La parité est encore très lointaine dans la tech européenne et la perspective n’est guère plus optimiste avec l’intelligence artificielle. C’est ce qui ressort de la 6e édition du baromètre réalisé par Sista et BCG pour mesurer la progression de la place des femmes dans l’entrepreneuriat tech européen (France, Royaume-Uni, Allemagne, Espagne et Suède).
Malgré plusieurs initiatives lancées pour féminiser davantage la tech du Vieux Continent, le constat reste toujours accablant en 2025 : seulement 10 % des startups sont fondées par des équipes 100 % féminines et celles-ci ne captent que 2 % des fonds levés. C’est un peu mieux en ce qui concerne les équipes mixtes, qui représentent 9 % des créations de jeunes pousses dans les cinq pays étudiés et 13 % des montants récoltés. Au total, les startups fondées par des équipes féminines et mixtes ne représentent que 19 % du nombre total de jeunes pousses créées à l’échelle européenne, soit quasiment le même niveau qu’en 2022.
Si la parité est donc encore loin d’être atteinte dans la tech européenne, l’Espagne fait la course en tête en matière de diversité des genres, et dépasse même le Royaume-Uni en cette année 2025. La France, un peu plus en retrait, fait néanmoins mieux que l’Allemagne et la Suède. Dans l’Hexagone, 9 % des startups sont fondées uniquement par des femmes. Malheureusement, ces équipes 100 % féminines ne captent que 1 % des fonds levés dans la French Tech. C’est le pire score parmi les cinq pays analysés. Plus globalement, les startups fondées uniquement par des femmes lèvent 4 fois moins que les hommes en France en 2025.
Objectif quasiment rempli pour la charte de Sista
Dans ce tableau pas franchement réjouissant, il existe tout de même une éclaircie. La bonne nouvelle vient directement de la charte initiée par le collectif Sista, qui œuvre pour réduire l’écart de financement entre les hommes et les femmes entrepreneures. En effet, la promesse de départ en 2019 a été tenue avec 25 % de startups fondées ou cofondées par des femmes au sein des portefeuilles des fonds d'investissement signataires.
Si le contrat est quasiment rempli (24 %), Alexia Reiss, directrice déléguée de Sista, est consciente qu’il faudra faire encore davantage pour faire progresser la parité dans la French Tech. «Ce résultat marque une étape importante, portée par la progression du nombre de fondatrices, par une plus grande parité dans les équipes mixtes et par une prise de conscience des investisseurs. Pour autant, les chiffres montrent qu’il reste encore du chemin à parcourir, notamment au niveau des montants d'investissements de ces startups qui restent bien en deçà des objectifs fixés», observe-t-elle.
L’IA aggrave le manque de parité
Pour Sista, l’objectif est désormais d’atteindre les 30 % de startups fondées ou cofondées par des femmes au sein des portefeuilles des fonds d'investissement signataires à l’horizon 2030. D’ici là, le collectif espère que les montants levés par les équipes féminines vont grimper. Et pour cause, le chantier est immense : 95 % des startups européennes fondées uniquement par des femmes lèvent moins de 15 millions d’euros. Dépasser la barre des 50 millions d’euros pour un tour de table relève quasiment de la mission impossible.
Ce n’est pas l’IA qui va arranger les choses, puisque la part d’équipes exclusivement féminines parmi les fondateurs de startups européennes dédiées à l’IA est encore plus faible (6 %) par rapport à l’ensemble de l’écosystème, pour uniquement 5 % des opérations de levées de fonds et moins d’1 % des volumes de financement. En France, ce sont même seulement 3 % des startups tricolores de l’IA qui sont fondées uniquement par des femmes. Un pourcentage qui monte à 19 % pour les équipes mixtes. «L’IA est aujourd’hui l’un des leviers d’innovation les plus puissants et disruptifs, et les prochaines grandes levées de fonds se joueront indéniablement dans ce secteur. Pourtant, les femmes y restent nettement sous-représentées, confrontées à un double obstacle : franchir le pas de la création, puis accéder aux financements», souligne Sanae Aouni, directrice associée au BCG. Reste désormais à voir si la situation s’améliorera ou non lors de l’année 2026.