Fondée il y a sept ans, La Fourche s’est imposée comme un acteur singulier dans le paysage du bio, marqué par un ralentissement de la consommation et un désengagement institutionnel. Le supermarché bio en ligne vient d’annoncer une levée de fonds de 31,5 millions d’euros, co-menée par Bpifrance, via son fonds Bpifrance Large Venture, et Astanor, aux côtés de certains investisseurs historiques. La startup avait déjà bouclé une série B de 24 millions d’euros début 2024. Objectif : consolider son modèle et atteindre la rentabilité d’ici la fin 2025.

Un modèle contre-cyclique qui séduit les investisseurs

Alors que nombre de startups peinent à convaincre dans un marché du financement en berne, La Fourche affiche des résultats en forte croissance : +36 % depuis le début de l’année, après +43 % en 2023 et +76 % en 2022. « Dans un paysage startup plutôt sombre, nous avons des KPI solides et une trajectoire claire vers la rentabilité. Cela a rendu notre dossier attractif, malgré les exigences accrues des investisseurs », souligne Lucas Lefebvre, cofondateur et CMO de La Fourche.

Le modèle, basé sur une adhésion annuelle à 59 euros, permet aux membres d’accéder à des prix jusqu’à 50 % inférieurs à ceux du marché, tout en assurant à l’entreprise une communauté fidèle de plus de 150 000 adhérents. « Nous échangeons la fidélité contre du pouvoir d’achat. Ce système nous libère en partie de la “taxe” du marketing digital qui pèse habituellement 20 % du prix des produits. Ces économies, nous les répercutons directement auprès des consommateurs », ajoute Lucas Lefebvre.

Automatisation et internationalisation en ligne de mire

Les fonds levés permettront d’accélérer la mécanisation de l’entrepôt et d’optimiser la logistique. Une deuxième phase d’automatisation va être lancée, notamment sur le “packing”, afin de réduire les erreurs et gagner en productivité. La Fourche prévoit aussi de renforcer son réseau de transporteurs en développant des outils internes de suivi et de pilotage des performances, pour homogénéiser la qualité du service sur l’ensemble du territoire.

L’expérience utilisateur reste au cœur de la stratégie. « Nos clients commandent en moyenne une fois par mois. Il faut que l’expérience soit irréprochable, de la préparation du colis au suivi de livraison », insiste Lucas Lefebvre.

Sur le plan international, l’entreprise poursuit son développement organique. Après avoir créé sa filiale allemande Ackerherz il y a trois ans, elle a ouvert l’Autriche et envisage la Suisse comme prochain marché. « Nous avons recréé un catalogue local avec des producteurs allemands et un nom adapté, afin de respecter la culture alimentaire et favoriser les circuits courts », explique le dirigeant.

Une mission sociale et solidaire

Certifiée B Corp depuis 2022, La Fourche franchit une nouvelle étape en adoptant le statut de société à mission, autour d’une raison d’être : « démocratiser un quotidien durable ». L’entreprise s’appuie sur deux piliers : une offre pensée pour l’économie (vrac, gros formats, marque propre) et un modèle d’adhésion solidaire. Les foyers en difficulté – bénéficiaires du RSA, chômeurs ou étudiants boursiers – peuvent obtenir une adhésion gratuite.

« Nous savons que la plupart des Français aimeraient consommer bio mais en sont empêchés par les prix. Notre ambition est de lever cette barrière économique et de démocratiser l’accès au bio », résume Lucas Lefebvre.

Avec un chiffre d’affaires qui devrait dépasser les 100 millions d’euros en 2025 et une rentabilité visée dès la fin de l’année, La Fourche entend prouver que croissance, impact social et exigence environnementale peuvent aller de pair.