1,6 milliard d’euros pour la Français Eurazeo, 2,9 milliards de dollars pour l’Américain Index : la Tech européenne devrait bientôt voir ces milliards ruisseler sur elle. Eurazero, qui a déjà Doctolib, ManoMano ou Back Market dans sa besace, devrait continuer dans cette voie, en ciblant les scaleups de la santé, de la fintech et du SaaS.
De son côté, Index se structure autour de deux véhicules d’investissement, l’un dédié aux séries A et B et l’autre aux tours de late stage, comme il l’a déjà fait avec Alan – en plus d’un premier fonds d’amorçage bouclé en avril. Il se concentrera sur cinq axes : les marketplaces, les marques de grande consommation, les logiciels d’entreprise mais aussi, comme Eurazeo, le SaaS et la fintech. De quoi promettre quelques passes d’armes pour décrocher les scaleups les plus convoitées.
La bataille fait rage entre les deux continents pour parvenir d’un côté à faire émerger et garder des licornes sur le territoire continental et de l’autre à cibler et encourager les pépites du Vieux continent à devenir américaines. En levant le fonds Tech le plus important d’Europe, Eurazeo espère bien réussir le pari de la croissance locale des scaleups européennes, conscient que cela ne lui incombe pas seul. Ainsi, auprès de nos confrères des Échos, la présidente du directoire d’Eurazeo Virginie Morgon a-t-elle plaidé pour que d’ici à trois ans, « il faut qu’il y ait sur le marché trois ou quatre fonds européens capables d’investir dans des sociétés valorisées plus de 5 milliards d’euros, et une dizaine d’autres qui se positionnent sur les entreprises de croissance de plus de 1 milliard ».
Garder les licornes en Europe
Alors qu’Emmanuel Macron a fixé il y a deux ans l’objectif pour la Tech tricolore de faire émerger 25 licornes d’ici 2025, Virginie Morgon estime que ce jalon est déjà « dépassé ». « Il faut amener les entreprises à 5 milliards de valorisation, puis au double. C’est aussi un enjeu de souveraineté pour conserver leur ancrage en Europe. » En effet, avant même de devenir des licornes, les entreprises françaises – mais aussi européennes – sont souvent obligées pour se développer de chercher des capitaux outre-Atlantique ; certains se tournent également vers des investisseurs ou des corporates asiatiques. Or, ces partenaires financiers exigent le plus souvent que le siège de l’entreprise soit alors relocalisé dans leur pays, à l’instar d’Algolia par exemple.