, et des mannequins qui tentent de capter l’attention des plus de 86 000 visiteurs de cette édition 2025. En parallèle du salon, il y a eu également de nombreux side-events qui ont lieu tout au long de la semaine. Le magazine américain Wired en a d’ailleurs profité pour organiser une soirée visant à renforcer son ancrage en Asie en misant sur Taïwan.

Et puis le Comptex représente une occasion de profiter de l’effervescence de Taipei, une ville qui oscille entre tradition et modernité. Ce mélange est parfois déstabilisant mais finit par renforcer le charme de cette métropole tentaculaire à l’arrivée. Une ville où il est possible de jouer au ping-pong dans le métro… A quand des tables de tennis de table dans le métro parisien ?