EuraTechnologies est à nouveau dans la tourmente. En effet, la gouvernance de l’incubateur lillois est encore une fois sous le feu des projecteurs. Et pour cause, la présidente du directoire, Koussée Vaneecke, a été révoquée par le conseil de surveillance, révèle La Voix du Nord. Une décision avec effet immédiat. Elle aura tenu la barre d’EuraTechnologies pendant trois ans.
Malgré ce coup de théâtre, Koussée Vaneecke part avec le sentiment du devoir accompli. Dans un message adressé en interne et consulté par le quotidien nordiste, elle souligne que 759 projets et startups ont été soutenus entre 2022 et 2024, «soit une croissance de 40 % par rapport à la période pré-Covid», et que le résultat opérationnel en 2025 «sera le meilleur que l’entreprise ait connu depuis quatre ans avec un retour à l’équilibre dès l’année prochaine».
Koussée Vaneecke avait succédé à Nicolas Brien
Sur le papier, tout va bien donc. Mais l’appétit de la dirigeante pour la communication faisait visiblement grincer quelques dents en interne. Il faut dire que Koussée Vaneecke dispose d’une riche carrière dans le marketing, marquée par des passages dans des grands groupes comme Danone, Pernod Richard ou encore Comexposium. Elle s’était également lancée dans l’entrepreneuriat en créant la startup SolutionAppart. Koussée Vaneecke avait débarqué au sein de l’incubateur lillois en 2022 en tant que directrice générale.
Déjà, la structure, présentée comme le «joyau» de l’écosystème numérique du nord de la France, traversait une période de fortes turbulences. En effet, Koussée Vaneecke a succédé à Nicolas Brien, qui avait été nommé en juillet 2021 à la tête du réacteur de l’écosystème numérique lillois, dans un contexte chaotique. Et pour cause, les méthodes managériales de l’ancien directeur général de France Digitale ne passaient pas du tout en interne, certains salariés décrivant sous couvert d’anonymat un «climat de peur» et une «politique de la terreur». L’atmosphère était devenue si lourde dans les murs de la structure nordiste que Martine Aubry, alors présidente du conseil de surveillance, avait convoqué une réunion extraordinaire pour lancer une procédure de révocation à l’endroit du jeune président du directoire.
L’impossible succession de Raouti Chehi
Passé par le Sénat américain, la finance et le Parti Socialiste, Nicolas Brien n’avait ainsi passé qu’une petite année à la tête d’EuraTechnologies. Tout juste le temps nécessaire pour conduire une levée de fonds de 24 millions d’euros avec la famille Mulliez (Auchan, Decathlon, Leroy Merlin…). Après cet éphémère mandat très décrié, c’est donc Koussée Vaneecke qui avait pris la relève en septembre 2022, d’abord de manière temporaire avant d’être confortée dans ses nouvelles fonctions par le conseil de surveillance. Mais ce dernier a finalement tranché dans le vif à l’entame de l’été pour la révoquer de manière soudaine comme Nicolas Brien.
Décidément, succéder à Raouti Chehi, le premier directeur général d’EuraTechnologies qui sera resté en poste de la création de l’incubateur lillois en 2009 jusqu’en 2021, semble bien compliqué. Après quatre années agitées, le conseil de surveillance sera attendu au tournant pour ramener de la stabilité au sein du fer de lance de la «Ch’tilicon Valley». Ce dernier a été remanié en avril dernier suite à la démission de Martine Aubry, ancienne maire de Lille qui le présidait. Elle a été remplacée par Michel Colin, vice-président de la Métropole européenne de Lille qui siège au conseil de surveillance d’EuraTechnologies depuis 2017. Charge à lui et aux autres membres du conseil de trouver le bon profil pour ramener du calme dans le «Station F» du nord de la France.